Un jeune immigrant français diplômé de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ) et employé au Petit Manoir du Casino de La Malbaie se retrouve dans une situation pour le moins paradoxale : son permis de travail a été refusé par le ministère de l’Immigration du Canada, au motif qu’il ne maîtriserait pas suffisamment la langue française.
Selon la lettre reçue, sa demande a été rejetée parce qu’il n’atteint pas le niveau requis de compétence linguistique. Une explication qui a laissé Romain Feuvrier complètement sans mot. « J’ai été abasourdi, confus, agacé et, en même temps, je voulais rire parce que je ne pouvais pas y croire. Comment puis-je ne pas avoir le niveau de français alors que je suis de nationalité française? »

Originaire de France, Romain Feuvrier occupe un poste de superviseur à la réception du Petit Manoir du Casino. Parfaitement bilingue, il a pourtant déjà prouvé sa maîtrise du français, tant pour son admission à l’ITHQ que pour l’obtention de son diplôme. Depuis un an, toutefois, les immigrants souhaitant obtenir un permis de travail postdiplôme doivent fournir une preuve officielle de leurs compétences linguistiques.
Pour lui, la situation relève de l’absurde. « C’est un peu au comble de l’ironie de devoir demander à un Français de passer un test pour savoir s’il est français », lance-t-il.
Le travailleur admet cependant avoir tenu pour acquis que le test de français ne lui serait pas exigé, même si le formulaire de demande en faisait mention. « Je trouvais qu’il y avait une ambiguïté. Je me suis dit que si la personne responsable regarde mon dossier entier correctement, il comprendrait que le test n’est pas nécessaire », explique-t-il.
Le ministère de l’Immigration ne fait toutefois aucune exception. Romain Feuvrier se retrouve donc sans permis de travail et doit reprendre tout le processus de demande. Sa supérieure, Flore Colmant, déplore la rigidité du système et ses conséquences sur les entreprises. « Je comprends qu’ils sont responsables de la gestion de leurs dossiers, malgré tout, je critique le manque de communication du ministère et aussi le manque de clarté des demandes. À mon avis, ça devrait être plus simple. »

Actuellement M. Feuvrier a fait demandé de l’aide au bureau du député fédéral Gabriel Hardy. Son équipe tentera de faire acheminer rapidement son dossier.
Cette situation n’est pas isolée. L’établissement doit actuellement composer avec une dizaine d’employés vivant des difficultés semblables. Pour une entreprise déjà fragilisée par la pénurie de main-d’œuvre, ces complications administratives deviennent un véritable casse-tête. « Les équipes soutiennent déjà du mieux qu’ils peuvent toutes les tâches essentielles de leurs emplois. Si on perd plus de travailleurs, ils vont finir par s’épuiser et on en perdra encore plus », ajoute Mme Colmant.
Romain Feuvrier, lui, estime que la démarche manque d’humanité et qu’un minimum de communication pourrait éviter bien des problèmes. « Parfois on a un peu l’impression qu’il y a un énorme écart entre ceux qui traitent les dossiers et nous-mêmes. Un simple appel téléphonique et une discussion auraient pu aider le fonctionnaire à conclure que je parle bien français. »
Face à la multiplication de ces cas, le Petit Manoir a sollicité l’appui de la Chambre de commerce de Charlevoix afin d’exercer des pressions sur les autorités. L’entreprise demande une rencontre d’urgence avec le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration.
De son côté, l’Alliance de l’industrie touristique du Québec rappelle l’importance de tenir compte des réalités du terrain. Dans un mémoire déposé récemment, elle invite le gouvernement à adapter ses politiques en matière de main-d’œuvre et d’immigration. « Les conséquences de cette pénurie sont bien réelles. Elles se traduisent par une baisse des revenus pour les entreprises, une réduction de l’offre touristique, notamment en région », souligne l’organisation.
Près de la moitié des employeurs qui recrutent à l’international affirment que leurs besoins dépassent le seuil de 10 % de travailleurs étrangers imposé par Québec. « Plus que jamais, nous avons besoin de solutions cohérentes et adaptées pour maintenir le rôle économique de notre industrie », conclut la PDG de l’Alliance, Geneviève Cantin.
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Le ridicule est l’ennemi de la raison mais non il ne tue pas! Blaise Pascal.
Le test est obligatoire pour tout le monde. Il aurait pu facilement le passer et ne pas être dans cette situation. Prendre pour acquis qu’il n’avait pas besoin de faire cet examen sans chercher à savoir si cela était possible relève d’un certain manque de sérieux. Après tout, les règles s’appliquent pour tous les immigrants.
Et bien non justement. Les règles ont changé récemment. Auparavant la preuve de l’obtention d’un baccalauréat français dispensait d’un test de langue.
Les tests de français appliqués au gouvernement federal sont souvent calqué sur ceux utilisés pour l’embauche de sa fonction publique. Ils sont très difficiles. Même un professeur de français passerait avec juste une note de passage tellement ils sont bourrés de pièges. Je ne suis pas surpris que certains français tombent dans le piège en les prenant à la légère. Le manque de logique du système nous rend improductif.
C’est inacceptable! J’ai été son collègue a l’ithq pendant deux ans et comparé a une grande partie de quebecois, son français est plutôt bon. Surtout si on prend en compte que près de 50% des québécois sont des analphabètes fonctionnelle.
Et si le ridicule pouvait tuer, ça serait l’hécatombe parmi nos fonctionnaires