« Je me sens à ma place ici » : une Française menacée de devoir quitter Charlevoix

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Par Jérôme Gagnon 5:00 AM - 6 octobre 2025
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Jérôme Gagnon | Le Charlevoisien

Le Charlevoisien a rencontré la jeune femme la semaine dernière en pleine action dans son milieu de travail.

Les nouvelles règles d’Ottawa sur les travailleurs étrangers temporaires sèment l’inquiétude dans Charlevoix, où plusieurs entreprises misent sur cette main-d’œuvre. Au Petit Manoir du Casino, Éloïse Atthis fait partie de ces employés venus de l’étranger qui craignent de devoir tout quitter après s’être intégrés à la région.

Celle-ci n’a pas hésité à raconter son histoire. Éloïse Atthis cherche par tous les moyens à demeurer au Québec.

À La Malbaie, Éloïse a trouvé ce qu’elle cherchait : un emploi stable, un rythme de vie plus doux et un sentiment d’appartenance.

« J’ai trouvé ici une vraie qualité de vie. Je me sens bien, je respire. Je n’ai pas envie de repartir », confie-t-elle avec émotion.

Arrivée de France il y a un an et demi grâce à un permis Vacances-Travail, elle est aujourd’hui superviseure à l’accueil au Petit Manoir du Casino.

« C’est un emploi que j’aime, avec une belle équipe. On travaille fort, mais dans une ambiance humaine, pas stressante comme dans les grandes villes », ajoute-t-elle.

En amour avec le Québec

Son parcours ressemble à celui de plusieurs travailleurs étrangers installés dans Charlevoix, qui contribuent à faire rouler les hôtels, restaurants et entreprises touristiques de la région.

« Quand on est Français, on entend que le Québec recherche de la main-d’œuvre, alors on répond à l’appel », dit-elle en souriant.

À son arrivée, elle s’est rapidement adaptée à la vie locale. Elle s’est fait des amis, s’exprime déjà avec un accent québécois et participe à la vie de l’hôtel comme si elle y avait toujours travaillé.

« Les Charlevoisiens ont été très accueillants. Dès les premières semaines, je me suis sentie adoptée », raconte-t-elle.

Mais aujourd’hui, son avenir dans la province est incertain.

Un projet de vie en suspens

Le nouveau plafond fédéral de 10 % de travailleurs étrangers temporaires par entreprise vient bousculer ses plans. Son permis actuel expire le 31 mars et, malgré plusieurs démarches, rien ne garantit qu’elle pourra le prolonger.

« J’ai fait toutes les démarches possibles : j’ai écrit, j’ai appelé, j’ai cherché des solutions. Mais on se heurte à des murs administratifs », déplore-t-elle.

Elle a envisagé de déposer une demande de permis d’études, mais cette solution reste risquée.
« On m’a expliqué que, comme j’ai déjà eu un PVT, l’immigration peut penser que je veux rester à long terme et rejeter ma demande », explique-t-elle.

Pourtant, Éloïse a tout préparé : tests de français réussis, preuves financières réunies, documents en règle.
« Je ne veux pas tricher, je veux simplement continuer à vivre ici, à travailler honnêtement. Après, ce sera au bon vouloir du service d’immigration », insiste-t-elle.

Des émotions fortes

Éloïse ne cache pas que la situation est éprouvante.

« C’est une charge de stress continuelle de ne pas savoir où l’on va. On a beau travailler fort, on se sent impuissants face à tout ça. Ce qui est dur, c’est de se dire qu’on a tout donné et que ça ne dépend plus de nous », confie-t-elle.

Elle sait qu’elle n’est pas seule. Ses collègues vivent la même angoisse.

« C’est parasitant, on en parle chaque semaine. Chacun essaie de trouver une solution, mais tout change constamment. »

Peu importe l’issue, elle se dit reconnaissante envers ses collègues et les Charlevoisiens, qui l’ont accueillie à bras ouverts.

« J’aime cette région, j’aime les gens. Je me sens à ma place. J’aimerais qu’on nous laisse la chance de rester », dit-elle, la voix serrée.

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Jacques boivin
Jacques boivin
1 mois il y a

Le type d’immigrant que le Québec se doit de protéger. Le fédéral ne devrait plus s’immiscer dans le choix des immigrants et laisser cette responsabilité à chaque province.