Un visiteur venu du grand Nord : la perdrix blanche

Il y a deux ans, lors d'un voyage à Pointe Pelée pendant la migration printanière, un lagopède des saules s’est présenté sur la pointe, très tôt le matin. Il venait de traverser le lac Huron pendant la nuit. Il est tombé sur des milliers d’observateurs qui affluent à cet endroit au printemps. Pauvre oiseau, épuisé ! Heureusement, des gardiens du parc ont pu, difficilement, éloigner quelque peu tous les observateurs qui souhaitaient photographier cette rareté. L’oiseau s’est lentement déplacé vers le boisé situé à quelques centaines de mètres, sous le bruit incessant des caméras. Les gardiens, munis de cônes oranges, ont ouvert un passage au travers les observateurs afin que l’oiseau puisse y trouver refuge et refaire ses forces. À midi, il s’envolait vers le Nord, vers la toundra canadienne. Il en avait long à raconter aux autres lagopèdes.
La région de Charlevoix attire de plus en plus souvent des oiseaux que l’on peut qualifier de «inhabituels». Certains utilisent le terme «rares».
Hirondelle à front brun, généralement confinée au Mexique, Tohi de l’Ouest canadien, Courlis Cendré, Chouette Lapone, la liste est longue.
Est-ce le résultat des changements climatiques, ou simplement le fait qu’il y a de plus en plus d’amateurs qui ajoutent leurs observations sur l’application eBird? Probablement un mélange des deux facteurs.
Ces jours-ci, il s’agit d’un visiteur provenant du Grand Nord québécois qui semble se plaire à Baie Ste-Catherine. Notre visiteur se nomme le Lagopède des Saules.
Un lagopède fait la manchette depuis quelques semaines dans le secteur de la Mauricie, attirant des douzaines d’observateurs quotidiennement.
Toutefois Charlevoix accueille aussi un lagopède des saules depuis plusieurs semaines. Il se tient à Baie Ste-Catherine, le long de la route 138. Il semble être vu régulièrement dans les champs en face du camping, vers le 554.

Le lagopède des saules (Lagopus lagopus) est un oiseau emblématique des régions nordiques du Québec, appartenant à la famille des gallinacés. Il se déplace rarement au Sud de sa toundra arctique et de la toundra québécoise.
Tout blanc l’hiver, avec un fort bec noir. Assez trapu, il fait 40 centimètres, pèse 550 g et mesure environ 60 cm lorsque les ailes sont déployées. Plusieurs le comparent à une grosse perdrix. «La perdrix blanche» est d’ailleurs le surnom que plusieurs québécois lui donnent.
L’espèce est reconnue pour son adaptation exceptionnelle aux environnements froids. Son plumage change selon les saisons : brun en été pour se camoufler dans la végétation et blanc en hiver pour se fondre dans la neige. La nuit, ou lors de froids extrêmes, le lagopède trouve refuge sous la neige.
Il possède des pattes recouvertes de plumes, agissant comme des raquettes naturelles, lui permettant de se déplacer aisément sur la neige.
Il affectionne les zones broussailleuses humides avec des aulnes et des saules.
En hiver, certains individus migrent vers le sud jusqu’au domaine de la pessière à mousse, bien que ces mouvements soient limités et cycliques.
Purement végétarien, le lagopède se nourrit l’hiver de plantes et ajoute les insectes à son menu pendant l’été. L’hiver, le verglas et les chutes de neige abondantes rendent l’accès à la nourriture difficile. C’est à ce moment que nous recevons ces visiteurs.
Présentement (février 2025), la région de Charlevoix accueille des chouettes lapones et 1 lagopède… Assez rare…
L’espèce est toutefois abondante au Nord du Québec et n’est pas considérée menacée. Cependant, une légère diminution des populations a été notée depuis les années 1970.
La chasse au lagopède est une activité populaire dans le nord du Québec, avec une limite quotidienne de 10 oiseaux. Elle s’étend généralement de septembre à avril.
Le lagopède des saules incarne parfaitement l’adaptation à la vie nordique et reste une espèce fascinante pour les ornithologues et chasseurs québécois.
Mais lorsque le lagopède se retrouve dans un environnement nouveau, il doit s’adapter. La nourriture est différente, les prédateurs sont différents, la végétation est différente.
Le Grand-duc d’Amérique, le harfang des neiges, la buse pattue, le faucon pèlerin, le pygargue, le corbeau, les renards, le loup, le lynx, tous constituent une menace pour le lagopède.
Ces défis combinés menacent leur capacité à s’établir temporairement dans des régions méridionales. Fort heureusement, leur habileté à se camoufler sous la neige, leur grande discrétion, leur plumage immaculé, et leur capacité de s’envoler très rapidement permettent à l’espèce de bien s’en tirer dans un nouveau milieu hostile.

Profitez des derniers jours de l’hiver pour aller observer notre perdrix blanche à Baie-Sainte-Catherine avant qu’elle ne retourne dans son Grand Nord.
Bonnes observations.
Galerie photo
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J’ai vu des lagopèdes devant chez moi en haute cote nord cet hiver..j’ai des photos!