Projets d’aires protégées : aucune protection avant l’adoption
Alexandre Turgeon, directeur général du Conseil régional en environnement de la Capitale-Nationale.
21 projets d’aires protégées ont été déposés dans Charlevoix lors de l’appel à projets piloté par la Société pour la nature et les parcs, mandataire du gouvernement québécois. Les Conseils régionaux en environnement prennent le relais pour mener à bien la prochaine étape, celle de la concertation. Les territoires ne bénéficieront d’aucune protection tant et aussi longtemps que leur statut d’aire protégée ne sera pas officialisé.
Alexandre Turgeon, directeur général du Conseil régional en environnement de la Capitale-Nationale (CRE-CN), était dans Charlevoix à l’occasion d’une rencontre préparatoire de la table de concertation locale le 10 octobre.
Cette table réunit divers acteurs du milieu, dont certains porteurs de projet. Dans Charlevoix, par exemple, la Région de la biosphère, y siège.
«Le but de cette première rencontre était que chaque promoteur qui a soumis un ou des projets puisse les présenter aux membres de la table de concertation locale et qu’en parallèle, les représentants du ministère de l’Environnement puissent présenter l’analyse qui a été faite de chacune des propositions par l’ensemble des ministères concernés», indique M. Turgeon.
La table de concertation locale aura pour mandat d’évaluer les différents projets.
«Par exemple, plusieurs projets sont contigus, d’autres se chevauchent. Au lieu d’avoir 10 petites aires protégées, est-ce plus simple d’en avoir une seule grande ?», illustre M. Turgeon.
Les membres devront également mesurer le niveau d’adhésion de la collectivité envers les différents projets soumis.
«Le but des démarches de concertation locales est de voir s’il y a des acteurs qui ont des problèmes avec certains projets. À la fin du processus, quand les tables locales auront fait leurs recommandations, une table régionale va se réunir et faire ses recommandations au gouvernement de Québec, en fonction du degré d’adhésion-unanime, avec certaines oppositions ou avec plusieurs oppositions», résume M. Turgeon.
Les membres des tables locales ne siègeront pas tous à la table régionale, mais une représentativité sera assurée.
Pas de protection avant l’adoption
Les différents projets d’aires protégées ne jouissent d’aucun statut de protection à ce moment-ci du processus.
«Il n’y a pas de moratoire ou de ralentissement des activités qui pourraient être incompatibles avec les statuts des aires protégées, que ce soit des activités forestières ou minières, des projets de production ou de transport d’énergie», confirme Alexandre Turgeon. Des porteurs de projets s’en inquiètent.
«Je sais que c’est une préoccupation qui a été nommée dans d’autres régions du Québec, mais pas dans Charlevoix actuellement. La majorité des promoteurs qui ont présenté des projets d’aires protégées sont en relation et en discussion avec l’industrie forestière. L’industrie se tient au courant des projets et les promoteurs sont au courant des consultations sur les projets de coupe. Je n’ai pas senti qu’il y avait une course à bûcher.»
Selon lui, l’industrie forestière pourrait être plutôt favorable à certains des projets déposés.
«Le calcul des possibilités de coupe de bois, c’est une capacité théorique qui n’exclut pas les territoires inatteignables, accidentés. Des projets d’aires protégées visant ces territoires-là pourraient être favorables au milieu forestier. Oui, si on protège des secteurs, on enlève théoriquement des mètres cubes de bois, mais dans les faits, ils ne les auraient jamais exploités. À partir de là, les industriels pourraient négocier des contreparties.»
Selon l’échéancier, les recommandations des tables régionales devront être déposées à l’automne 2026 au gouvernement québécois qui doit officialiser les statuts des nouvelles aires protégées en 2027. Un nouvel appel à projets est d’ailleurs prévu en 2027.
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