Triste anniversaire

Par Dave Kidd 5:00 AM - 1 mai 2024
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Personne n’a envie de se souvenir du 1er mai 2023. De fortes pluies ont causé des inondations qui ont eu des conséquences dramatiques. Deux pompiers de Saint-Urbain sont décédés en devoir, on leur rendra hommage cet après-midi. Dans la ville voisine, il y a un an, des centaines de personnes ont été évacuées alors que l’eau détruisait pratiquement tout sur son passage. Baie-Saint-Paul s’est retrouvée isolée.

Le maire Michaël Pilote avoue sans ambages que cette triste journée lui a fait gagner « quelques années d’expérience en un an ». Il ne pense pas avoir vieilli plus vite pour autant. « Peut-être que dans quelques années je dirai autre chose », continue-t-il.

Béatrice D’Orsainville de la Sûreté du Québec, le maire Michaël Pilote et Alain Gravel, directeur de la Sécurité publique de Baie-Saint-Paul. Photo archives

Gilles Gagnon, directeur général, compte déjà 20 ans dans le milieu municipal. « Ç’a été un événement incroyable. On a fait des choses bien et d’autres mal. On a fait pour le mieux », dit-il.

Il voit des changements entre le « Michaël 2023 et celui de 2024 » quand vient le moment de prendre des décisions pour des projets d’immobilisations. « On doit maintenant composer avec le regard des médias nationaux. On reçoit aussi des invitations pour participer à des panels et forums pour discuter de la gestion d’une inondation majeure. On a été sous les projecteurs pendant un bon moment », se souvient-il.

Le premier ministre Legault est venu à Baie-Saint-Paul dans les jours qui ont suivi les inondations. Photo archives

Êtes-vous un meilleur maire? « Bonne question. Depuis le début, j’essaie d’être à l’écoute et de rester connecté avec les citoyens. Ça ne veut pas dire qu’on fera tout ce qu’ils veulent. Est-ce que je suis un meilleur maire? Je n’en ai aucune idée », admet Michaël Pilote qui ne se voit pas « plus vert qu’avant » en parlant de l’environnement puisqu’il a toujours été sensible à ces questions.

Le maire doit aussi gérer des « crises émotives », ce qui n’était pas le cas avant les inondations. « Des gens avec des idées suicidaires arrivent à l’hôtel de ville. On est en contact avec les services sociaux. On a géré beaucoup plus d’émotions qu’avant », analyse le maire de Baie-Saint-Paul.

Cette catastrophe a renforci les liens à l’hôtel de ville et augmenté le sentiment d’appartenance et la fierté envers la Ville. « Les employés sont fiers de porter le BSP. On leur dit que nous sommes fiers d’eux. Les inondations, ça a été vraiment un travail d’équipe, même si c’est le DG, Alain Gravel et moi qui étions à l’avant-scène. Sans l’ensemble du personnel, je n’aurais rien eu à dire », reconnait Michaël Pilote.

Une partie du mur de protection de la rue Ménard a été refait pour 1 M$. Photo archives

Le maire et le directeur général ont une relation pratiquement symbiotique. Les deux sont bien différents, l’élu est moins émotif que le DG, et c’est sans doute ce qui donne la force à leur duo. « On partage la même vision de la Ville. C’est important l’équipe maire-direction générale pour faire avancer les choses. Durant les inondations, on passait pratiquement 20 heures sur 24 ensembles. On a géré cette crise-là ensemble. Les liens sont encore plus forts. Pour Baie-Saint-Paul, il y a un avant mai 2023 et un après », soutient Michaël Pilote.

L’après

« C’est ce qui est le plus long », répète-t-il depuis des mois. « Le rétablissement, c’est long et plus compliqué que l’état d’urgence », ajoute le maire. « On doit composer avec de nombreux paramètres qui n’existaient pas avant le 1er mai 2023. Tous les services de la Ville doivent évoluer avec les changements survenus tout en faisant progresser les dossiers courants. Il n’y a pas une journée qu’on ne parle pas des inondations », continue Michael Pilote, incapable de dire si des travaux majeurs seront réalisés en bordure de la rivière du Gouffre en 2026 « à cause du grand nombre de facteurs avec le ministère de l’Environnement ».

La première maison démolie était sur la rue Saint-Joseph. Photo archives

Dans cette gestion de l’après, le tempérament de Gilles Gagnon s’est exprimé à plus d’une reprise. Habitué à procéder avec célérité, la vitesse des autres l’a exaspéré. « Des fonctionnaires (de ministères) ne m’aiment pas bien bien. Je travaille pour les citoyens. Ce sont eux que je défends. Je n’ai pas la langue dans ma poche. Des fonctionnaires ont des boutons quand ils pensent à moi », dit-il.

Il avoue qu’il change un peu d’une année à l’autre en fonction de ce qu’il a vécu au bureau. Sa dernière année était sa première aux commandes de la Ville. « J’étais en apprentissage de ma gang. Des chevaux se sont épanouis d’une façon incroyable dans ce genre de situation-là alors que pour d’autres c’était moins leur moment. Les inondations ont fait ressortir la nécessité de travailler ensemble et non en vase clos pour être efficace », observe-t-il.

Gilles Gagnon admet que la vitesse d’exécution de Baie-Saint-Paul a augmenté. « On vérifie la vitesse avant d’embaucher », dit-il. « Je suis exigeant envers moi-même et les autres », admet-il.

« Une expérience comme ça fait apprendre. Notre plan était sur la coche. Ça aurait pu être pire que ça. Dès que ça a commencé, l’info circulait entre nous. Les choses qui ont été moins bien, on a trouvé une solution pour éviter qu’elles se reproduisent », répond-il quand on lui demande si la Ville est mieux préparée pour faire face à une inondation.

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