Le premier ministre Justin Trudeau a posé ce qui pourrait être son dernier geste grandiose avant de quitter, annonçant mercredi à Montréal le lancement du « plus grand projet d’infrastructure de l’histoire du Canada », soit le projet Alto de train à grande vitesse (TGV) entièrement électrique entre Québec et Toronto. Le coût final de ce projet n’est pas encore connu, mais l’expression « plus de 100 milliards $ » a été utilisée par plusieurs intervenants en lien avec ce dossier.
Bien qu’il soit sur son départ et qu’une élection soit imminente, Justin Trudeau s’est dit confiant de voir le projet résister à l’arrivée d’un nouveau gouvernement quel qu’il soit. « On est en train de signer un contrat dans les jours et semaines à venir qui va être engagé sur le travail qui va se faire pendant les cinq prochaines années. C’est du travail pour établir le corridor et par la suite les voies, établir les arrêts et commencer le travail de façon réelle qui va démontrer un momentum qui sera très difficile pour tout autre gouvernement d’annuler. »
Un premier contrat de développement
Un premier contrat de 3,9 milliards $ sur cinq ans sera donc bientôt finalisé avec le consortium Cadence qui a été choisi pour réaliser le projet et en être l’opérateur sous la maîtrise d’œuvre de la société d’État Alto TGV. C’est ce contrat pour la première phase du projet qui, espère Justin Trudeau, rendra difficile une éventuelle sortie du projet. Elle prévoit la conception détaillée, l’achat de terrains, des consultations avec les communautés autochtones touchées et les évaluations environnementales nécessaires avant d’aller de l’avant.
Le président-directeur général d’Alto TGV, Martin Imbleau, a ainsi expliqué la durée de cette première phase et l’absence d’échéancier de réalisation : « On aura besoin de quatre, cinq ans de développement et c’est là qu’il faut prendre notre temps pour éviter que ça dérape plus tard. Donc on va prendre notre temps, bien développer le projet – 1000 kilomètres, plusieurs phases – et dans quatre ou cinq ans on saura on construit quoi, où, combien, en détail. Avant ça, ce serait prématuré d’avoir des échéanciers définitifs. (…) On va se presser lentement », a-t-il déclaré.
Tout reste à faire
Le tracé et la localisation des futures gares ne sont pas encore déterminés, mais il est déjà établi qu’entre Québec et Toronto, le TGV s’arrêtera à Trois-Rivières, Laval, Montréal, Ottawa et Peterborough. Il permettra de relier Montréal à Toronto en trois heures et Montréal à Québec en une heure et demie. « Aujourd’hui, on dépasse le stade des idées, des débats, des discussions pour enfin entrer dans sa phase de développement », a déclaré Martin Imbleau, confiant lui aussi de voir le projet se réaliser.
Justin Trudeau a fait valoir que cet investissement « va faciliter la mobilité de notre main-d’œuvre. Ça va encourager le tourisme interprovincial. Ça va aussi permettre à beaucoup de personnes d’éviter de prendre leur voiture ou l’avion pour voyager entre nos grandes villes et en même temps ça va nous aider à réduire la pollution causée par le transport. »
Le consortium Cadence est formé de CDPQ Infra, qui est toujours à réaliser l’ensemble du REM, d’AtkinsRéalis, de Keolis, de SYSTRA, de SNCF Voyageurs et d’Air Canada.
La Caisse veut en tirer profit
Charles Émond, président-directeur général de la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui chapeaute CDPQ Infra, s’est réjoui de voir qu’Ottawa avait jeté son dévolu sur le consortium Cadence. M. Émond affichait la même confiance que le premier ministre de voir le projet résister à l’arrivée d’un nouveau gouvernement, non pas parce qu’il serait lié par contrat, mais bien à cause de sa valeur intrinsèque. « C’est son impact, je pense, qu’il faut réaliser : un rattrapage par rapport aux pays du G-7. (…) C’est un projet qui coche tellement de cases dans le contexte actuel que tous les gouvernements vont pouvoir l’appuyer. Il a des mérites indéniables. »
Le TGV et son infrastructure demeurera propriété du gouvernement fédéral et tant la conception que la réalisation et, par la suite l’opération, seront chapeautées par la société d’État Alto TGV, mais c’est le consortium privé qui, comme constructeur et opérateur, assumera une part importante du risque avec ses propres investissements, ce qui n’inquiète nullement M. Émond. « On sera toujours là pour aussi réaliser un rendement qui est à la hauteur de ce que nos déposants ont besoin. On a un portefeuille d’infrastructures qui est performant, alors si on s’approche de ce projet-là, c’est parce qu’il y a un potentiel », a-t-il soutenu.
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