Le monde numérique et les oiseaux…

Par Michel-Paul Côté 4:30 PM - 17 avril 2024
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On peut installer la liste des oiseaux rencontrés régulièrement au Canada et aux États-Unis. Il y en aura 717. Les noms sont en français. Photo courtoisie

Avec la parution de cette chronique dans l’avant dernière édition papier de l’hebdo Le Charlevoisien, l’occasion était belle pour adresser le phénomène du remplacement du papier par le numérique, et de faire le lien avec le monde de l’observation des oiseaux.

Ayant fait carrière dans les technologies, j’ai depuis le milieu des années 90 adopté le virage numérique. Chaque année amenait des changements importants, toujours à l’avantage de l’utilisateur. Toujours plus de contenu, plus d’applications, plus d’information utile, plus de photos, et des accès à ces avantages de plus en plus abordables et rapides.

Charlevoix est maintenant branché au web à la vitesse de la fibre optique. Et les résidents qui n’ont pas accès à un téléphone cellulaire, une tablette ou un ordinateur constituent l’exception depuis un bon moment.

Aux États-Unis existe une université reconnue mondialement pour l’expertise de son département d’ornithologie. Il s’agit de l’université Cornell, située à Ithaca, dans le nord de l’état de New York. Le web a grandement contribué à bâtir la réputation de Cornell. Les chercheurs, vers la fin des années 80, ont développé une application « grand public » qui se nomme eBird. En fait ils ont adapté une base de données développée par un Québécois, Jacques Lavallée, qui était utilisée par les observateurs d’ici. Au début, eBird permettait aux chercheurs universitaires du monde entier de noter leurs observations et de les envoyer dans la base de données de l’université via les réseaux de communication inter universités.

Mais une décennie plus tard, le web est apparu. Pourquoi ne pas faire participer les citoyens? Ainsi des amateurs ont pu, sur leur ordinateur de maison, entrer les observations réalisées sur le terrain et les envoyer à l’université. C’est par milliers, puis par dizaines de milliers que les observations furent envoyées à Cornell. Puis est apparu le téléphone portable. C’est ce qui a tout changé, et qu’est arrivée la « science citoyenne ». eBird fut téléchargé des millions de fois, et c’est par dizaines de millions que des rapports d’observations sont reçus chaque année à Ithaca. Mais nous reviendrons sur eBird lors d’une prochaine chronique.

Fort de ce succès, Cornell a développé une foule d’outils pour faciliter la tâche aux observateurs. Un de ces outils, le plus spectaculaire et le plus utilisé, est le guide d’identification qui se nomme Merlin Bird ID. Il s’agit d’un guide numérique qui est téléchargé sur un téléphone portable, quel qu’il soit. C’est totalement gratuit et, une fois téléchargé, on peut choisir la langue d’identification des espèces d’oiseaux. On choisit, selon le coin de la planète où nous habitons, une trousse régionale d’espèces d’oiseaux. Ici, on choisit la trousse du Québec ou la trousse du Canada/États-Unis si on voyage.

Mais il ne s’agit pas d’un simple guide numérique comme il en existe bien d’autres. Cornell possède la plus grande base de données au monde en ce qui concerne les chants d’oiseaux. L’étape suivante était de mettre cette base de données à contribution et à l’intégrer à Merlin. Ainsi, depuis quelques années, il suffit d’ouvrir l’application sur son appareil, de choisir la fonction d’identification par le son (Sound ID), de pointer le téléphone dans la direction générale du ou des oiseaux, et d’attendre quelques secondes.

L’application entend, enregistre, identifie, et vous propose des oiseaux qui correspondent au son enregistré. Il y a quelques années, le taux de succès avoisinait les 50 %. Il dépasse maintenant les 90 %.

Une autre fonction fut également développée : l’identification de l’image de l’oiseau. Vous prenez une photo de l’oiseau avec votre téléphone et l’application identifiera l’espèce. Ici encore, le taux de succès dépasse 90 %. Pour les photographes qui reviennent à la maison avec des dizaines de photos enregistrées sur la carte mémoire de leur appareil photo, parfois des centaines… l’application permettra de mettre un nom sur plusieurs espèces non identifiées sur le terrain.

Merlin m’a récemment identifié une espèce photographiée il y a 10 ans sur la côte du Pacifique, et que je n’arrivais pas à retrouver dans les guides traditionnels. Et pourtant j’ai beaucoup cherché, croyez-moi! Il s’agissait d’une femelle d’une espèce de l’Ouest, à l’automne. Une espèce de plus à ma liste!

Alors n’hésitez pas. Quelques clics, quelques minutes de téléchargement et un expert en identification des oiseaux établira résidence dans votre téléphone. Toujours disponible, toujours à la fine pointe des connaissances scientifiques, toujours de bonne humeur et très patient, il vous accompagnera partout et contribuera grandement au plaisir d’identifier de nouvelles espèces.

Bonnes observations

Sur l’application, on peut noter les oiseaux observés. Merlin gardera une liste qu’il est possible de consulter par région, par année, ou encore une liste à vie. Sur l’exemple, on voit 183 oiseaux (petit-fils de 14 ans, sûrement influencé par le grand-père…).

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