SAAQclic: le conseil d’administration a protégé la CAQ, selon le PLQ

Par Patrice Bergeron, La Presse Canadienne 4:30 PM - 11 mars 2025
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Le député libéral Monsef Derraji lors de la période des questions à l'Assemblée nationale, le 20 février 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Jacques Boissinot

L’opposition officielle éclabousse le conseil d’administration de la SAAQ et son président dans le scandale SAAQclic, les dépassements de coûts de 500 millions $ du virage numérique à la Société d’assurance automobile du Québec. 

Le député libéral Monsef Derraji a épluché les procès-verbaux du conseil d’administration de la SAAQ et conclut qu’il y a eu « ingérence politique » et que les membres ont protégé le gouvernement caquiste. 

Dans un rapport accablant, la vérificatrice générale Guylaine Leclerc a constaté que le conseil d’administration avait écarté l’attribution d’un supplément de 222 millions $ aux entreprises SAP et LGS, qui a plutôt été morcelé en plusieurs petits contrats, en pleine campagne électorale, en raison d’un «risque politique et médiatique élevé».

Lors de la séance du 14 septembre 2022, soit durant la campagne électorale, le conseil d’administration a longuement discuté du projet de virage numérique, mais aussi de la stratégie contractuelle de la SAAQ relativement au projet, sans qu’on puisse lire les délibérations caviardées. 

Le lendemain 15 septembre, nouvelle réunion du conseil d’administration, qui discute de nouveau de la stratégie contractuelle, puis le président du c.a., Konrad Sioui, prend la peine de rappeler aux membres «certaines obligations s’appliquant aux administrateurs dans un contexte d’élections générales», peut-on lire. 

Selon M. Derraji, ce rappel n’est pas anodin. Questionné sur la nature de ces «certaines obligations», à savoir s’il s’agissait par exemple d’un devoir de réserve, le député dit n’avoir jamais rien lu de tel concernant les administrateurs, alors qu’il est lui-même administrateur de société certifié (ASC). 

M. Derraji a soutenu que cet enchaînement de décisions et cette intervention du président du c.a. constituent des preuves.  

« Il y a eu un choix politique de morceler le contrat pour ne pas mettre la CAQ dans l’embarras en pleine campagne électorale », a-t-il affirmé au cours d’une entrevue avec La Presse Canadienne.

«Ils ont tout fait pour que ça ne sorte pas pendant la campagne électorale», a-t-il poursuivi, en rappelant que M. Sioui avait été nommé par la CAQ. 

Le ministre des Transports de l’époque, François Bonnardel, n’a cessé de clamer qu’on lui avait menti et que la SAAQ avait menti aux parlementaires. 

« Le conseil d’administration savait, mais pas M. Bonnardel ? C’est absurde ! », a riposté M. Derraji.  

Il exige que le contenu de tous les procès-verbaux soit décaviardé le plus tôt possible, même si le premier ministre François Legault a annoncé la tenue d’une commission d’enquête pour faire la lumière sur SAAQclic. 

« Les caquistes ont tellement perdu de crédibilité que ça ne sert plus à rien de cacher l’information », a-t-il plaidé.

Depuis son lancement en 2017, le programme CASA de la SAAQ, son virage numérique, a coûté 500 millions $ de plus que prévu, pour un total qui dépassera le 1,1 milliard $ en 2025. 

Le gouvernement caquiste n’a pas cessé de répéter qu’il n’en savait rien et qu’on lui avait tout caché, mais la ministre des Transports actuelle, Geneviève Guilbault, le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Éric Caire, voire le ministère du premier ministre lui-même avaient été informés des mises à jour du projet.

M. Caire a d’ailleurs dû démissionner le jeudi 27 février.    

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