Sur l'Isle avec Perrault

Par Emelie Bernier 22 septembre 2009
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Des personnages de mi-carême à bord d’une embarcation bigarrée arrivent du large pour planter de longs harts dans la  vase. De la berge, une centaine de personnes attentives contemplent le tableau vivant, incarnation même du souhait de Perrault: la suite du monde.

 

 

C’est samedi dernier, sous un soleil sans équivoque, que s’est ainsi entamé un hommage senti au poète, cinéaste, documentariste, mais surtout insulaire de coeur Pierre Perrault. À l’ordre du jour, des témoignages de ses amis et complices, mais aussi de Perrault lui-même et des extraits d’entrevue avec les Alexis, Marie et Grand-Louis qu’il a magnifiés en les extrayant de leur quotidien insulaire pour en faire des  figures inoubliables de la cinématographie québécoise.

Pour sa fille Geneviève, l’émotion était au rendez-vous. « Pour mon père, l’Isle-aux-Coudres, c’était chez lui. Et pour moi aussi! C’était toujours un plaisir de venir ici, de sentir la grande famille, l’amour! Je me suis fait des amis ici, avec qui j’ai frayé toute petite et qui sont encore mes amis aujourd’hui. L’Isle aura toujours une place spéciale dans mon coeur, la présence de mon père ici est énorme », s’est confiée la dame, les yeux encore rougis après avoir vu et entendu un témoignage de son célèbre paternel, filmé peu de temps avant son décès, il y a 10 ans. Parmi ses amis d’enfance, Francine Tremblay, à qui l’on doit l’initiative : «Nous voulions saluer l’homme, d’abord! Sa plus grande joie, ce n’était pas d’avoir fait des films et connu le succès! Il disait: « L’important, c’est d’avoir vécu ça! » Il a même été maître de pêche pour la pêche aux marsouins, s’est mouillé avec les hommes, a forcé pour enfoncer les harts, il n’a pas été que témoin », souligne-t-elle.

 

Perrault disait: J’ai toujours aimé mieux être dehors. La vie est trop belle pour aller au cinéma! Entre les souliers vernis et la paire de bottes, j’ai toujours choisi la paire de bottes.

 

 

Parmi les invités de la journée et de la soirée qui a suivi au gymnase de l’école Saint-Pierre, de nombreux descendants des « héros ordinaires» de Perrault, mais aussi des collègues, des amis, et la mère de Noëlle-Ange Harvey qui avait mandaté sa fille pour lire une lettre à son « frère » Perrault, ce « metteur en scène de l’histoire de l’isle, au regard lucide et allumé».

 

 

 

C’est sous le signe de la convivialité que s’est déroulé l’événement hommage à celui que les insulaires considèrent comme un des leurs. Plusieurs ont profité de l’événement pour aller visiter l’exposition permanente consacrée à Perrault aux moulins de l’Isle-aux-Coudres.

L’ONF travaille actuellement à la réédition des oeuvres complètes de Pierre Perrault en DVD, sous-titrée en anglais et en français et encodée pour les sourds, pour une plus grande diffusion. Un autre événement soulignera le travail de poète, de dramaturge et d’auteur de Pierre Perrault, à la salle qui porte son nom de la bibliothèque René-Richard, à Baie-Saint-Paul, le samedi 21 novembre prochain. 

 

Francine Tremblay, organisatrice, a plusieurs fois été submergée par l’émotion durant la journée.

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