Ambulances électriques : pas demain la veille dans Charlevoix

Par Émélie Bernier 5:00 AM - 12 janvier 2024 Initiative de journalisme local
Temps de lecture :

Conçue par Lion Électrique en partenariat avec Demers Ambulances, l’ambulance eFX est la première ambulance 100 % électrique disponible au Québec. Selon la firme Dunsky, le coût d’une ambulance électrique est environ trois fois plus élevé que celui d’une ambulance à combustion. En contrepartie, sa durée de vie utile est allongée de trois à cinq ans. Photo Lion Électrique

En s’engageant à ce que la totalité de son parc automobile soit composée de véhicules zéro émission d’ici 2040, le Québec a mis la barre haute. Le transport ambulancier pourra-t-il atteindre cet objectif sans mettre en péril la santé des usagers du système d’urgence? 

Chaque semaine, chaque ambulance de la Coopérative des techniciens ambulanciers du Québec (CTAQ) qui dessert la région parcourt environ 1 500 kilomètres. En incluant les véhicules qui desservent Québec, Portneuf et le Saguenay, la flotte cumule une moyenne de 300 000 km annuellement.

Le glissement vers l’électrification des transports est inéluctable, mais il prendra du temps, explique le porte-parole de la CTAQ, David Lemelin. ” Pour la CTAQ, ce n’est pas juste un beau projet, mais ça fait partie de nos valeurs. On a formé un groupe de travail parce qu’on veut que ce soit bien coordonné. Ça fait partie de la politique de développement durable dont on s’est doté depuis l’an dernier”, indique David Lemelin. 

Les régions rurales comme Charlevoix ne seront certainement pas les premières à voir rouler des ambulances ” tout électriques ” sur leur territoire. ” Je doute que ce soit le premier endroit où on va en envoyer une! En premier lieu, c’est plutôt pour les centres-villes. Si on a de courts déplacements, c’est beaucoup plus facile. Si on est à Saint-Siméon et qu’on doit se rendre à Québec, bonne chance. On va faire un déploiement intelligent des véhicules au fur et à mesure “, explique-t-il.

L’organisation a d’ailleurs levé la main pour faire partie d’un projet pilote dans la région de Québec.  

La CTAQ dispose déjà de véhicules de fonction électriques ou hybrides et plusieurs casernes ont des bornes de recharge qui permettent de desservir les paramédicaux et employés administratifs qui possèdent des véhicules électriques personnels. 

Si, à ce jour, aucun échéancier ne contraint les compagnies à faire le pas vers l’électrification de leurs véhicules ambulanciers, les contrats de service qui les lient au ministère de la Santé et des Services sociaux en font mention. 

“La question qu’on se pose actuellement, c’est : OK, on en achète quatre demain, mais on les recharge où? Les casernes devront disposer de bornes très efficaces… et les hôpitaux aussi! Il faut que le réseau s’ajuste aux besoins des véhicules avant qu’on les ait dans la cour! “, ajoute David Lemelin.

Une question d’autonomie

Les défis de la transition se complexifient en région éloignée. “L’autonomie étant à peu près limitée à 200 km, il n’est pas possible d’envisager autre chose que du centre-ville pour le moment, mais on sait que les choses évoluent vite”, lance le porte-parole.  

Mettre la main sur ces fameuses ambulances électriques est une autre clé de voûte. 

“L’approvisionnement est déjà un enjeu sérieux pour les véhicules à essence! Pour l’électrique, on est dans une situation plus complexe. On en veut, mais le quand et le combien sont inconnus pour l’instant. Il y a des listes d’attente et même pas autant de fabricants ou d’options… Ça prend encore plus de patience, mais Demers, le fabricant, est clairement aligné sur 2035 “, explique M. Lemelin. 

Malgré tout, le chantier est “très positif”, selon le porte-parole. “Dans les modèles qu’on a pu voir, ils ont réfléchi à l’ergonomie, en travaillant avec les paramédicaux pour valider leurs prototypes. On peut vraiment espérer avoir des véhicules intéressants quand le moment sera venu. La préoccupation première de nos paramédicaux, c’est : est-ce que le véhicule sera performant ou il va me tomber en panne dans les mains? On a un devoir de porter secours. Sur la première ligne, pas le droit à l’erreur”, conclut David Lemelin. 

Dunsky Énergie + Climat a réalisé une vaste étude sur le sujet au profit de l’Association pour la santé publique du Québec.

Publié en novembre, le rapport de la firme indique qu’il est “possible d’atteindre un objectif zéro émission pour le parc de bâtiments et de véhicules du secteur de la santé d’ici 2040”. Cette transition, complétée, permettrait une réduction de 9,3 millions de tonnes d’émissions de GES entre 2024 et 2050.

Partager cet article