Rôle d’évaluation : « L’argent, ça ne se mange pas! »

J’emprunte cette pensée à la spiritualité amérindienne.
Je viens de recevoir le nouveau rôle d’évaluation de ma modeste propriété de Saint-Irénée. À l’instar de monsieur Peter Girard de Saint-Irénée, j’ai vu l’évaluation faire un bond vertigineux sous prétexte que j’ai « la vue »!
D’abord c’est quoi « avoir une vue »! Quels en sont les critères et comment la quantifier pour la chiffrer! J’aimerais bien avoir la grille d’évaluation.
Et si je vais m’installer dans le rang Saint-Pierre avec vue sur les porcheries, va-t-on me taxer parce que j’ai vue sur « des artéfacts bucoliques de la ruralité paysanne »?
Va-t-on taxer en fonction de l’ensoleillement, du vent voire de la vue sur les étoiles?

On me dit que c’est la loi du marché! Je veux bien, mais est-ce la seule loi qui a cours?
La loi du marché est une loi décrétée par des humains, donc elle se change à volonté.
Comme société nous semblons oublier qu’il y a la loi de la Nature : cela nous prend des terres pour cultiver, faire de l’élevage voire produire du bois.
Et que fait-on des droits? Droit au logement décent, droit à une communauté conviviale, à une sécurité autant dans l’enfance que dans le vieillissement!… Etc.

On parle de bulle immobilière. Moi je parle de psychose, de délire. Nous ne sommes plus en contact avec la réalité. L’argent ça ne se mange pas!

En 1990 j’ai eu la chance de manquer d’eau. Même si la vue pouvait me faire saliver elle ne me désaltérait
pas!

Sommes-nous comme cet enfant à qui on expliquait qu’il n’y avait plus d’ormes parce qu’on les avait tous coupés et qui répond : « Tu n’as qu’à aller chez BMR, ils en vendent! »

Cela va prendre des maisons accessibles pour nos enfants et nos petits-enfants si nous ne voulons pas
rester dans un ghetto d’ultra riches!
Que faisons-nous du réseau social, du « milieu de vie », de la communauté?

Saint-Irénée se veut un village « ami des Aînés »! Encore faudra-t-il être capable d’y résider!

J’ai bientôt 75 ans. J’ai cette maison depuis 1983 parce que je l’ai achetée avec mon père de son vivant : c’était mon héritage. Je veux la laisser à mes enfants et mes petits-enfants. C’est le fruit de vies de labeur
et d’économie. C’était aussi de revenir aux racines de la famille du père de mes enfants. Et là je risque d’être obligée de partir parce que je n’aurai plus les moyens de la garder? Et je ne suis pas la seule dans ce cas!

Ce qui se passe aujourd’hui augure mal pour le futur!

Sommes-nous conscients que la loi du marché a un lien direct avec la santé mentale et physique des gens qui en sont affectés négativement? Et on se plaint que les soins de santé coûtent de plus en plus cher Que la santé mentale des jeunes, en particulier, se dégrade?
Comment vouloir vivre dans une société où seul l’argent est une valeur : fais n’importe quoi, mais fais de l’argent.
Comme psychologue je vois la détresse causée entre autres par cette difficulté à se loger décemment.

Alors que la pandémie et la crise actuelle nous sensibilisent à l’importance de l’autonomie alimentaire, nous voulons vraiment mettre en péril les derniers espaces qu’il nous reste?
C’est ouvrir la porte à Monsanto (devenu Bayer) qui déjà nous vend des graines stériles qui nous obligent à revenir les lui acheter et bientôt ils vont nous vendre des carottes et du poulet synthétiques. Et on va appeler cela un progrès de la science! Vive la dépendance aux multinationales et aux ultra-riches!

Et qui va nous racheter? Les Américains?, les Chinois? Ceux qui veulent blanchir leur argent?

J’ai l’impression d’être sur le Titanic!

En attendant le naufrage je choisis de vivre, d’aimer et surtout d’aider, de partager pour essayer de faire
le Colibri : faire ma part pour garder un peu d’humanité et de solidarité dans ce capitalisme sauvage et hors de contrôle! C’est la Grenouille qui se prend pour un Bœuf!
Et que dire à nos enfants? Quel est le sens de la vie? Quel avenir je leur laisse en héritage?

Je me plais à dire à mes clients.es que ce n’est pas l’Ours polaire qui est en danger, il va s’adapter. Il a déjà commencé à le faire.
Ce qui est en danger c’est l’HUMAIN, c’est l’humanité, l’humanitude.

Louise Lettre, M.Ps.
Psychologue-psychothérapeute
Saint-Irénée

PS : J’accepterais de donner ce 1 000 $ d’augmentation pour créer un «pool » de terres permettant l’agriculture et l’élevage, quitte à les louer à des jeunes qui représentent la relève pour assurer notre autonomie alimentaire!

NDLR : Le terrain de Louise Lettre valait 5 000 $ en 1983, 50 000 $ en 2024 et vient de passer à 300 000 $.