À Saint-Urbain, le pont de la persévérance

Deux ans et demi après les inondations de mai 2023, les résidents de la rue du Bras à Saint-Urbain peuvent enfin tourner la page. Le nouveau pont privé qui relie ce petit secteur rural à la route principale est désormais ouvert à la circulation, marquant la fin d’un dossier mené du début à la fin par les citoyens eux-mêmes.

Le précédent ouvrage, d’une quarantaine de pieds, avait été emporté par la crue. La rivière, élargie et déplacée par la force de l’eau, a forcé les ingénieurs à repenser complètement la structure.

Le nouveau pont, long de 90 pieds, soit plus du double de l’ancien, repose sur de solides poutres d’acier conçues pour mieux résister aux montées des eaux.

« La rivière a tellement pris de place qu’il a fallu repartir à zéro, avec de nouveaux plans et des autorisations à chaque palier de gouvernement », raconte Karel Tremblay, résident du secteur et porte-parole des huit propriétaires concernés.

Les démarches ont également nécessité des autorisations du ministère des Pêches et Océans du Canada, la rivière abritant des populations de saumon.

Comme il s’agit d’un pont privé, la municipalité a laissé la responsabilité du dossier entre les mains des résidents.

Le chantier, évalué à 496 000 $, a été financé à 90 % par le gouvernement du Québec, le reste étant assumé par les propriétaires.

« On a tout fait nous-mêmes, du début à la fin », résume Karel Tremblay, qui a coordonné le dossier au nom des propriétaires.

« Ça a été un gros dossier, mais on n’avait pas le choix. Avec les inondations, il a aussi fallu déplacer notre maison. On n’a pas manqué d’ouvrage ces deux dernières années », raconte-t-il.

Reconnaissants

Pendant deux ans et demi, un pont temporaire du Groupe Lebel, à Saint-Hilarion, a permis de maintenir l’accès au secteur.

L’entreprise l’a prêté gratuitement, un geste que les résidents n’oublieront pas. « Sans eux, on aurait été complètement isolés. On souhaite que le nouveau pont porte leur nom, pour leur dire merci », ajoute-t-il.

Les travaux, amorcés à la fin juin, se sont terminés le 28 septembre dernier. L’ingénieur a confirmé la conformité du nouvel ouvrage, désormais permanent.

Pour les citoyens du rang du Bras, c’est la fin d’un long épisode d’incertitude. Ils figuraient sur la liste des personnes à évacuer.

« Dès qu’il pleuvait fort, on craignait d’être évacués. Ce stress-là, on peut enfin le laisser derrière nous », dit M. Tremblay, soulagé.