Notre hirondelle bicolore

En fouillant dans mes chroniques des dernières années, je me rends compte que je n’ai jamais parlé de notre hirondelle bicolore. Pourtant, la SHEC (Société d’Horticulture, d’Ornithologie et d’Écologie de Charlevoix) a installé des centaines de nichoirs dans Charlevoix, et la grande majorité sont occupés par cette espèce.

Mille excuses, laissez moi vous présenter une espèce que j’affectionne particulièrement, notre fidèle hirondelle bicolore.

Comme son nom l’indique, deux couleurs: un blanc immaculé sur le dessous, et un bleu – vert iridescent sur le dessus. Les ailes sont larges, et la queue est légèrement échancrée. Il s’agit d’un oiseau assez petit, 13,5 cm seulement. Ses ailes déployées font environ 35 cm, et l’arrière de l’aile se rend jusque vis à vis la queue, ce qui fait de l’hirondelle une grande virtuose en vol. Elle est d’une agilité et rapidité incroyable.

L’expression ‘L’hirondelle ne fait pas le printemps’ vient probablement du fait qu’elle nous revient souvent vers la fin mars au Québec, alors que l’hiver n’a souvent pas dit son dernier mot.

L’hirondelle niche dans des cavités naturelles, des arbres morts, en milieu  dégagé. Pas facile de trouver une résidence. Mais son arrivée hâtive lui permet d’occuper les meilleures cavités, avant l’arrivée des autres espèces cavicoles. Ces cavités sont peu nombreuses.

Mais fort heureusement l’hirondelle accepte volontiers le nichoir qu’on lui offre.

C’est en grande partie grâce à ces nichoirs si l’hirondelle est toujours présente chez nous, pour notre plus grand plaisir. La femelle peut pondre 4 à 5 œufs, et les deux parents alimentent les jeunes qui semblent avoir un appétit insatiable si on se fie aux éternels aller-retours des parents, le bec plein de protéines…

La population des hirondelles bicolores a beaucoup diminué depuis quelques décennies, particulièrement dans l’Est du Québec. Plus de 80%… C’est désolant. C’est pourquoi l’installation de nichoirs, tout comme pour le merlebleu, facilite le retour de l’espèce.

Elle nous arrive surtout du Mexique et d’Amérique centrale, et remonte vers nous au printemps en suivant les insectes qui constituent l’essentiel de son alimentation.  Mais contrairement aux autres espèces d’hirondelles, la bicolore peut aussi se nourrir de baies sauvages. C’est grâce à cette particularité alimentaire qu’elle peut devancer les autres espèces et arriver très tôt au printemps, alors que les insectes sont encore peu présents. Pourquoi un tel déclin dans la population? Les pesticides et la monoculture ont contribué à diminuer la population d’insectes. Moins d’insectes signifie des populations d’hirondelles qui ont de la difficulté à se nourrir et à élever une famille.

Parce que l’hirondelle bicolore aime les insectes de tous genres.  

Si vous cherchez une bonne raison pour installer un ou plusieurs nichoirs nichoirs chez vous, voici une donnée qui saura vous convaincre: un couple d’hirondelles bicolores  qui nourrit 4 à 5 petits va consommer environ 10,000 insectes par jour. Les adultes seuls consomment 2000 insectes quotidiennement.

C’est pourquoi on installe souvent des nichoirs dans des endroits infestés de moustiques afin de limiter les inconvénients causés par ces fâcheux maringouins…. Le vol agité, vif, constant, des hirondelles est un merveilleux spectacle, surtout lorsqu’on réalise que chaque coup d’aile représente un insecte piqueur de moins à votre recherche.….

La bicolore est un oiseau sociable qui s’accommode bien de la présence de l’homme. De plus, les couples d’hirondelles bicolores s’entendent très bien avec les autres couples de bicolores. C’est pourquoi on peut installer de nombreux nichoirs à proximité les uns des autres sans problème. Allez faire un tour au Parcours des Berges de Clermont pour vous en convaincre. 55 nichoirs assez rapprochés, avec un taux d’occupation frôlant les 40%. L’installation d’un nichoir est simple: ouverture face à un milieu dégagé, à environ 2.5 mètres de hauteur, la sortie idéalement en direction Sud Est afin d’éviter les vents forts et de profiter des premiers rayons du soleil du matin.

Le fait que les petits reviennent dans le secteur de leur naissance est encourageant pour Charlevoix. La population semble stable, possiblement en légère augmentation. Il n’en tient qu’à nous de leur donner un petit coup de main.

La SHEC, en collaboration avec les municipalités de Charlevoix, permet aux citoyens de se procurer des nichoirs à un coût minime. Les nichoirs sont construits par les résidents du centre de service de St-Placide de Charlevoix. Il suffit pour l’instant de me contacter, ou de contacter votre municipalité.

Vous aidez l’hirondelle, vous contribuez à améliorer la biodiversité dans Charlevoix, et vous vous assurez d’un immense plaisir, renouvelable à chaque printemps.

Bonnes observations.

Michel Paul Côté

oiseauxcharlevoix@gmail.com