Main d’œuvre étrangère : un hôtel pourrait perdre jusqu’à 10 employés

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Par Jérôme Gagnon 5:00 AM - 6 octobre 2025
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Jérôme Gagnon | Le Charlevoisien

Simon Vadnais, directeur général du Petit Manoir du Casino, s’inquiète de la perte possible d’une dizaine d’employés étrangers temporaires.

Charlevoix n’échappe pas aux effets du nouveau plafond fédéral de 10 % de travailleurs étrangers temporaires. Dans une région où le tourisme repose largement sur cette main-d’œuvre, la mesure pourrait se traduire par des coupures de services, des retards d’investissements et une pression accrue sur les employeurs déjà à bout de souffle.

Dans Charlevoix, des entreprises se préparent à encaisser le choc. Au Petit Manoir du Casino, à La Malbaie, la direction s’attend à perdre une dizaine d’employés lorsque leurs permis expireront.

Pour Simon Vadnais, directeur général de l’établissement, la situation s’annonce difficile.

« C’est un enjeu important pour nous dans les prochains mois », explique ce dernier, qui nous a accueillis dans son établissement.

Le dirigeant précise que le bassin de population locale ne permet pas de remplacer ces postes, malgré les efforts de recrutement constants.

« Les affichages sont permanents, mais il n’y a pas de réponse. Ce n’est pas parce que ce sont de mauvais emplois. Il n’y a tout simplement pas de candidats. »

Des impacts à prévoir

Les conséquences pourraient forcer l’hôtel à réduire ses services ou à fermer certaines chambres, comme ce fut le cas durant la pandémie.

« On ne sait pas si on va être capables de livrer toutes les chambres », dit-il, ajoutant que l’automatisation ne saurait remplacer le contact humain.


« Les clients viennent dans Charlevoix pour parler à du monde, pas à une machine. Ce n’est pas ce qu’on veut offrir. »

M. Vadnais rappelle aussi que des efforts considérables de temps et d’argent ont été déployés pour recruter ces travailleurs venus de l’étranger.

La majorité d’entre eux sont bien intégrés dans la communauté locale, et leur départ créerait un vide difficile à combler, tant sur le plan opérationnel qu’humain.

La main d’œuvre étrangère omniprésente

Le constat est similaire du côté de Tourisme Charlevoix.

Son directeur général, Mitchell Dion, souligne que le problème touche l’ensemble du secteur, de l’hôtellerie à l’agrotourisme.

« C’est une problématique qui affecte beaucoup le secteur touristique dans son sens large. Plusieurs entreprises nous ont manifesté être très inquiètes », explique-t-il.

Selon les données de l’organisation, près de 38,5 % des entreprises touristiques de Charlevoix ont eu recours à des travailleurs étrangers au cours de la dernière année.

Pour M. Dion, maintenir un seuil aussi bas que 10 % n’est pas viable.


« À 10 %, des entreprises auront de la difficulté à joindre les deux bouts. Elles ont déjà beaucoup adapté leurs services. Si, en plus, on réduit la main-d’œuvre étrangère sans solution locale, ce sera très difficile. »

Tourisme Charlevoix réclame que le seuil soit ramené à 30 %, un niveau jugé réaliste pour la région, et souhaite une meilleure coordination entre Québec et Ottawa.

L’organisation s’est dite très active lors de la dernière campagne fédérale. Elle a rencontré chacun des candidats pour discuter de l’enjeu.

Un cri d’alarme partagé

Les inquiétudes charlevoisiennes rejoignent celles exprimées le 2 octobre à l’Assemblée nationale, lors des audiences publiques sur la planification pluriannuelle de l’immigration 2026-2029.

L’Association hôtellerie du Québec (AHQ) et ses partenaires ont rappelé que le maintien en poste des travailleurs étrangers temporaires est essentiel pour la survie du secteur hôtelier et de l’économie régionale.

Devant les parlementaires, la PDG de l’AHQ, Véronyque Tremblay, a souligné que ces employés comblent des postes essentiels que les Québécois ne souhaitent plus occuper et qu’ils sont déjà bien intégrés dans leurs milieux de travail et leurs communautés.

Les associations préviennent qu’une réduction trop sévère du nombre de TET entraînerait la fermeture de chambres, l’abolition de services et le report d’investissements majeurs dans plusieurs régions du Québec.

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David Mancini
David Mancini
1 mois il y a

Au Club Med, leurs employés sont tous étrangers. Aux dernières nouvelles, aucun Québécois n’y travaillait.

François Lessard
François Lessard
1 mois il y a

Tous des employés étrangers au Club Med Charlevoix? C’est quand même assez incroyable quand on se rappelle des belles promesses. Club Med Charlevoix sera-t-il encore viable? Ils négocient une nouvelle convention pour des fantômes?