Regroupement en incendie nécessaire, répète une association

Par Dave Kidd 12:53 PM - 16 mai 2024
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Jean Bartolo et Jean Melançon de l’Association des gestionnaires en sécurité incendie et civile du Québec.

L’Association des gestionnaires en sécurité incendie et civile du Québec (AGSICQ) a profité de son passage devant la coroner Me André Kronstöm pour réitérer qu’il est nécessaire de procéder à des regroupements de services sécurité incendie.

« Il y a 428 services incendies qui desservent des municipalités de moins de 5 000 habitants. Il faut mettre en commun les ressources. C’est difficile à faire. Mais là où c’est possible, il faut le faire. Il y a plein de façons de le faire. Le statu quo n’est plus acceptable », ont plaidé Jean Bartolo et Jean Melançon, coprésidents de l’association.

« Il y a 610 services sécurité incendie pour couvrir 1 100 municipalités alors que 30 corps de police couvrent le Québec », a ajouté Jean Melançon. « La gestion commune ou des regroupements permet une meilleure gestion et de placer des brigades spécialisées. Le regroupement comble aussi les périodes de garde durant lesquelles le nombre de pompiers disponibles est réduit », dit-il aussi.

« Le regroupement est la voie de l’avenir », a déclaré Jean Bartolo, alors interrogé par Me François Bilodeau de la CNESSST. « Plusieurs scénarios sont possibles comme la formation d’une régie, une entente ou encore une délégation. Le regroupement peut aider à recruter des pompiers partout », dit-il.

Ce sont les municipalités qui ont le dernier mot en matière d’incendie, mais « les orientations gouvernementales s’en vont vers là. Ça part de la volonté politique municipale », a répondu Jean Bartolo en réponse à la question de la coroner qui voulait savoir comment faire pour regrouper.

Le recrutement des pompiers est un des enjeux qui militent en faveur des regroupements. « C’est un problème sans équivoque. 400 gestionnaires de services ont répondu à 80 % que l’embauche sera difficile. 94 % en régions éloignées ont dit que ce sera très difficile. Plus la ville est petite, plus c’est dur », ont dit les coprésidents.

Ils ont rappelé que l’objectif est de « bien desservir les populations » et qu’il est important de se préparer en amont pour les questions de sécurité civile. « La prévention et la préparation sont les clés de la réussite en intervention. C’est important que les pompiers connaissent bien le plan. Les risques, l’équipement et la formation sont les bases pour bien réussir l’intervention », a expliqué Jean Melançon.

Il a aussi mentionné que les ententes intermunicipales ne sont souvent pas signées avec des services plus éloignés. « C’est mieux de le faire longtemps. Ce n’est pas quand l’événement arrive que c’est le temps de le faire », poursuit-il.

Le cadre nautique du ministère de la Sécurité publique devrait être annoncé en juin. « On y est favorable. Il encadrera les bonnes pratiques en termes de formation, des habilités de nage et l’équipement. C’est essentiel que les pompiers qui interviennent près des cours d’eau puissent se sauver eux-mêmes », dit Bartolo.

Il y a différents types d’interventions, que ce soit sur des lacs, des rivières ou en mer. Le cadre va définir ce que ça prend pour faire partie de ces équipes-là », continue-t-il.

Dans leurs recommandations, ils ont aussi plaidé pour une uniformisation de la formation et de voir le financement de Québec être augmenté. L’AGSICQ pense qu’il faut aussi augmenter le nombre de gestionnaires à temps complet.

L’association réclame finalement une réforme de la Loi sur la sécurité incendie qui n’a pas changé depuis 25 ans.

Dans un échange avec la coroner, les deux coprésidents ont admis « que la culture de vouloir sauver des gens est toujours présente. Un pompier aura toujours une forte propension à intervenir. On prend des décisions sur des fractions de seconde » a dit Jean Melançon. « Comment faire pour lui faire perdre de son importance? », demande la coroner. « La formation est la clé. On passe les messages avec le syndicat. Mais on n’est pas encore rendu à la non-intervention », ont-ils indiqué en ajoutant que c’est encore plus difficile dans les milieux où tout le monde se connait.

Présentant un cas fictif impliquant un enfant dans un plan d’eau, l’avocate de la municipalité voulait savoir s’il ne serait pas plus simple de demander que tous les pompiers du Québec possèdent des habilités de nage. « Oui », ont admis les coprésidents de l’AGSICQ.

Marc-André Pâlin, directeur général de l’Association des directeurs municipaux du Québec.

14 heures par année. C’est le nombre d’heures moyen qu’un directeur général d’une municipalité consacre à la sécurité civile. Ce secteur en fait un des « oubliés », a témoigné le directeur général de l’Association des directeurs municipaux du Québec (ADMQ) à l’enquête publique du coroner sur le décès des deux pompiers de Saint-Urbain.

Marc-André Pâlin a cité des études et sondages pour soutenir sa recommandation de « préciser dans la loi sur la sécurité civile le rôle de coordonnateur des mesures d’urgence qui sera désigné par le conseil municipal. Il faut clarifier les rôles et responsabilités. Actuellement, il y a un flou. L’encadrement légal est déficient », dit-il.

La tâche de directeur général est colossale. Pour réaliser ses obligations légales et règlementaires, un dg de municipalité aurait besoin de travailler 57 heures par semaine pendant 49 semaines. L’étude menée par des chercheurs de l’UQAM révèle que 10 heures de travail de plus se sont ajoutées entre 1994 et 2021. Il a aussi précisé que 47 projets de loi et 68 règlements se sont ajoutés entre 2015 et 2023.

Il suggère aussi que Québec rende obligatoire une formation pour les nouveaux coordonnateurs municipaux des mesures d’urgence dans les six premiers mois de son embauche. « On est rendu-là », dit le DG de l’ADMQ. La formation pourrait se tenir sur une période de trois jours à une semaine.

L’avocate de Saint-Urbain a demandé si cette formation ne pourrait pas être suivie avant l’embauche. Une formation sans expérience ne donnerait pas un meilleur résultat, a dit Marc-André Pâlin.

À un questionnaire, 66 % des répondants ont dit être « peu confortables » et n’avoir « aucune idée » avec la fonction de coordonnateur municipal en sécurité civile.

140 membres de l’ADMQ ont suivi pour une première fois la formation de coordonnateur municipal en sécurité civile. « Le rôle était expliqué avec un survol du plan de sécurité, la réponse aux sinistres et les liaisons avec les autorités. L’objectif est de l’offrir deux fois par année. C’est le nerf de la guerre, cette formation », dit Marc-André Pâlin.

Dans sa déclaration d’ouverture, Me Andrée Kronström a indiqué que « même si on est beaucoup dans la théorie cette semaine, on n’oublie pas que des familles, une municipalité et une collectivité sont endeuillées. Ça prend un lien solide entre le terrain, les municipalités et le gouvernement. Le rapport ne contiendra pas de surprise. Vous savez où je m’en vais », a-t-elle dit.

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