Deux endroits exceptionnels, tous les jours de l’année

Par Michel Paul Côté 6:00 AM - 18 mai 2025 Chroniqueur | oiseauxcharlevoix@gmail.com
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Les parulines du parcours des Berges apportent leur propre festival des couleurs, en mai.

Le site charlevoisien par excellence, reconnu par tous depuis des dizaines d’années, est situé à Saint-Irénée, au bout de la plage, là où la rivière Jean Noël se jette dans le fleuve. On y a observé plus de 150 espèces différentes au cours des ans. C’est beaucoup pour un bord de mer. Beaucoup…

La rencontre entre l’eau douce et l’eau salée amène plusieurs avantages pour les oiseaux. L’endroit devient un garde-manger important pour les oiseaux de rivage, une source d’alimentation infinie. Plancton, poissons, crustacés. Et le courant de la rivière est suffisant pour maintenir une zone sans glace assez importante malgré les froids les plus mordants de l’hiver.

Il n’est donc pas surprenant que les laridés affectionnent cet endroit. Les goélands, mouettes et sternes font partie de cette famille, et ils abondent à Saint-Irénée.

Mais ils ne sont pas seuls : les eiders à duvet, une grande variété de canards, macreuses, grèbes, bécasseaux et chevaliers, labbes, harles, fuligules, huards, garrots y sont toujours présents. Pour les observer, il suffit de stationner sa voiture au bout de la route longeant la plage, près de la rivière. Vous descendez de votre véhicule, traversez avec prudence la voie ferrée située à quelques mètres, et vous levez vos jumelles. S’il pleut, ou fait -40 C, vous demeurez dans votre voiture et baissez un peu la vitre du côté passager. Pas compliqué…

Les périodes de migration réservent toujours des surprises. Le garrot d’Islande, dont la population est précaire, passe ses hivers à Saint-Irénée, en bandes de plus de 50 individus, avant de retourner nicher dans les muskegs de la côte nord au mois de mai. Il revient toujours en novembre.

L’endroit est aussi reconnu pour ses raretés : eider à tête grise, cygne, Fou de Bassan, macareux moine, petit pingouin, mouette pygmée, mouette atricille, goéland brun, la liste est longue, très longue. Il semble que le réchauffement climatique amène de plus en plus fréquemment des raretés, ou simplement que nous avons plus d’observateurs, qui sait ?

Avec plus de 150 espèces d’oiseaux observées à l’embouchure de la rivière Jean Noël, la difficulté principale est de ne pas être trop distrait par tout ce qui bouge autour de vous.

Depuis quelque temps, la zone d’estran située au nord de la plage est de plus en plus observée par les amateurs. C’est dans cette zone qu’on verra un nombre important de cormorans à aigrettes, se faisant sécher les ailes, bien tassés sur les rochers qui émergent à mer basse. Le grand cormoran s’y observe également régulièrement. Les grands hérons bleus abondent, parfois accompagnés d’un bihoreau. Si l’observateur pointe ses jumelles vers la falaise située derrière lui, il verra probablement le corbeau. En levant les yeux, l’été, de nombreux urubus à tête rouge planent doucement, à l’affût d’une carcasse. Avec un peu de chance, le pygargue à tête blanche fera sa tournée journalière pendant votre visite. Si vous observez un mouvement de panique chez les goélands, regardez autour. L’aigle arrive. Les goélands l’ont aperçu bien avant vous.

Et si vous passez suffisamment de temps dans ce secteur, vous verrez en juillet le faucon pèlerin surprendre sa proie, plongeant de très haut dans le ciel. Ça ne dure que quelques secondes, mais le souvenir d’une telle scène est éternel.

Les oiseaux de rivage sont omniprésents à St-Irénée.

Après votre sortie, la cantine Chez Ginette pourra combler une rage alimentaire. Et la municipalité a un projet de toilettes publiques qui devrait se réaliser bientôt.

Parcours des Berges de Clermont, à pied ou en vélo.

Présentement, c’est la période de migration. Un moins de 60 minutes, une tournée du Parcours des Berges vous permettra d’observer probablement entre 30 et 40 espèces différentes. Les parulines multicolores sont évidemment bien au rendez-vous. L’attrait de ce circuit est la variété des habitats qu’on traverse en parcourant la piste asphaltée. Les oiseaux aquatiques sont nombreux, autant sur la rivière, sur le plan d’eau du marécage situé près du poste d’accueil, et des 3 bassins d’épuration des eaux. Harles, garrots, canards, goélands, sont toujours très actifs. Les 55 nichoirs trouvent facilement des occupants. L’été dernier, un taux d’occupation de plus de 50% fut observé, principalement des hirondelles bicolores, mais aussi 3 couples de merlebleus. Le milieu forestier accueille plusieurs espèces de pics, les grimpereaux, roitelets, mésanges, sittelles. Au bout du sentier, de l’autre côté de la rivière, les falaises de sables montrent les terroirs du martin pêcheur. Un peu plus loin sur les falaises de la rivière niche d’ailleurs une importante colonie d’hirondelles de rivage.

N’oubliez pas, avec toute cette vie autour de vous, de lever les yeux vers le ciel : pygargue, urubu, faucon, épervier, corbeau… Les passereaux surveillent continuellement le ciel, car c’est le domaine des prédateurs.

Vous verrez probablement les chevreuils, le couple de castor qui est toujours bien affairé à entretenir son barrage, et récemment des loutres.

Donc, la prochaine fois que vous voudrez observer des oiseaux sans dépenser trop d’énergie, allez faire un tour à Saint-Irénée et à Clermont.

Vous y reviendrez souvent.

Bonnes observations !

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Louise Boileau
Louise Boileau
26 jours il y a

Merci pour cet intéressant article. J’aimerais bien avoir un guide qui me permettrait de voir le maximum d’espèces en une journée. Est-ce que vous avez une référence? Merci