Plaidoyer pour les agriculteurs

Par Frank Corriveau 4:00 PM - 2 avril 2025
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Un tracteur lors de la manifestation d'agriculteurs du 15 mars 2024 à La Malbaie. Photo Archives

Madame Bourassa, 

Je vais être bien honnête avec vous, la décision de votre gouvernement m’échappe et me laisse même sans mot. 

Je ne suis ni né sur une ferme, ni agriculteur, mais cuisinier de métier. J’ai toujours eu comme vision que les vrais artisans de l’assiette sont les artisans de la terre. Mon travail en cuisine porte son lot de défis comme bien d’autres, mais ce n’est rien à côté de la réalité des cultivateurs. 

Il y a bientôt trois ans, j’ai eu l’incroyable opportunité de découvrir le monde du maraîchage dans la région de Charlevoix. Natif de Sherbrooke, j’ai décidé de faire le saut et m’installer dans cette région unique pour jumeler ma passion pour la cuisine avec celle du merveilleux monde des fruits et légumes. 

Avez-vous déjà songé à passer une journée dans les bottes d’un agriculteur pour comprendre leurs enjeux? Il faut se salir les mains au champ pour comprendre l’ampleur de leur travail. Ce sont les personnes plus travaillantes que je connaisse. Ils donnent corps et âme afin de nourrir le Québec d’aujourd’hui et de demain. 

Couper le budget de l’agriculture, c’est leur envoyer le message qu’ils ne sont pas prioritaires dans notre société actuelle. Ils font des miracles avec des ressources déjà plus que limitées et ils ont besoin de votre support. 

Au lieu de cela, votre gouvernement minimise leur contribution à un système alimentaire qui est déjà défaillant. Vous direz que la situation n’est pas si alarmante, que ce n’est pas si pire que ça. Allez faire un tour dans les supermarchés, et vous verrez que la majorité des produits issus de l’agriculture proviennent de l’extérieur du pays. Je ne peux parler pour tous, mais je n’ai aucun intérêt vis-à-vis les produits venant des États-Unis, d’Amérique du Sud, ou d’ailleurs dans le monde parce qu’ici, on est capable de faire de merveilleuses choses. 

C’est une part de notre identité qui est en jeu, et elle se doit d’être protégée avant qu’il ne soit trop tard. Les principaux acteurs sont déjà essoufflés et au bout du rouleau. 

Si j’ai fait le saut dans la région de Charlevoix, ce n’est pas que pour les paysages pittoresques, mais pour également l’amour des produits locaux. Ici comme ailleurs au Québec, nous possédons un savoir-faire qui nous distingue des autres. On observe présentement une vague de jeunes entrepreneurs qui essaient tant bien que mal de faire rayonner notre terroir. C’est une de nos plus grandes richesses, notre terroir. Nous devons le préserver plus que jamais. 

Plusieurs autres comme moi issus du domaine de la restauration sommes fiers de travailler avec les gens d’ici et des régions avoisinantes. J’aime savoir que le bœuf, la volaille, le canard, le poisson, les fruits, les légumes, viennent tous des fermes d’à côté. Ce n’est pas seulement encourager l’économie locale, c’est faire rayonner les plus belles régions du Québec ici même, mais aussi dans le monde entier.

Je vous demande de porter une réflexion sur le sujet et de vous intéresser à la situation des agriculteurs au Québec. Je me souviens est notre devise. Faites en sorte qu’on se souvienne de nos artisans présents et de demain.

Frank Corriveau
Baie-Saint-Paul

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