Les oiseaux et le sens de l’odorat

J’ai toujours cru que les oiseaux n’avaient pas vraiment un sens de l’odorat, les deux « orifices » situés à la base du bec servant principalement à respirer.

Il y a quelques mois, en lisant le numéro d’hiver de la revue Québec Oiseaux, j’ai lu avec intérêt l’article de l’excellente journaliste scientifique Valérie Levée. Je vous recommande grandement l’article intitulé « Les oiseaux ne manquent pas de flair ». Je vous recommande d’ailleurs de vous abonner à la revue absolument exceptionnelle qu’est Québec Oiseaux, une grande fierté pour le Québec.

De toute évidence, les recherches scientifiques portant sur l’odorat des oiseaux ont beaucoup progressé depuis plusieurs années. Je me suis plongé dans ma bibliothèque dédiée aux oiseaux.

Beaucoup de livres accumulés depuis plus de 50 ans. Quelques heures plus tard, bredouille, ou presque.

L’oiseau ne possède pas de nez, mais on peut qualifier les deux orifices situés à la base du bec de narines. Mais certains oiseaux de mer possèdent des « tubes » faisant office de narines, et possèdent un système olfactif. Ça on le savait. Mais les ornithologues ont toujours cru que la vision et un sens d’orientation basé sur les ondes magnétiques constituaient l’essentiel des outils de navigation des oiseaux.

Pas simple d’effectuer des études sur l’odorat des oiseaux…

Mais, lors des dernières décennies, les scientifiques ont exploré ce domaine encore peu connu chez l’oiseau.

Ainsi, l’odorat est très développé chez certaines espèces. Chez nous, l’urubu à tête rouge en est un très bon exemple. Cet oiseau diurne qui plane dans le ciel de Charlevoix les après-midis d’été se fie à ses yeux, mais aussi à son odorat pour trouver les carcasses d’oiseaux et de mammifères. C’est ainsi que ce charognard se dirige rapidement vers sa nourriture bien cachée sous le couvert de la végétation.

Pour les oiseaux insectivores, ces derniers trouvent les chenilles sur les arbres fortement attaqués. Mais ils trouveront aussi les chenilles sous l’écorce alors que l’arbre semble encore parfaitement sain. On suspecte qu’ils sentent les chenilles.

En mer, l’odeur du krill est détectée sur de longues distances par les oiseaux pélagiques.

L’odorat permet aussi à certaines espèces d’oiseaux de s’orienter. Les expériences ne sont pas simples : on fixe un petit aimant sur la tête de l’oiseau afin de rendre inefficace son système d’orientation basé sur le magnétisme de la terre. Tous les oiseaux portent un petit GPS. Les oiseaux atteignent tout de même leur destination. Toutefois les oiseaux portant un aimant et ayant eu leur sens de l’odorat éliminé par la section du nerf olfactif n’arrivent pas à destination et semblent complètement « désorientés ». Oui je sais, triste pour ces oiseaux qui sont utilisés pour ces tests….

Toujours plus près de chez nous, le moqueur chat semble utiliser son odorat pour retrouver, année après année, son site de nidification.

Finalement, l’odorat semble être utilisé par certaines espèces pour retrouver leur partenaire. Certaines espèces nichant dans des labyrinthes de terriers et qui vivent en colonies nombreuses retrouvent facilement leur partenaire lorsqu’ils reviennent la nuit, sans qu’aucun signal sonore ne se fasse entendre. Dans Charlevoix toujours, le canard Colvert mâle, très abondant pendant toute l’année, utilise l’odorat pour choisir sa femelle lors de la saison d’accouplement. L’odeur de l’huile de lissage produite par cette espèce afin de protéger leur plumage joue un rôle déterminant pendant la saison des amours. Pas d’odeur, pas de chum…

Tout ceci démontre que la faune ailée est un monde fascinant, qu’on ne cesse de découvrir…

Bonnes observations.

Michel Paul Côté
oiseauxcharlevoix@gmail.com