Profession: conducteur de chien de sang

Par Emelie Bernier 10:17 AM - 14 octobre 2021
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Jimmy Duchesne et Charles Bouchard avec leurs chiens Léia et Choko. Courtoisie

Cette année, Charles Bouchard et Jimmy Duchesne, les deux seuls conducteurs de chien de sang de Charlevoix, supporteront plusieurs dizaine de chasseurs à l’orignal, au chevreuil et même à l’ours dans leurs recherches pour récupérer leurs animaux blessés.

L’Association des conducteurs de chiens de sang du Québec (ACCSQ), fondée en 2008, avait enregistré un total de 8000 appels en 2019, soit près plus de 800 appels par an. Recourir aux services de ses membres gagne en popularité.
Charles Bouchard y est arrivé un peu par hasard. «Je n’ai jamais chassé, mais quand j’ai eu Choko, j’aimais faire des activités avec lui : du traîneau à chien, du ski joring, du canicross… et un peu de circuit de recherche, pour m’amuser. Je côtoyais beaucoup de chasseurs, j’allais aider des amis à sortir leurs orignaux, mais je n’étais pas organisé. Le chien était bon et des amis m’ont poussé à faire le cours! »

Des clients satisfaits du service rendu par Léia et son conducteur Jimmy Duchesne.


Il a suivi sa première formation il y a cinq ans. Jimmy Duchesne, un conducteur de chien de sang bien implanté dans la région, est devenu son mentor, une exigence de l’ACCSQ. « Ça prend un parrain qui évalue ton chien et toi sur le terrain. On est une petite communauté. Quand je ne comprends pas une scène, que mon chien travaille mal ou que j’ai de la misère à le lire, je l’appelle », précise-t-il.


Ils se partagent les appels sur le territoire, mais la demande dépasse parfois l’offre et des conducteurs de Québec viennent alors prêter main forte.

Les clients affichent toujours une mine réjouie lorsque l’animal qu’ils ont blessé est retrouvé.

Charles Bouchard a formé son chien avec des méthodes éprouvées, un peu à la manière des chiens policiers.
«Il y a beaucoup de jeux, mais Choko a aussi été formé sur des tracés artificiels où je simule une bête en fuite, mais avec les sabots d’un chevreuil chassé, par exemple, qui dégage des hormones, de l’adrénaline de survie. J’ai des bottes spéciales où les sabots s’attachent. Je vais parfois frotter la peau sur le sol, mettre une ou deux gouttes de sang… C’est beaucoup de temps au début, mais aujourd’hui, on récolte les fruits de notre travail.»

Selon son maître, Choko adore pister les bêtes blessées.

«Aussitôt que je commence à préparer le stock de chasse, il ne me lâche pas. Quand le téléphone sonne, il va s’asseoir devant la porte, va se coucher derrière l’auto. Il est vraiment excité! »
Son état change quand il commence la recherche. « Il est calme, il piste, il marche tranquillement… Ça peut prendre plusieurs heures, c’est exigeant pour lui.»
La reconnaissance envers les conducteurs de chien de sang et leurs animaux croît de plus en plus au Québec et ailleurs, selon lui.

«Les années permissives (les chasseurs peuvent prendre tant les femelles que les mâles ou les veaux, ce qui n’est pas toujours le cas), on peut recevoir jusqu’à 150 appels», dit-il. Charlevoix est la 3e région les plus populeuses en orignal après la Gaspésie et le Bas-Saint-Laurent. «Il y a vraiment une culture de la chasse ici !»



Recourir à un conducteur de chien de sang demeure une façon d’augmenter vos chances de récupérer votre prise.
Envie d’en savoir plus ou d’obtenir de l’aide pour retrouver un animal blessé? Contactez Charles Bouchard au 418 240 0303 ou Jimmy Duchesne au 418- 633 5533.

Un champ de tir svp

Charles Bouchard aimerait que Charlevoix se dote d’un champ de tir.
«Tu vis en appartement, tu sors ta carabine une fois par an pour tirer sur une cible vivante, ce n’est pas facile d’être bon et il y a des risques de blesser les animaux!»
En moyenne, les membrse de l’ACCSQ ont un taux de récupération de 40%. Le risque que des animaux meurent au bout de leur sang et de leur souffrance sans jamais être retrouvés est donc important.
Chales Bouchard est conscient qu’un champ de tir pourrait, à moyen ou long terme, lui enlever le pain de la bouche.
« Oui, ça m’enlèverait de la job, mais j’ai pas envie de voir des animaux souffrir », résume-t-il.

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