Genévrier : le choc s’atténue

Par Dave Kidd 5:00 AM - 1 mai 2024
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Photo archives

Le choc qui a frappé la famille Labbé a été proportionnel à la catastrophe qui a détruit leur camping. Un an plus tard, on ne peut pas parler d’un retour à la normale. Un Genévrier 2.0 est dans les plans puisque le site ne sera plus jamais ce qu’il était.

« Les émotions embarquent quand il est question de ce que tu as bâti depuis 50 ans. Je me souviens t’avoir dit que le Genévrier était détruit. C’est comme ça qu’on se sentait. Ça a prit des mois avant de changer d’humeur et d’émotions face à ça et de voir du positif en avant », se rappelle Bruno Labbé.

Lui et Louis Labbé parlent encore avec émotion du 1er mai 2023. Le fait que l’entreprise soit familiale a sans doute fait la différence. Les frères ne pouvaient pas tous se décourager en même temps. « Quelqu’un tout seul là-dedans à tout gérer? Je ne suis pas certain qu’il aurait réussi à passer à travers. D’avoir traversé ça en famille, avec Louis qui est resté motivé, on s’est encouragé après des moments de découragement. La force du groupe a fait une différence », admet Bruno Labbé.

« Quand de la pluie est annoncée, on est aux aguets », reconnait Louis Labbé. « Même les prévisions 10 jours d’avance sont suivies. On est restés marqués de ça. On a connu quatre épisodes en 2023. On se dit que la prochaine peut arriver n’importe quand. Tout ce qu’on pense réaliser est imaginé en fonction de ce qui peut se produire. La gestion de la rivière fait maintenant partie de notre quotidien », dit-il.

Ce n’est toutefois pas la rivière des Mares qui dicte le développement futur. « La sécurité est la priorité. Personne ne sera en danger », assure Louis Labbé. « Bien du monde voudrait retourner s’installer sur le bord de la rivière, mais pour nous il n’en est pas question encore tant qu’il n’y aura pas de travaux majeurs de protection et de stabilisation d’effectués », ajoute-t-il.

16 des 35 chalets ont été détruits. Photo archives

Oui, il y a un futur pour le camping, mais les Labbé n’ont pas encore tout finalisé. « On se permet de penser à un Genévrier 2.0. La configuration sera différente. Le camping ne sera plus jamais le même. Les inondations nous ont obligés à regarder en devant pour saisir les nouvelles opportunités. Ce n’est pas simple de changer sa vision. Pour mon père et mes oncles, c’est un multiple deuil. Ils ont bâti le camping, moi j’ai grandi dessus. Ma chance, s’il en est une, c’est que je vis ça en début de carrière», dit-il.

Donc pas d’annonce, mais un horizon de « trois à cinq ans » est fixé pour connaitre le futur du site.

Sur le plan humain, la rencontre avec les employés pour les informer qu’ils n’avaient plus d’emploi a été éprouvante. À ce moment-là, les Labbé ne savaient pas ce qui allait arriver. Plusieurs travaillaient au camping depuis plus de 20 ans. Pas facile de leur dire « merci pour tout, mais on ne sait pas si vous serez rappelés ».

Le pont « Labbé » permet d’ouvrir une nouvelle partie cet été. Photo archives

L’impact économique du Genévrier est majeur pour la région. On parle de 65 000 nuitées par année. Ceux qui ont vu moins de monde à Baie-Saint-Paul l’été dernier n’ont pas rêvé. Les images des inondations et de la route 138 fermée pendant quelques jours n’ont pas aidé non plus.

Pendant que l’eau se retirait et qu’un premier ménage s’effectuait, il fallait également gérer les 2 500 réservations. Pour plusieurs, le Genévrier était « leur » camping. Une douzaine de propriétaires qui ont vu passer leurs roulottes sous le pont de la 138 en ont immédiatement racheté une et sont revenus au camping de Baie-Saint-Paul.

16 chalets ont été détruits. Cela a aussi généré des pertes économiques. 15 M$ en pertes et dommages ont été comptabilisés pour le Genévrier. C’est l’entreprise privée qui a le plus écopé des inondations du 1er mai 2023.

« On vivait presque d’heure en heure. Puis, des trucs se réglaient et donnaient de l’espoir et le courage de continuer. On était ensemble en mode solution. Le sinistre sur le terrain et le sinistre administratif étaient quelque chose aussi. Il fallait parler avec des ministères et nos clients. L’équipe (la famille) a fait la force et a permis de passer à travers. Avant de penser à se relever, on a été en mode survie. On n’en est pas encore sortis complètement », souligne Louis Labbé.

Le terrain n’est plus du tout le même. Il y a encore beaucoup de complexité dans les opérations pour la saison qui approche. « La différence cette année c’est qu’on sait quels secteurs seront accessibles. On connait mieux les endroits fragiles aux coups d’eau et il n’y aura pas personne à proximité. La saison sera meilleure avec près de 225 terrains et 19 chalets disponibles », dit-il également.

On comprend que le changement de garde semble imminent au Genévrier. Un plus jeune prendra le relais. « Ça finit mal oui et non. De voir en quelques heures le travail de 50 ans être détruit ça fait mal après tout ce qu’on a mis. C’est le bout le plus tough. Cependant, avec Louis on va réussir à voir le Genévrier survivre et à avoir son impact touristique dans la région. Les perspectives sont prometteuses. C’est le bon qui ressort de tout cela », termine Bruno Labbé.

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