« Aide-moi. Faut que tu fasses quelque chose »

Par Dave Kidd 12:32 PM - 29 avril 2024
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Jean-Francois Dubé et Alain Gravel ont témoigné à l’enquête publique

Le directeur adjoint du Service sécurité incendie de Baie-Saint-Paul a relaté un échange qu’il a eu avec le directeur du Service de Sant-Urbain le 1er mai 2023 lorsque Régis et Christopher Lavoie sont tombés dans les eaux de la rivière du Gouffre.

« Cédric Châtigny m’a appelé pour me dire qu’il venait de perdre deux hommes dans la rivière. Aide-moi.Faut que tu fasses quelque chose. J’en ai perdu deux dans la rivière », a raconté Jean-François Dubé. « Je lui ai dit de faire le 911. Déclenche tout. Fait le 911. Appelle l’armée. Après j’ai dit sur nos ondes radio, je ne veux pas voir personne sur le bord des cours d’eau », a-t-il témoigné à l’enquête publique sur le décès des deux pompiers décédés en devoir.

Alain Gravel, directeur de la Sécurité publique et incendie à la Ville de Baie-Saint-Paul, a mentionné que même s’il avait été en mesure d’envoyer le zodiac à Saint-Urbain le 1er mai 2023, il n’aurait pas été question de le mettre à l’eau compte tenu du courant et de tous les débris qui étaient transportés par le courant.

C’est pendant qu’il coordonnait un sauvetage en zodiac sur la rue Clarence-Gagnon que Jean-François Dubé a reçu l’appel de la centrale 911 à 13h47 pour « un homme tombé dans la rivière du Gouffre ». Constatant ce qui se passait dans sa ville et l’ampleur des situations à gérer, il demande les pompiers des Éboulements en entraide.

Il a aussi mentionné avoir reparlé 15 minutes plus tard à Cédric Châtigny et « il me dit qu’il déclenche tout. Je lui ai reparlé le 2 mai en soirée pour m’informer de son état », a aussi témoigné Jean-François Dubé qui a relaté les événements majeurs touchant son service le 1er mai.

Jean-François Dubé a expliqué la structure de commandement et la nature des opérations. Il a aussi relaté la façon dont s’effectue l’ordre d’évacuation dans le cas d’une inondation.  « On n’a pas la spécialisation de sauvetage nautique », a -t-il précisé. « On se fie à nos lieutenants sur place pour évaluer la dangerosité de l’opération. On va sur la rivière si le débit est faible. C’est l’officier commandant de garde qui décide si l’opération se fait ou pas », a-t-il poursuivi.

Alain Gravel a continué à fournir des explications sur les interventions sur les cours d’eau. « On a un zodiac et des consignes claires. Il n’y a pas d’habit de combat dans l’embarcation. On est capable de tirer une corde sur le bord d’un cours d’eau. La carte d’embarcation est exigée et la formation est donnée à l’interne. On a des procédures et des exercices sont tenus. On ne mettra pas la vie des pompiers en danger. La limite d’intervention ça existe. Je l’ai déjà appliqué trois fois en sauvetage.  On sort en eau calme. Il y n’a pas de sortie par grands vents.  Certains passent leur tour s’ils ne veulent s’investir dans ce type d’intervention », a-t-il relaté.

Le schéma de couverture de risques en sécurité incendie de la MRC de Charlevoix ne prévoit rien sur une demande d’aide pour un service à part que l’entraide automatique sur un incendie. « C’est à la demande du directeur. On va aider en fonction de nos capacités », a aussi expliqué Alain Gravel.

Le plan de Baie-Saint-Paul

« On ne pouvait pas empêcher ce qui s’en venait, mais on pouvait s’y préparer avec notre plan de sécurité civile », a indiqué le chef Gravel. « En 2008 j’ai appris ma leçon en évacuant des gens alors qu’il ne pleuvait pas à Baie-Saint-Paul. On a des plans depuis pour les différents aléas. Le plus difficile à gérer a été la fermeture de 5 ponts simultanément », a-t-il poursuivi.

Le plan particulier d’intervention en cas d’inondation de Baie-Saint-Paul a été déployé lors des inondations du 1er mai 2023 a été utilisé lors des inondations.

Il a aussi mentionné que la connaissance du territoire est fondamentale. Des instruments comme des caméras et des sondes dans les rivières aident aussi. « Je surveille la météo. C’est dans mon travail.  La Sécurité civile a envoyé un bulletin le vendredi précédent les inondations du 1er mai. J’analyse comment ça peut nous impacter et j’avise l’organisation », a-t-il indiqué.

Ce bulletin est transmis dès que des événements météorologiques se profilent à l’horizon. En principe, toutes les municipalités reçoivent se bulletin », a-t-il expliqué. Il a aussi indiqué que dès le vendredi précédent les inondations, de la patrouille était effectué. « On était plus alerte le dimanche soir », mentionne le chef Gravel.

Alain Gravel a ensuite relaté sa journée du 1er mai qui a débuté vers 4h. « Les premiers événements sont arrivés vers 5h», s’est-il souvenu. « Le danger pour la vie justifie un ordre d’évacuation, la hauteur de l’eau n’est pas considérée », a répondu Alain Gravel alors interrogé par l’avocate de la municipalité.

Il n’a pas échangé sur le débit de la rivière du Gouffre avec les autorités de Saint-Urbain, a-t-il aussi répondu à une question de Me Valérie Savard.

Jours difficiles

En ouverture, la coroner a indiqué que « c’est un concours de circonstances » qui fait que l’enquête se poursuit la veille du premier anniversaire des événements de mai 2023. « Ça rend la chose plus émotive », a dit ce matin Andrée Kronström qui entend « respecter les émotions . Un premier anniversaire est toujours triste », a-t-elle déclaré.

Me Kronström a aussi mentionné qu’elle analysera les relevés téléphoniques des témoins entendus. Elle s’adressera également au fournisseur de Régis Lavoie pour obtenir aussi son relevé téléphonique.

Les témoignages de la mairesse et du directeur général de Saint-Urbain se concentreront sur la journée du 1er mai. Ils reviendront plus tard pour un autre volet de l’enquête, a aussi précisé la coroner invoquant l’horaire chargé pour la journée d’aujourd’hui.

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