Le projet Huttopia soulève des questions à La Malbaie

Par Emelie Bernier 11:02 PM - 27 mai 2024 Initiative de journalisme local
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Le maire de La Malbaie Michel Couturier, Raymond Desjardins, de Huttopia, et Florian Fusaro, également de Huttopia, lors de la présentation publique du projet le 27 mai dernier. Archives

Une quarantaine de personnes ont assisté lundi soir (27 mai) à la présentation du projet Huttopia dont la construction est prévue dans le secteur du Mont Grand-Fonds à La Malbaie. La gestion des eaux usées, l’approvisionnement en eau potable, la compétition avec les autres entreprises d’hébergement de type “glamping”, la circulation et le bruit sont au nombre des inquiétudes soulevées.

Florian Fusaro et Raymond Desjardins, représentants de Huttopia, ont d’abord fait une présentation sommaire du projet, puis ils ont tenté d’apaiser une à une les craintes soulevées par l’assemblée composée d’une majorité de résidents du secteur.

Sur les questions concernant la gestion des eaux usées et les divers impacts sur l’environnement, Raymond Desjardins, biologiste de formation et ex-PDG de la Sépaq, s’est fait rassurant.

« Je travaille partout dans le monde et au Québec, c’est parmi les normes environnementales les plus sévères au monde et c’est tant mieux. On a aucun intérêt à faire un projet qui amènerait une source de pollution, ça n’a pas de sens! », a argué Raymond Desjardins.

La question du trafic turlupine plusieurs résidents du secteur. On estime qu’une centaine de voitures pourraient se rendre quotidiennement sur le site. Le concept de Huttopia les incite d’ailleurs à visiter d’autres attraits régionaux durant leur séjour, augmentant d’autant la circulation.

“En ce qui concerne le va-et-vient, on ne peut pas faire grand-chose là-dessus. C’est une crainte, c’est sûr, mais au bout de 2 ou 3 ans le voisinage adhère au projet”, a affirmé M. Fusaro.

Quelques entrepreneurs touristiques ont tenu à assister à la rencontre.

« Vous faites quoi de toutes les entreprises qui ont parti leur projet, les entreprises d’hébergement insolite qui ne sont pas nécessairement louées à pleine capacité présentement, à Sainte-Agnès, aux Éboulements, à Grand-Fonds,  vous faites quoi de toutes ces entreprises-là? », a questionné l’entrepreneure Tiger Perry, propriétaire du Domaine à Ciel ouvert qui propose des hébergements insolites en nature. « Je ne trouve pas que c’est trooper de faire un projet de cette ampleur dans notre coin », a-t-elle renchéri, évoquant la fermeture de plus petits joueurs comme son entreprise.

Les représentants de Huttopia ont, encore une fois, tenté de relativiser. “On pense que ce projet peut rajouter une corde de plus à notre arc dans la région, venir en accentuer l’attrait. On a des outils de commercialisation un peu partout. On en divise pas la tarte, on vient l’agrandir », a soutenu M. Desjardins.

Jean-Olivier Porter réside à un jet de pierre du futur site. Il questionne la façon de faire de la Ville dans le dossier. « À la séance du 11 décembre 2023, on a entendu parler du projet pour la première fois et le maire Michel Couturier a expliqué que l’acceptabilité sociale est importante pour que le projet aille de l’avant. C’est quoi, l’acceptabilité sociale? Lui-même a dit qu’aucun projet ne fait l’unanimité… Ce qu’on déplore, c’est le manque de transparence! »

M. Porter a évoqué la création d’un comité de suivi citoyen, une idée qui a été plutôt bien reçue par MM Desjardins et Fusaro et Couturier. Ce dernier a admis que la communication n’avait pas été optimale en premier temps.

“Oui, au début, on aurait pu faire mieux, mais il y a plein de projets en développement dont on ne parle pas trop, pour des questions de confidentialité, notamment. Mais ce soir on fait une séance d’information et on va aller plus loin, on va suivre le projet avec des gens du territoire”, a affirmé le maire.

Ce dernier a rappelé que les terres concernées par la transaction ont été acquises à des fins de développement récréatif il y a  50 ans.

«Ça a peut -être pris 50 ans avant que ça lève, mais dans nos schémas d’aménagement, dans nos lignes directrices, ça a toujours été prévu pour ça», a commenté le maire.

Florian Fusaro, directeur régional chez Huttopia Amérique du Nord, et Raymond Desjardins, ex-président directeur général de la SEPAQ et consultant pour Huttopia, ont présenté le projet de Huttopia de la Malbaie.

Une entente de gré à gré lie les deux parties, entièrement légale aux dires du maire Couturier.

« Pourquoi on a fait une entente de gré à gré? Quand un joueur sérieux comme Huttopia arrive et cogne à la porte chez nous, des gens bien élevés qui font de beaux projets ailleurs, un élu comme moi qui a à cœur le développement d’une station touristique comme le Mont Grand-Fonds ne peut pas refuser de travailler avec ces gens-là», a justifié Michel Couturier.

Des citoyens de La Malbaie et du secteur Grand-Fonds, de même que des représentants de certaines entreprises d’hébergement de type glamping comme DACO (le Domaine à ciel ouvert) ou Territoire Charlevoix, ont assisté à la séance d’information.

Seule d’importantes contraintes techniques pourraient faire achopper la vente du terrain de 25 hectares, dont le coût a été fixé à 150 000$. «On a convenu d’une acquisition parce que c’est plus simple. La Ville a fixé un prix, on ne l’a pas négocié. Dans le contrat, on a mis une clause de vérification diligente, dans laquelle on est toujours, on va jusqu’à l’obtention des permis est ensuite on concluera la vente», indique M. Desjardins, confiant.

Des tests ont démontré que l’eau potable est présente en quantité « amplement suffisante » pour répondre à la demande évaluée à environ 100 litres par campeur par jour. Un puits a d’ailleurs été foré.

Une seule phase est prévue. « Il n’y aura pas de 2e phase parce qu’il y a des contraintes sur le terrain, on vient utiliser ce qui est utilisable », a précisé Raymond Desjardins.

Si les choses vont rondement, les premiers chalets pourraient être accessibles dès l’hiver 2025-2026, mais la majorité du déploiement du projet Huttopia dans Charlevoix est prévue en 2026.

Le projet en bref

105 unités d’hébergement (tentes et chalets)

12 hectares de développement sur un total de 25 hectares

Une piscine

Un « centre de vie », incluant une aire de restauration

De l’hébergement pour une douzaine de travailleurs

Un spa forestier

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