Les sœurs Bolduc enfin dans la lumière

Par Jean-Baptiste Levêque 8:50 AM - 26 mars 2025
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Gabrielle Bouchard parmi des œuvres des sœurs Bolduc réalisées entièrement à partir de graines.

L’exposition « Le domestique », en cours au Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul, est un projet très personnel pour sa directrice générale Gabrielle Bouchard. Elle y met en lumière l’histoire de Charlevoix autant que deux artistes peu reconnues à leur époque.

« Actuellement, il y a beaucoup de réflexion sur le domestique, beaucoup d’artistes en parlent. C’était une thématique qui m’intéressait. Puis il y a aussi le fait que je commence à découvrir notre collection », explique la directrice générale, qui est aussi la commissaire de l’exposition.

Gabrielle Bouchard s’est plongée dans l’univers d’Yvonne et Blanche Bolduc, deux sœurs artistes et autodidactes qui ont tenu la première galerie d’art de Baie-Saint-Paul. Elle décrit leur œuvre comme « une peinture documentaire de la vie rurale de Charlevoix dans les années 1910 à 1930 ».

Les tableaux ont été peints dans les années 50, 60, « mais à partir de souvenirs, de choses qu’elles se font raconter sur une vie passée centrée sur la religion, le travail. La femme était centrale dans la maison, on la voit travailler, faire du pain, des tartes, le ménage, s’occuper des enfants », relate Gabrielle Bouchard.

Ces bas-reliefs sur bois étaient réalisées conjointement par Yvonne et Blanche Bolduc.

Si l’exposition met en lumière une identité charlevoisienne d’autrefois, elle est aussi un hommage « à des femmes qui ont été beaucoup regardées de haut. Les sœurs Bolduc, elles ont des œuvres partout dans le monde. Mais ce qui se passait à Montréal pendant leur carrière, c’était le Refus Global. »

Le célèbre mouvement artistique a donc fait de l’ombre au travail des sœurs Bolduc, dont la vie semblait déjà difficile. « L’autobiographie à Yvonne, c’est terrible à lire. C’est une vie de déceptions. “On m’a dit que c’était bon, mais juste d’un côté artisanal, pas d’un côté art” », imite la commissaire d’exposition.

« Si elles avaient existé 30 ans avant ça, ça aurait peut-être été une toute autre situation pour elles. Mais je trouve ça important de les montrer pour elles et non comme un témoin de l’histoire », ajoute Gabrielle Bouchard.

Un paravent représentant une scène d’époque de Charlevoix.

L’art d’économiser dans un contexte incertain

Même si elle fait partie d’une volonté de redécouvrir des artistes de Charlevoix, l’exposition « Le domestique » a aussi été élaborée dans un souci d’économie. La directrice générale du musée est elle-même commissaire et l’institution a sauvé des coûts de transport et de manutention.

« Le trois quart des œuvres nous appartiennent. Le reste vient du Musée de Charlevoix, puis les archives sont les nôtres et celles du Centre d’archives de Charlevoix », précise Gabrielle Bouchard, qui y voit aussi une occasion de mettre en valeur la collection du musée.

Alors que le milieu de la culture est en crise, le musée doit faire preuve de prudence dans ses dépenses. Ainsi il a aussi été décidé de monter deux blocs d’expositions par année plutôt que trois.

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