Des Canadiens annulent leur projet de voyage aux États-Unis

Les compagnies aériennes et les agences de voyages constatent une chute des réservations vers les États-Unis, alors que les Canadiens revoient leurs plans en raison de Donald Trump, mais aussi de la faiblesse du huard.
L’agence de voyages Flight Centre Travel Group Canada indique que les réservations vers les villes américaines ont chuté de 40 % en février par rapport au même mois en 2024. Un client sur cinq a annulé son voyage aux États-Unis au cours des trois derniers mois.
Depuis l’entrée en vigueur de droits de douane sur la plupart des marchandises à destination des États-Unis en provenance du Canada et du Mexique, les voyageurs ne montrent aucun signe de renverser cette tendance.
Air Canada a annoncé le mois dernier qu’elle réduirait de 10 % son offre de vols en mars vers la Floride, Las Vegas et l’Arizona — des destinations généralement prisées pendant la saison des semaines de relâche du printemps.
WestJet indique également dans un courriel qu’il y a eu cet hiver un déplacement des réservations des États-Unis vers d’autres destinations soleil, comme le Mexique et les Antilles.
Chez le transporteur à bas prix Flair Airlines, le nombre de vols à destination des États-Unis en mars a diminué de 24 % par rapport à l’année précédente, selon la société de données sur l’aviation Cirium. Le nombre de vols d’Air Transat vers les États-Unis a chuté de 12 %, tandis que Sunwing Airlines a supprimé tous ses vols vers les États-Unis.
L’aversion soudaine des Canadiens pour leur voisin du Sud est attribuable aux droits de douane sur les produits canadiens — brandis comme une menace depuis le premier jour de la présidence de Donald Trump et entrés en vigueur à 00 h 01 mardi —, a déclaré Martin Firestone, président de la société d’assurance voyage Travel Secure, de Toronto.
Il a souligné le sentiment de «trahison» d’un pays que le Canada considérait comme son plus proche allié. «On n’avait jamais vu ça auparavant.»
Taux de change
Les voyages d’affaires ont également ralenti, car les acheteurs et les vendeurs ont suspendu leurs relations commerciales, un «ralentissement» qui avait commencé en raison des incertitudes qui ont débuté en novembre avec l’élection de Donald Trump, soutient Amra Durakovic, porte-parole de Flight Centre Travel Group.
Le boycottage des voyages aux États-Unis survient dans le contexte d’une vague plus large de patriotisme économique au Canada, alors que les consommateurs cherchent à «acheter canadien» et évitent les produits du plus grand partenaire commercial du pays.
Cela coïncide également avec une augmentation des annonces immobilières des Canadiens dans le Sud, en particulier en Floride, car la faiblesse du huard y a fait grimper le coût de la vie, mais contribue à accroître les gains sur les ventes de maisons lorsque les profits sont convertis en dollars canadiens.
«Cela devient très intimidant pour les ‘snowbirds’, et c’est pourquoi nous allons en perdre un certain nombre», a déclaré l’assureur Firestone, qui souligne toutefois qu’il en reste encore des centaines de milliers.
Mme Durakovic admet elle aussi que le taux de change demeure un élément clé dans l’équation. Elle a pris l’avion en janvier de Toronto à l’aéroport de Newark, au New Jersey, pour un voyage d’affaires à New York, sautant dans un taxi à son arrivée pour se rendre au centre-ville de Manhattan.
«Avec le péage sur l’autoroute et le pourboire, ma course en taxi m’a coûté 135 dollars américains pour un trajet de 15 minutes, soit à peu près 200 dollars canadiens. Qui a autant d’argent à débourser pour revenir de l’aéroport ?»
Le huard a oscillé autour de 70 cents américains au cours des derniers mois.
Certains des voyageurs qui auraient afflué vers le Sud sans l’effet Trump et le taux de change se sont dirigés vers d’autres destinations. Mme Durakovic cite l’Australie, la Corée du Sud, la Colombie et l’Argentine comme des destinations d’escapade de plus en plus populaires. «À cause du dollar», ajoute-t-elle.
Mais d’autres joueurs de l’industrie ne sont pas convaincus que les Canadiens changeront simplement leurs plans de voyage pour des destinations de vacances ailleurs qu’aux États-Unis.
«Je ne crois pas que les gens voyageront ailleurs, comme au Japon, s’ils possèdent un condo en Floride parce que le dollar continue à descendre», estime l’assureur Firestone. Ceux qui voyagent en voiture pourraient être particulièrement réticents à passer l’hiver ailleurs, croit-il.
Environ 3,5 millions de Canadiens visitent la Floride chaque année, dont un demi-million pendant plusieurs mois consécutifs. Ils y laissent environ 6,5 milliards $ dans l’économie locale, selon une étude d’impact réalisée en 2018 par le Service des délégués commerciaux du Canada.
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