L’œil de l’oiseau

Par Michel Paul Côté 6:00 AM - 23 mars 2025 Chroniqueur | oiseauxcharlevoix@gmail.com
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Le regard perçant d'une chouette lapone. Photo Luc Dufour

Au lever du soleil, l’oiseau ouvre les yeux. Il observe avec intensité un monde inconnu de l’homme. Le monde de l’invisible, du très petit.

L’oiseau voit des détails que l’homme ne peut observer dans son quotidien. Le mouvement furtif d’une souris bien camouflée dans l’herbe haute, la présence d’une proie nageant sous la surface mouvementée d’un plan d’eau, un papillon immobile se nourrissant au milieu des fleurs, ou simplement un minuscule rongeur qui traverse un champ à plusieurs centaines de mètres de distance.

Les oiseaux de nuit ne sont pas en reste. Ils se déplacent rapidement, en volant silencieusement dans la dense forêt, ciblant avec une grande précision leur proie qui tente de se confondre dans la noirceur nocturne.

Comment font-ils? Dans les cultures anciennes, l’œil de l’oiseau représentait la protection, la clairvoyance, la sagesse. Au-delà des attributs un peu magiques, voire spirituels, que les anciennes civilisations accordaient au regard de l’oiseau, la science moderne nous explique le fonctionnement de l’œil de l’oiseau.

Contrairement aux mammifères (dont nous sommes), l’œil de l’oiseau n’est pas sphérique mais bien asymétrique. La cornée est très convexe, et l’arrière de l’organe est très grand, permettant d’accueillir beaucoup plus de cellules sensorielles de la rétine. L’œil est donc très gros, et occupe une grande partie de la boite crânienne, en repoussant le cerveau vers l’arrière.

La cornée de l’œil de l’oiseau, très courbée, leur permet un angle de vision très large, jusqu’à 120 degrés pour les passereaux. Elle permet aussi de concentrer efficacement les rayons lumineux vers la rétine, augmentant grandement la vision, particulièrement chez les oiseaux de proie.

Finalement, les oiseaux ont une vision tétrachromatique… Simplement dit, les oiseaux possèdent quatre types de cônes photorécepteurs alors que l’homme n’en possède que trois. Ce quatrième récepteur permet de déceler les ondes ultraviolettes, invisibles pour l’humain. La lumière ultraviolette est partout. Les oiseaux s’en servent pour trouver des sources de nourriture comme les fruits et les fleurs, pour différencier et identifier d’autres oiseaux, même pour trouver sur le sol ou la neige les traces d’urine laissées pas les petits rongeurs, l’urine émettant des ondes ultraviolettes. Ainsi, lorsque vous voyez un rapace sur un fil qui observe un champ couvert de neige, il surveille en fait les routes empruntées par leur prochain repas…

La position de l’œil, souvent de chaque côté de la tête, explique aussi pourquoi les pics doivent tourner la tête de côté lorsqu’ils se présentent aux mangeoires.

Pour les hiboux et chouettes, c’est un peu différent. L’œil est si gros qu’il ne peut pas tourner pour suivre les mouvements de sa proie. Il est fixe dans son orbite.

Mais les hiboux tournent presque complètement la tête, 270 degrés pour être précis. Ils accomplissent cela sans souffrir de torticolis grâce à 14 vertèbres cervicales, soit le double de l’homme.

La prochaine fois que vous observerez un oiseau avec vos dispendieuses jumelles qui rapprochent huit fois, prêtez attention à son regard. L’oiseau vous examine lui aussi, jusqu’au moindre détail…

Bonnes observations.

Michel Paul Côté
oiseauxcharlevoix@gmail.com

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