Les producteurs de porc réclament une ASRA adaptée aux réalités régionales

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Par Jérôme Gagnon 2:50 PM - 15 mai 2025
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Alors que le nombre de fermes porcines continue de diminuer dans Charlevoix — passant de 11 à 8 en cinq ans dans Charlevoix-Est, et de 14 à 11 en trois ans dans la MRC de Charlevoix — l’Union des producteurs agricoles (UPA) de la région tire la sonnette d’alarme.

L’organisation et ses membres ont tenu, ce jeudi, une rencontre à l’Hôtel Baie-Saint-Paul. Ils ont réclamé entre autres à la députée de Charlevoix–Côte-de-Beaupré, Kariane Bourassa, une révision du programme d’assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA), qu’ils jugent inadapté aux particularités des régions éloignées.

« Je pense que Mme Bourassa a bien pris connaissance de la réalité. C’est sa région. Et le message est simple : c’est le temps d’agir. Il est temps de soutenir les producteurs des régions périphériques, notamment ceux de Charlevoix », souligne Yves Laurencelle, président sortant de l’UPA locale.

Dans Charlevoix, 19 fermes porcines produisent environ 60 000 porcs par année. Bien qu’elles ne représentent qu’une fraction de la production provinciale, elles génèrent néanmoins 54 % des revenus agricoles de la région.

Pour l’UPA, il est urgent que le modèle de l’ASRA tienne compte des surcoûts réels liés à l’éloignement, notamment en matière d’alimentation animale et de services spécialisés.

Les coûts de production y sont nettement plus élevés : produire un porc dans Charlevoix engendre des frais supplémentaires estimés à 11,58 $ par animal, des coûts actuellement non pris en compte dans le modèle en vigueur.

« Je l’ai toujours dit : il ne faut pas perdre l’ASRA au Québec. Mais il est mal adapté à la réalité des régions périphériques. Ce n’est plus vrai qu’élever un porc dans le Centre-du-Québec ou dans Charlevoix, c’est la même chose. On ne peut pas appliquer le même coût de production. Et quand il y a une chute des prix, les producteurs perdent deux fois : ils perdent leur revenu de vente, mais aussi l’assurance censée garantir ce revenu », explique M. Laurencelle.

L’UPA dénonce également la sous-évaluation du salaire des travailleurs spécialisés, pourtant essentiels dans une agriculture de plus en plus technologique et exigeante. Le modèle repose encore sur des données historiques qui ne tiennent pas compte de la rareté de la main-d’œuvre qualifiée ni des réalités actuelles du métier, souligne l’organisation.

Kariane Bourassa se dit sensible au dossier

L’élue affirme vouloir faire de l’agriculture une priorité. Elle reconnaît qu’un problème de communication est survenu à la suite de la manifestation tenue à La Malbaie. Kariane Bourassa souhaite porter ce dossier auprès de ses collègues des autres régions du Québec et admet que la réalité de Charlevoix est bien différente.

« Si les producteurs ne sont plus là pour occuper le territoire, ce sont des gens qui vont devoir partir vers les grands centres. Ce sont des familles qui ne vivront plus dans nos régions, des écoles qui vont fermer, des épiceries qu’on ne pourra plus maintenir ouvertes. Il faut comprendre que l’agriculture occupe le territoire, qu’elle nourrit nos régions. Il faut soutenir nos agriculteurs », affirme-t-elle.

D’ailleurs, l’UPA réclame aussi un meilleur accès à des fonds de soutien pour des projets structurants : entreposage de grains, traitement des lisiers, transformation régionale, ou encore création d’une certification « Porc de Charlevoix ».

Enfin, l’organisation plaide pour une reconnaissance pleine et entière de l’impact économique de l’agriculture régionale. Elle appelle à des politiques publiques mieux adaptées afin de soutenir un secteur essentiel à la vitalité des communautés rurales.

Les membres des médias ont discutés avec Yves Laurencelle et Kariane Bourassa à la suite de la rencontre.

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