La grande séduction de PFR

Par Dave Kidd 12 novembre 2015
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Produits forestiers Résolu n’a jamais digéré le nouveau régime forestier Québécois introduit en avril 2013. Depuis sa mise en place, la papetière invoque ses impacts directs sur sa production et les répercussions négatives dans les milieux où elle a posé son logo.

La démonstration faite à l’usine de Saint-Hilarion est sans précédent. On ouvre les livres aux médias. Wow! Pour les lecteurs, c’est juste un événement de presse qui est relaté. Pour les médias, ça relève du miracle. J’ai connu l’époque, pas si lointaine, du jamais de retour d’appel de la part du bureau du directeur de l’usine de Clermont. Dans ce contexte, la présentation et les entrevues avec ceux qui sont sur le terrain étaient un événement en soi.

La présentation était réussie. Judicieux commentaires du quatuor de Résolu pour démontrer, chiffres à l’appui, qu’il y a un os dans l’engrenage. Cet os, qui se décline en aire protégée pour le caribou forestier, en contraintes environnementales, en choix du gouvernement, en pression des verts, ces os devrait-on dire sont connus depuis un moment. La grande différence est que l’os a maintenant un visage et un poids. Il s’agit de 86 travailleurs et des retombées économiques de 30M$.

PFR mise donc sur l’appui du peuple pour obtenir plus de Québec. La stratégie est claire depuis le départ. C’est le syndicat qui a accroché le grelot en se portant à la défense de l’employeur. Les maires ont ensuite été vus et ont joint le mouvement  de pression sur la députée libérale Simard afin qu’elle la transpose sur le ministre Laurent Lessard. Je ne connais personne qui veut voir cette usine fermée. La papetière n’a pas que des amis ici. Cependant, 86 jobs, c’est important.

Les chiffres dévoilés cette semaine n’apprennent rien au gouvernement avec qui Résolu discute depuis toujours. En misant sur la pression populaire, PFR vient d’abattre sa dernière carte et de donner la main au ministre Laurent Lessard.

Le ministre devient donc « le boss » de l’usine, le décideur de son avenir. Il est attendu bientôt à Saint-Hilarion. Il viendra dire quoi au juste? C’est assez surprenant qu’il ait accepté d’y aller dans le contexte actuel. Généralement, un ministre qui n’a rien à annoncer envoie l’élu du coin prendre la température. J’imagine assez mal Laurent Lessard débarquer le long d’une pile de billots et dire « je prends note de vos demandes ». Les travailleurs ont faim. Ils veulent travailler plus que 20 semaines. Donc, si PFR n’obtient pas de bois supplémentaire de Québec, on se contente de 20 semaines d’ouvrage ou bien on met les machines à « off ».

Mais dans la guerre de l’opinion publique, le gouvernement ne gagne jamais. Voilà le pari de Résolu : avoir le public de son côté pour obtenir les précieux 106 000 mètres cubes de bois nécessaires à la relance de l’usine de Saint-Hilarion. Si Québec refuse, Karl Blackburn aura les mots justes pour dire que le gouvernement n’a pas cru bon d’aider une communauté plongée dans la misère à cause de son régime forestier. La députée Caroline Simard lui répondra sans doute que du bois, il y en a. On sortira les mêmes bonnes vieilles cassettes usées.

Si l’usine de Saint-Hilarion ferme, un nuage noir encore plus épais que celui qui sévit présentement s’installera en permanence au-dessus de la machine 5 à Clermont. Déjà, les rumeurs de sa fermeture vont et viennent. La stratégie de Produits forestiers Résolu n’est pas la plus compliquée et ne va pas jusqu’à inclure l’usine de Clermont. Toutefois, les deux usines représentent plus de 300 emplois directs. Ça aide à faire réfléchir un ministre…

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