Charlevoix n’échappe pas à la vague de démissions dans les écoles
Monique Brassard avait parlé de la composition de la classe en juin.
Le nombre de départs d’enseignants ne cesse d’augmenter au Québec. Selon les données du Journal de Québec, plus de 1300 professeurs permanents ont remis leur démission au cours de la dernière année seulement. Un constat qui ne surprend pas Monique Brassard, présidente du Syndicat de l’enseignement de Charlevoix.
Le phénomène observé à l’échelle du Québec n’épargne pas Charlevoix. Même s’il est difficile de chiffrer précisément le nombre de démissions, la présidente du Syndicat de l’enseignement de Charlevoix, Monique Brassard, confirme que la tendance se fait sentir dans la région.
« Des gens ont démissionné ici aussi. Ce n’est malheureusement pas une surprise de voir ces données », confie-t-elle, déçue, mais lucide.
Mme Brassard décrit une réalité lourde, où la charge de travail dépasse souvent les capacités humaines.
« Les enseignants travaillent fort, mais ils n’ont pas toujours les moyens de donner toute l’aide qu’ils voudraient. Tu as l’impression de ne pas faire ton travail à 100 %, et mentalement, c’est difficile », résume-t-elle.
Selon elle, plusieurs départs surviennent après un événement violent, souvent l’élément déclencheur d’une détresse déjà bien installée.
« Il y a des cas marquants. On m’a raconté l’histoire d’une enseignante qui vomissait chaque matin avant d’entrer au travail. Ces personnes sont allées au bout de ce qu’elles pouvaient supporter. »
La présidente du syndicat assure que tous les ordres d’enseignement sont touchés, du préscolaire au secondaire.
« Ce n’est plus seulement au primaire. J’ai des noms en tête, et c’est inquiétant. Des enseignants expérimentés quittent. »
Rien pour aider, de moins en moins de jeunes diplômés choisissent la profession.
Des élèves plus nombreux et plus fragiles
L’évolution des besoins des élèves rend le travail encore plus exigeant, selon Mme Brassard.
« Si je compare à 1992, j’en fais beaucoup plus aujourd’hui. On aide davantage les élèves en difficulté, mais on ne nous a jamais enlevé d’heures. Et les enfants arrivent avec plus de besoins : langage, autonomie, comportements. Dans le préscolaire, il y a même des enfants qui ne sont pas encore propres. »
Selon elle, l’une des pistes de solution passe par la création de classes spécialisées pour les élèves en difficulté. Elle s’interroge également sur la pratique actuelle qui fait en sorte que les élèves du primaire en difficulté ne sont presque jamais doublés.
« Il faut miser davantage sur la composition des classes. En adaptation scolaire, on a réussi à créer des groupes spécialisés au secondaire, mais pas au primaire. C’est une chance qu’on les ait, mais c’est loin d’être suffisant. »
Elle précise qu’un projet de service de répit avait été envisagé au Camp du Manoir, aux Éboulements, mais qu’un manque de fonds a malheureusement empêché sa réalisation.
Une chose est sûre pour Monique Brassard : il faut enfin écouter les enseignants, qui alertent depuis des années sur la lourdeur de la tâche et la montée de la détresse dans les écoles.
« On ne pourra pas régler la situation sans courage politique », conclut-elle.
Horizon
Horizon, des contenus marketing présentés par et pour nos annonceurs.