Chefferie du PLC: quelques désaccords sur l’approche face à Trump

Celui qui est vu comme le meneur de la course à la chefferie du Parti libéral du Canada (PLC), Mark Carney, affirme que le Canada doit se concentrer, face à la menace tarifaire venant des États-Unis, sur ce qu’il peut contrôler, et cela exclut, selon lui, le président américain Donald Trump.

«On ne peut pas contrôler le président Trump. On peut être maîtres chez nous, on doit renforcer notre économie immédiatement. Ça va augmenter, ça va renforcer notre position pour (des) négociations», a dit l’ex-gouverneur de la Banque du Canada, en ouverture du débat en français avec les autres aspirants chefs libéraux.

M. Carney est celui qui a, dès les premières minutes, le plus trébuché dans la langue de Molière. À un certain moment, celle qui est vue comme sa principale rivale dans la course, l’ex-vice-première ministre Chrystia Freeland, l’a aidé à dire «gestion de l’offre» puisqu’il peinait à terminer sa phrase.

M. Carney voulait souligner qu’il ne compte pas toucher à la gestion de l’offre ni les exemptions culturelles dans toutes négociations commerciales futures avec les États-Unis.

Mme Freeland a corrigé M. Carney quand il a affirmé, visiblement par inadvertance, que le Canada est d’accord avec le Hamas.

Celle qui était jusqu’à tout récemment ministre des Finances a aussi exprimé un désaccord avec M. Carney quant à son approche pour que le Canada réponde aux menaces de M. Trump.

«Je ne suis pas d’accord qu’on ne peut pas répondre au président Trump et qu’on ne peut pas gagner», a-t-elle signalé.

Elle a plaidé que le Canada est «le marché le plus important pour les États-Unis, plus important que la Chine, le Japon, le Royaume-Uni et la France ensemble».

«Alors on peut ”activiser” les Américains avec une réponse forte et on doit le faire», a-t-elle ajouté, employant un mot qui n’existe pas dans la langue de Molière.

M. Carney a  utilisé à plusieurs reprises l’expression «maîtres chez nous», on doit renforcer notre économie immédiatement», popularisée par l’ancien premier ministre du Québec Jean Lesage.

L’ex-leader parlementaire Karina Gould a fait valoir que la situation n’est pas la même aujourd’hui que durant la première présidence de M. Trump.

«Chrystia a fait un excellent travail avec (la renégociation de) l’ALÉNA la première fois, mais on doit aussi reconnaître qu’on ne peut pas répondre de la même manière cette fois-ci.»

Quant à l’homme d’affaires et ex-député montréalais Frank Baylis, il a insisté pour dire qu’il a de l’expérience à «dealer» avec des individus comme M. Trump.

L’aspirant chef, entièrement bilingue, a soutenu qu’il a «négocié déjà des centaines et des centaines de contrats avec des Américains».

«De temps en temps, j’ai rencontré le caractère de M. Trump et je sais comment dealer avec ce monsieur-là», a-t-il fait valoir.

Le premier thème du débat était «La place du Canada dans le monde», plus précisément dans le contexte de la menace tarifaire constamment répétée par le président américain, Donald Trump.

Lundi soir est la seule fois que les quatre candidats à la chefferie du PLC croisent le fer en français au cours d’un débat dans cette langue.

La joute oratoire doit se poursuivre sur trois autres thèmes: «bâtir une économie forte», «soutenir la population canadienne» et l’«action climatique».

L’ancien chef d’antenne de TVA-Québec Pierre Jobin assure la modération du débat.

Mardi, un deuxième et dernier débat réunira les quatre candidats à la succession du premier ministre Justin Trudeau – cette fois-ci en anglais.

Mercredi, les membres du PLC inscrits pourront commencer à voter pour déterminer l’issue de la course.

Le prochain chef du PLC et premier ministre sera connu le 9 mars.