Le projet de loi agrandissant un dépotoir de déchets dangereux adopté sous bâillon

Le projet de loi visant à permettre l’agrandissement du dépotoir de déchets dangereux de l’entreprise Stablex à Blainville a été adopté sous le bâillon vendredi matin.
Les députés, qui ont siégé toute la nuit, ont finalement adopté le projet de loi 93 à 61 voix contre 31. Les trois partis d’opposition ont rejeté la pièce législative.
Ils y voient notamment un affront à l’autonomie municipale, puisque le gouvernement prend les grands moyens pour exproprier Blainville, afin de fournir à Stablex le terrain qu’elle convoite.
«Ce qu’on vient de voir, c’est un gouvernement qui a plié les genoux, qui a essentiellement obéit aux diktats d’une entreprise basée en Arizona», s’est insurgé le député péquiste Joël Arseneau.
Pendant les débats, dans la nuit de jeudi à vendredi, la ministre des Ressources naturelles, Maïté Blanchette Vézina, a continué de défendre le choix du terrain sélectionné par le gouvernement et l’entreprise.
Ce terrain compte neuf hectares de milieux humides et 58 hectares de boisés.
«On a fait une analyse qui est juste, qui est responsable, en regardant la balance des inconvénients, surtout le fait qu’on ne veut pas de bris de service», a plaidé Mme Blanchette Vézina.
«C’est le terrain qui nous permet d’éviter un bris de service, en mitigeant les impacts», a-t-elle tranché.
L’entreprise avait fait valoir que pour éviter une interruption de services, ses travaux de préparation, qui incluent l’abattage d’arbres, devaient débuter au plus tard au printemps 2025.
«Conséquences à perpétuité»
La mairesse de Blainville, Liza Poulin, a tenté à plusieurs reprises de convaincre le gouvernement Legault de revenir sur sa décision, sans succès.
Elle avait offert un autre terrain adjacent, une option écartée autant par le gouvernement que par l’entreprise, qui le considèrent comme trop petit et trop près, à 300 mètres, d’un quartier résidentiel.
Dans une vidéo publiée jeudi soir sur les réseaux sociaux, Mme Poulin a une fois de plus exhorté les parlementaires de «bien réfléchir à la décision qu’ils auront à prendre et qui aura des conséquences à perpétuité».
Elle a également fait savoir que la Ville de Blainville et la Communauté métropolitaine de Montréal avaient l’intention de contester la loi.
Au début des débats, jeudi soir, le leader parlementaire du gouvernement, Simon Jolin-Barrette, a reconnu que la Coalition avenir Québec «ne gagnera pas un concours de popularité avec cette décision».
«Mais par contre, quand on fait du service public, ce n’est pas pour être populaire, ce n’est pas pour des “likes”, mais c’est pour prendre des décisions qui sont difficiles», a-t-il soutenu.
«La balance des inconvénients ne nous laisse pas le choix (…) pour éviter un préjudice irréparable au bien-être et dans l’intérêt général de la population.»
Le centre de traitement de déchets industriels de Stablex comprend actuellement une usine de traitement et cinq cellules d’enfouissement.
Les déchets traités proviennent, par exemple, de l’industrie minière ou encore de l’industrie pharmaceutique. En 2024, 17 % de ces déchets étaient importés des États-Unis.
Il ne resterait que deux ans de capacité de stockage à Stablex.
Le terrain choisi permettrait à l’entreprise de construire une sixième cellule d’enfouissement et de poursuivre ses activités pour une quarantaine d’années, plutôt que 24 ans sur l’autre terrain plus petit.
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