La ferme Pierre du Moulin voit le jour

Par Gilles Fiset 11:30 AM - 15 mars 2017
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Rudy Laixhay, président de la ferme Pierre du Moulin, et Jean Labbé, président du conseil d’administration

Des propriétaires d’entreprises agroalimentaires de la région se regroupent pour lancer la Ferme Pierre du Moulin, un projet de culture de grains et de céréales biologiques sur des terres jusqu’alors inexploitées. Un projet étendu sur plus de 500 hectares répartis parmi 130 parcelles de terrains.
Par Gilles Fiset
Cette idée mijotait dans la tête de deux grands producteurs agricoles de la région, Rudy Laixhay, de l’entreprise agroalimentaire Pierre du Moulin, et Jean Labbé, de la Laiterie Charlevoix. « On s’est demandé comment on pourrait valoriser nos terres et les cultiver. On a finalement décidé de se lancer dans l’agriculture biologique avec sept ou huit céréales et graines différentes avec cinq ou six autres propriétaires agricoles », affirme Rudy Laixhay. « On a commencé à défricher une centaine d’hectares l’an dernier, mais c’est cette année que le projet commence vraiment avec 400 hectares de plus dans le secteur de la vallée du Gouffre et un peu dans le coin de Saint-Irénée », ajoute-t-il.
La plupart des terres cultivées de la nouvelle ferme Pierre du Moulin seront louées à des propriétaires qui ont plus ou moins délaissé l’agriculture, à d’anciens producteurs laitiers qui ont vendu leurs animaux par exemple. Beaucoup de ces terres sont en friche, ou presque. La priorité sera de les remettre à l’ordre. « On est vraiment au début du projet, car il y a beaucoup de travail à faire. On remet une structure en place qui actuellement n’est plus existante. Il y a un gros travail de drainage et de nivelage des sols, entre autres », révèle M. Laixhay.
Les propriétaires de ces terres ont tout à gagner, selon Jean Labbé, car après le bail de location de 15 ans, ils les reprendront dans un meilleur état qu’elles étaient au départ, en plus de pouvoir bénéficier des revenus de la location pendant de nombreuses années.
Renverser l’exode rural
Avec leur projet de culture à valeur ajoutée, Rudy Laixhay et Jean Labbé espèrent ramener dans la région des jeunes tentés par l’aventure de l’agriculture, mais découragés par le peu de revenus qu’on peut en tirer. « Beaucoup de jeunes ne s’installent pas dans la région pour y cultiver la terre parce que ce n’est pas assez payant pour tout le travail qu’on y met. Mais si on leur garantit un revenu grâce à la location de leur terre, puis par l’achat de leur production plus tard, ça peut leur donner une chance », confie Jean Labbé en ajoutant que lui et M. Laixhay ont à cœur de donner un avenir agricole à la jeunesse de Charlevoix ou à ceux qui voudront bien s’y installer pour y vivre de l’agriculture.
Le bio pour l’environnement… et le prix
« On veut développer l’agriculture biologique dans la région parce que tous les adhérents au groupe ont des convictions environnementales profondes. Mais c’est certain que monter un projet comme celui-là en pensant cultiver du grain animal pour les grandes entreprises par exemple, financièrement, on n’arrive pas. Avec l’agriculture biologique, on a du grain et des céréales à plus haute valeur ajoutée, ce qui nous permet d’être rentables », explique Rudy Laixhay.
Le grain d’abord, après…
Une bonne partie des cultures moissonnées seront transformées dans la région pour aider au développement de l’économie locale. « On veut faire aussi de la transformation avec nos grains et nos céréales. Comme avec l’épeautre de Charlevoix qu’on produit par exemple, dont le Moulin des Éboulements tire de la farine et qui sert à faire le pain d’épeautre à la boulangerie À chacun son pain. Mais d’abord, on s’occupe de développer la culture du grain et des céréales. Pour le reste, on verra… », confie le fermier d’origine belge, Rudy Laixhay.
Le Moulin La Rémy remis en fonction
Pour s’assurer que la région soit la mieux outillée possible afin d’y faire de la transformation de grains et de céréales, le Moulin de La Rémy sera remis en fonction pour 2018, promet Jean Labbé. Des experts venus de France superviseront les travaux pour s’assurer que tout soit conforme et fait selon les normes pour préserver ce joyau de notre patrimoine.
Charlevoix puis… le monde
Les actionnaires visent d’abord et avant tout à fournir une clientèle locale, car les Viandes biologiques achèteront près de 80% de la production tandis que la MicroBrasserie de Charlevoix et la boulangerie À Chacun son pain se partageront à parts égales les 20 % restants, pour la récolte 2017. Cependant, le groupe vise aussi une clientèle nord-américaine, européenne et possiblement… japonaise. « On a eu une demande d’une biscuiterie nord-américaine pour les approvisionner en blé biologique. Il y a aussi des clients européens qui veulent acheter la production de nos 42 ha de chanvre et, possiblement l’an prochain, on a des projets pour vendre de la farine de sarrasin à des acheteurs japonais », énonce M. Laixhay.
Des emplois… payants
Une vingtaine d’emplois à temps plein seront créés dès cet été et encore plus si tout se déroule comme prévu. Ces emplois seront assez intéressants pour que de jeunes travailleurs pensent s’installer dans Charlevoix. « Personne ne travaillera au salaire minimum. On va engager surtout des technologues, des diplômés en agronomie et des ouvriers qualifiés dans le fonctionnement de machinerie agricole complexe. Donc, les salaires vont être en lien avec leurs compétences », précise Jean Labbé.
 
 

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