Les préjugés, premier obstacle à la réhabilitation

Par Jean-Baptiste Levêque , Jean-Baptiste Levêque 5:00 AM - 6 octobre 2023
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Photo courtoisie

Anick Simard aide depuis plus de 15 ans des contrevenants à réintégrer la communauté charlevoisienne.

Le retour d’un ex-détenu à la vie normale est un chemin difficile. À l’occasion de la Semaine de la réinsertion sociale qui se déroulera du 9 au 13 octobre, l’intervenante communautaire charlevoisienne Anick Simard appelle la population à mettre de côté les préjugés au bénéfice de tous.

Selon l’Association des services de réhabilitation sociale du Québec, « peu importe la durée de la sentence, plus de 90 % des personnes incarcérées vont finir par sortir d’un établissement de détention. Ces personnes vont éventuellement réintégrer nos communautés et devenir nos voisins. »

Depuis plus de 15 ans, Anick Simard travaille en relation d’aide pour le CRC Le Pavillon, une maison de transition située à Québec, mais qui possède un point de service dans Charlevoix. Sa croyance au potentiel des êtres humains à changer ne l’a jamais quittée.

« Je rencontre les gens qui sont soit en probation, en libération conditionnelle, en emprisonnement dans la communauté ou en permission de sortir. J’accompagne la personne à réaliser son plan d’intervention pour mieux être intégrée par la communauté », résume-t-elle.

« On s’assure qu’ils respectent leurs conditions. Parfois ce sont des conditions limitatives de contact, mais parfois aussi des conditions thérapeutiques, donc on s’assure qu’ils aient les bons services », précise également l’intervenante communautaire.

Et des services, dans Charlevoix, il n’en manque pas. « Il y en a dans tous les secteurs : la toxicomanie, l’emploi, la santé mentale, la gestion des émotions, la violence… Il y a vraiment une multitude de services, que ce soit communautaire ou dans le réseau de la santé. »

Les contrevenants masculins, qui représentent la grande majorité, peuvent également compter depuis quelques années sur le service d’hébergement temporaire de Centr’hommes Charlevoix, ce qui est venu régler « un grand problème », selon Anick Simard.

Malgré cela, la réinsertion sociale demeure un défi de taille pour une personne judiciarisée. « Le plus grand obstacle, ce sont les préjugés. Souvent les personnes vont avoir honte, peur de sortir, d’être jugé, et avec raison. Il y a beaucoup de jugements, beaucoup de refus en emploi, les logements aussi. »

« Quand nos besoins de base ne sont pas répondus, ça peut être plus difficile de se réinsérer. Si on n’a pas de toit sur la tête, une place décente où habiter. C’est important aussi l’emploi pour être autonome, pour être fier de soi », ajoute-t-elle.

Pour l’intervenante, la peur du jugement ne vient pas de nulle part. « Des amis ont arrêté de leur parler à leur incarcération, ils sont regardés de travers par des voisins, etc. Parfois, la peur vient de la honte personnelle. Ils continuent à s’auto-exclure finalement. »

Depuis 15 ans, Anick Simard constate « que les problématiques s’alourdissent. Souvent on a des clients qui ont combiné des problématiques, par exemple santé mentale, toxico et délinquance ». Mais elle considère que son travail sur le terrain porte fruit. « Ça fait une différence. Il y a un très bon taux de gens qui finissent complètement leur mesure sans récidive. » 

L’intervenante insiste sur l’importance d’offrir une seconde chance à un contrevenant. « En étant fier de soi, en travaillant, en ayant une maison, c’est là qu’il va avoir le goût d’être un membre actif de la communauté. Si on se sent rejeté de la société, on va avoir le goût de continuer à être marginal. »

Plusieurs clients d’Anick Simard s’impliqueront justement dans leur communauté le 12 octobre en après-midi, en venant trier bénévolement des vêtements à la Ressourcerie le SACC vert, à La Malbaie.

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