Parc éolien Des Neiges-Charlevoix : l’encadrement de la MRC mis en doute

Par Emelie Bernier 8:04 AM - 20 février 2025 Initiative de journalisme local
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Martin Lessard, commissaire, et Marie-Eve Fortin, présidente, ont écouté avec attention les présentations, posant des questions précises afin de rendre un rapport le plus juste possible. La commission n'est pas décisionnelle. Il appartient au conseil des ministres de dire si le projet ira de l'avant ou pas.

L’organisation Vent d’Élus, qui présentait un mémoire durant la deuxième partie des audiences du BAPE, estime que « les orientations énoncées dans le schéma d’aménagement de la MRC de Charlevoix sont en contradiction avec le projet éolien à l’étude. » Une affirmation qui a fait tiquer la directrice générale de la MRC de Charlevoix Karine Horvath qui soutient le contraire.

« Un schéma est un schéma d’aménagement et de développement. Je ne peux pas dire dans un schéma “je ne fais rien et mon territoire sous une cloche de verre”, ce ne serait même pas accepté au ministère. Un schéma, c’est de l’encadrement », rappelle la dg.

La MRC s’est dotée d’un RCI (règlement de contrôle intérimaire) éolien. « On est une des rares MRC à avoir un PIIA (Plan d’intervention et d’intégration architecturale) éolien. Des éoliennes étaient dans la zone PIIA, Baie-Saint-Paul a dû les évaluer. On a des zones rouges où elles sont interdites, vertes permises et jaunes où elles sont soumises à un PIIA, c’est assez rare. Dire que ça prend un encadrement de la MRC, c’est un peu faux parce qu’il y en a un », a déploré Mme Horvath.

Vent d’Élus est une organisation formée d’une quarantaine d’élus et ex-élus de municipalités québécoises. Les représentants ont relevé les « nombreuses préoccupations sur le développement de la filière éolienne », qu’ils ont qualifié de « précipité et sans vision d’ensemble, avec plusieurs lacunes et incohérences ».

Vent d’élus dénonce de plus la « prolifération de la confidentialité » et déplore que la MRC, les municipalités et le Séminaire aient « tous signé des ententes de confidentialité avec l’initiateur », prévoyant rendre ces ententes publiques plus tard. « Il aurait été plus opportun de connaître le contenu de ces ententes au moment des audiences afin de savoir quelles informations ne pourraient pas être divulguées », écrivent-ils, un point soulevé par d’autres intervenants durant les audiences.

Karine Horvath affirme pour sa part que rien n’est conclu. « On laisse le BAPE faire son projet. On ne voulait pas dire “on a conclu une entente, les dés sont pipés”. Si le projet se réalise, il faut qu’on ait l’option d’investir. Partout où des projets vont se faire, Hydro-Québec veut permettre aux communautés d’être partenaires. Ce qu’on négocie, c’est cette possibilité », indique-t-elle

Les investissements de la MRC ne se concrétiseraient qu’un an après la mise en opération. « Si l’entente va de l’avant, quand on va investir, le projet roulera depuis un an. Là, on aura les chiffres, on pourra les faire analyser, et décider si c’est un go, no go, est-ce que ça nous intéresse ou pas ? »

Le projet éolien de la Rivière du Moulin rapporte 1 M$ par année à la MRC, dont à peu près 600 000 $ de dividendes et 400 000 $ de redevances, puisque le parc éolien est situé sur le Territoire non organisé et paie donc un loyer à la MRC

Une partie des deniers est investie en gestion, mais une partie est déposée dans des fonds pour supporter des projets majeurs comme l’aréna (1,25 M$), la protection des goélettes (50 000 $), le TACO (50 000 $), décrit Mme Horvath.

« Il faut que ce soit régional, qu’il y ait des retombées économiques, sociales, culturelles, environnementales. Les dividendes d’un projet éolien des Neiges seraient utilisées dans la même veine », conclut-elle.

Les audiences de la commission d’enquête se sont conclues hier. Les mémoires sont disponibles sur le site du BAPE. La commission devra déposer son rapport d’ici le 20 mai.

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Pierre Pouliot
Pierre Pouliot
1 mois il y a

Et que dire, en parlant d’acceptabilité sociale et de la façon de mesurer celle-ci, de l’impossibilité de trouver des moyens autres que l’approche référendaire régionale pour valider un processus décisionnel basé sur la compréhension d’un projet établi autant par des opposants potentiels que par des citoyens favorables. Cessons de ne voir que les valeurs monétaires et les revenus de redevances de toutes sortes, lesquels n’existaient aucunement il y peu de temps. Regardons plutôt les valeurs paysagères perdues ou modifiées à jamais. La valeur économique et sociale des paysages du Saguenay–Lac-Saint-Jean est chiffrée de 158 à 351 milliards de dollars, selon une étude commandée par Tourisme Saguenay-Lac-Saint-Jean. À combien se chiffre celle de Charlevoix? Pourquoi les populations ne seraient-elles pas en mesure de porter un jugement éclairé suite à des projets convenablement expliqués par un nombre suffisant de rencontres et de consultations, consultations qui, d’ailleurs, nous sont souvent présentées trop tôt dans le projet, alors qu’une foule de détails arrivent par la suite pouvant modifier l’opinion publique.Consultation souvent unique régie à l’intérieur d’un cadre réglementaire qui n’oblige à plus pour ne valider souvent que l’unique règle légalement requise. Oublions les sondages biaisés qui sont la plupart du temps orientés par ceux… Lire la suite »