Parc éolien Des Neiges : le BAPE appelle à une vision plus cohérente du développement éolien

Les audiences de la commission d'enquête du BAPE se sont déroulées à Baie-Saint-Paul.
Dans un rapport déposé ce mardi, la commission d’enquête du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) soulève d’importantes préoccupations en lien avec le projet éolien Des Neiges – Secteur Charlevoix. Porté par Boralex, Énergir et Hydro-Québec, ce projet de 57 éoliennes sur les terres de la Seigneurie de Beaupré, dans les secteurs de Baie-Saint-Paul et Saint-Urbain, entraînerait selon elle des impacts environnementaux significatifs, notamment sur la biodiversité.
La commission, composée de Marie-Eve Fortin, présidente, et de Martin Lessard, commissaire, a mené ses travaux du 20 janvier au 20 mai 2025. Elle souligne avoir permis aux citoyens de s’informer et de s’exprimer dans un cadre propice et respectueux.
Au terme de son analyse, le BAPE conclut que la configuration actuelle du projet pourrait compromettre la préservation de plusieurs espèces vulnérables, dont la population de caribous forestiers de Charlevoix.
Cette dernière, en déclin marqué depuis des années, est maintenue en captivité depuis 2022. La commission estime que le projet, tel que proposé, est difficilement conciliable avec les efforts de rétablissement pilotés par le gouvernement. Elle recommande de revoir la configuration du parc afin d’éviter toute emprise sur l’habitat critique du caribou.
Le projet soulève également des inquiétudes quant à ses impacts sur la grive de Bicknell et sur certaines espèces de chauves-souris. La commission juge essentiel que les meilleurs habitats de nidification de la grive soient préservés.
Elle demande des mesures soient mises en place pour limiter les mortalités potentielles de chauves-souris, notamment en encadrant les périodes de déboisement et en appliquant le bridage des éoliennes dès leur mise en service.
Plusieurs autres points décriés
La commission note que certaines zones d’intérêt, comme le mont du Lac des Cygnes dans le parc national des Grands-Jardins, seraient visuellement touchées. Elle recommande qu’une étude soit réalisée pour évaluer les effets de l’implantation éolienne sur l’attractivité touristique régionale, comme cela a été fait en Gaspésie.
Le BAPE rappelle aussi que le projet s’implanterait dans des bassins versants sensibles aux précipitations, ce qui pose un risque accru d’inondations. Il invite les promoteurs à travailler de concert avec les autorités locales et les organismes de bassin versant pour définir des mesures de mitigation cohérentes avec les efforts régionaux en cours.
La commission déplore en outre que plusieurs éléments d’information essentiels, comme la puissance exacte des éoliennes et leur configuration finale, n’étaient pas disponibles au moment de l’analyse. Elle insiste sur l’importance de rendre publics ces renseignements dans tout projet soumis à consultation.
Finalement, le rapport souligne l’absence de vision d’ensemble dans l’analyse des projets éoliens au Québec. Le BAPE invite le gouvernement à se doter d’une approche plus globale et cohérente du développement de la filière, notamment à travers des évaluations environnementales à l’échelle régionale ou sectorielle.
Cette approche, à une échelle plus large, favoriserait une meilleure prise en compte des effets cumulatifs que peuvent engendrer les projets et contribuerait à déterminer des balises susceptibles de mieux encadrer l’analyse des projets à venir, peut-on lire.
Le projet nécessite un investissement d’un milliard de dollars et prévoit verser 80 millions en redevances aux collectivités concernées sur 30 ans.
Au moment du dépôt du rapport, les modalités de partage de ces sommes n’étaient toutefois pas finalisées. La commission recommande que toute entente à ce sujet soit conclue avant que le projet ne reçoive une autorisation gouvernementale.
Horizon
Horizon, des contenus marketing présentés par et pour nos annonceurs.