Fenosa et Picasso, une amitié: au coeur d'une époque foisonnante

Par Emelie Bernier 20 juin 2016 Initiative de journalisme local
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Clément Paquette et Jean-Marie del Moral.

Emelie Bernier

Clément Paquette, co-commissaire avec l’Espagnol Josep Miquel Garcia  de l’exposition Fenosa et Picasso, une amitié, aura mis 15 ans à réussir son pari : présenter en Amérique une exposition consacrée au sculpteur Appel.les Fenosa, une première nord-américaine.

«En 2004, j’ai rencontré la femme de Fenosa,  Nicole,  à Paris et quand on s’est quittés, elle m’a dit : «si vous pouviez faire une exposition sur lui en Amérique, j’aimerais beaucoup». Voilà qui est fait. Ça fait 15 ans qu’on y pense et qu’on y travaille. Je suis entièrement satisfait et très ému de présenter tout ça », de commenter M. Paquette.  L’exposition réunit 114 œuvres, dont des photographies, des porcelaines, des zincographies, des dessins, des gravures, des lithos, des plâtres et 28 bronzes.

Le corpus s’est dessiné au fil des ans et des échanges. Jean-Marie del Moral, photographe et ami du sculpteur espagnol, voit d’un bon œil le résultat qui rend un hommage non seulement à l’artiste, mais aussi à l’époque et à la relation entre le sculpteur et le maître Picasso. « Beaucoup de gens de la génération d’Appel.les, qui étaient Espagnols et qui sont arrivés en France en 1939 juste avant la 2e guerre mondiale, se sont développés à Paris, étaient très amis, se voyaient et se soutenaient beaucoup. Picasso était le chef de file de tous ces gens-là, extrêmement généreux. Il a beaucoup aimé et aidé les copains dans le besoin. Il était très bienveillant! Mais la relation Picasso Fenosa est différente. Picasso a eu un grand choc émotionnel quand il a vu le travail de ce jeune homme (…).Cette amitié a été très fascinante. Picasso l’a poussé à travailler!», commente-t-il. La chaleur de cette amitié ainsi que le foisonnement de l’époque habite l’exposition.

« Dans le corpus, on fait transparaître cette amitié qui liait les différents personnages. On a des poèmes de Cocteau, d’Éluard, des originaux, des manuscrits que la fondation Fenosa possède, on a des originaux de plusieurs correspondances avec tous ces grands personnages. Il a aussi eu une liaison avec Coco Chanel », poursuit Clément Paquette.  

L’exposition pourrait voyager puisqu’un cahier de présentation pour l’itinérance a été conçu. Selon M. del Moral, celle-ci tient très bien la route. « Clément a réussi à rendre toute la poétique de l’univers de Fenosa et l’exposition a le grand avantage d’être didactique et extrêmement poétique. Réussir à allier les deux, c’est rarissime! Ce sont des questions de gestion d’espace, le voyage mental qu’on fait à travers les œuvres. C’est parfaitement réussi », commente-t-il.

« C’est avec la complicité de Josep Miquel Garcia », tient à dire M. Paquette, l’amitié évoquée dans le titre ayant traversé les époques. «L’amitié qu’on représente ici, on l’a aussi développée en montant cette exposition », de conclure Clément Paquette.

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