Grève des ingénieurs du gouvernement : aucune négo, des constructeurs de routes inquiets

Par Lia Lévesque, La Presse Canadienne 12:30 PM - 5 mai 2025
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LA PRESSE CANADIENNE/Jacques Boissinot

Un chantier de construction routière sur l'autoroute 20 à Lévis, photographié le 19 septembre 2024.

L’impasse est totale entre Québec et le syndicat des 2100 ingénieurs du gouvernement, alors que ceux-ci ont amorcé leur grève illimitée le 2 mai et qu’aucune rencontre de négociation n’est même prévue cette semaine.

« Quand les ingénieurs seront réellement prêts à négocier, nous serons disposés à conclure l’entente », a commenté la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, sur X.

L’Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec (APIGQ) et le Conseil du trésor ne s’entendent même pas sur la teneur de l’offre gouvernementale.

La ministre LeBel maintient avoir fait la même offre salariale et sectorielle à l’APIGQ qu’aux autres employés de l’État. « Je garantis que les ingénieurs ont accès aux mêmes paramètres, à la même enveloppe sectorielle, aux mêmes conditions que les autres. Pas plus ni moins. »

Mais en entrevue lundi, le président de l’APIGQ, Marc-André Martin, a réfuté ces propos, affirmant qu’il s’était informé auprès des autres syndicats du secteur public de ce qu’ils avaient obtenu, lors de la dernière négociation, et que ce qui était offert aujourd’hui aux ingénieurs était inférieur.

Les offres salariales de 17,4 % sur cinq ans sont effectivement les mêmes. C’est l’enveloppe sectorielle, donc réservée aux conditions de travail propres aux ingénieurs, qui diffère, soutient-il. Cette enveloppe inclut les assurances, l’aménagement des bureaux et la structure salariale, explique-t-il.

« C’est ce genre de choses-là qui sont dans les enjeux sectoriels. Nous, on dit : qu’ils commencent par mettre de l’argent et, après ça, on déterminera où il va. Mais, pour l’instant, il n’y a pas d’argent », s’est exclamé M. Martin.

La négociation est aussi envenimée sur un autre front, alors que les deux parties ont déposé l’une contre l’autre une plainte pour négociation de mauvaise foi devant le Tribunal administratif du travail.

 Constructeurs de routes inquiets

Pendant ce temps, l’Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec (ACRGTQ) a déploré le déclenchement de la grève illimitée par les ingénieurs du gouvernement. Ceux-ci sont responsables, explique-t-elle, de l’émission des appels d’offres, des permis nécessaires et de la planification des chantiers en génie civil de l’État.

« Lors du dernier conflit en 2022, plus du tiers des chantiers du ministère des Transports et de la Mobilité durable ont été retardés. Les entrepreneurs ont ainsi dû réclamer d’importantes sommes au gouvernement (frais de mobilisation et de démobilisation), tout en jonglant avec la gestion de leur main-d’œuvre et la hausse des coûts des chantiers. En pleine crise économique, avec la menace d’une récession causée par les politiques américaines, cette situation ne peut se répéter », a critiqué l’association patronale du secteur du génie civil et de la voirie, par voie de communiqué.

« Tout retard du lancement des appels d’offres dès le début de la saison des travaux entraînera d’importants délais dans l’exécution des projets et aura pour effet de prendre en otage les employeurs et les travailleurs du secteur génie civil et voirie, au détriment des citoyens québécois qui sont en droit de s’attendre à un réseau routier en bon état et sécuritaire », ajoute l’ACRGTQ.

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