La gourgane, épicerie bien implantée

Par Jean-Baptiste Levêque 4:50 AM - 12 février 2025
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Suzanne Thomas parmi les produits en vrac de La gourgane - épicerie écoresponsable.

Ouvrir un magasin de produits en vrac écoresponsable à Baie-Saint-Paul, qui compte déjà trois chaînes d’épiceries, avait tout l’air d’un pari risqué. 20 mois après son ouverture, La gourgane a doublé son chiffre d’affaires et attire une clientèle au-delà de Charlevoix.

Il n’y a pas que les revenus qui ont doublé, la quantité et la diversité des aliments aussi. « J’ai de plus en plus une réputation d’avoir des choses qu’on ne trouve pas à l’épicerie », lance la propriétaire, Suzanne Thomas.

Elle donne en exemples des légumes déshydratés, graines de teff, fruits séchés (poires, kiwis, mandarines), grignotines, bâtonnets de soya, mélanges Tokyo, algues, micropousses…

40 % des produits vendus à La Gourgane sont biologiques. Au moins 20 % proviennent de Charlevoix. 17 producteurs de la région sont représentés sur les tablettes. Et tel qu’annoncé lors de l’ouverture du commerce, la propriétaire maintient son engagement de ne pas être plus cher qu’ailleurs, « en comparant du bio avec du bio », tient-elle à préciser.

« La majorité des gens qui vont venir dans un vrac, ils s’aperçoivent qu’il y a beaucoup moins de gaspillage alimentaire. Des personnes seules vont dire : je peux me permettre d’acheter beaucoup plus de choses. T’es pas obligé d’acheter un sac qui va te coûter 8 $ », illustre Suzanne Thomas.

Apprivoiser le vrac

À ses débuts dans cette aventure, l’entrepreneure a pourtant fait face à plusieurs défis. « Les premiers six mois, je ne vous dirais pas que c’était facile. Il faut que les gens s’habituent. Il y en a qui n’avaient jamais fréquenté un vrac de leur vie. »

La question de la salubrité a aussi pu en freiner certains. « Après une pandémie, il faut que les gens fassent confiance. J’en ai des clients qui sont venus, ils restaient à la porte, puis ils observaient comment ça marchait pour voir s’ils se sentaient en sécurité. Puis ils traversaient », raconte la propriétaire.

Suzanne Thomas prend d’ailleurs très au sérieux l’hygiène de son magasin. « Je fais attention que les ustensiles, on les utilise juste une fois. Les pelles sont attachées après les distributeurs, donc elles ne se promènent pas d’un bac à l’autre. On essaye que ce soit le plus sécuritaire possible, autant pour les allergènes que pour les contaminations de maladie. »

La gourgane a pignon sur la rue Racine, à Baie-Saint-Paul.

Suivre le marché mondial

L’épicière doit aussi s’adapter rapidement aux aléas du marché. « Des fois, il va y avoir une rupture de stock, on attend. Comme l’huile de sésame, ça fait 4-5 mois. Le cacao est rendu extrêmement cher. Mon chocolat noir végan à 70 %, il a triplé en 18 mois. »

Dans ce cas-ci comme dans d’autres, elle a consulté sa clientèle, qui a préféré avoir d’autres alternatives moins onéreuses. « Ils achètent des petites quantités. Si ça coûte 600 $ remplir un silo, ça commence à faire cher. Je vais essayer de trouver une autre sorte de chocolat, peut-être de moins grande intensité, mais au moins il sera végan. »

La menace des tarifs douaniers américains l’inquiètent-ils? « La soirée où Trump a annoncé la chose, j’ai écrit à tous mes fournisseurs. Ça me faisait paniquer un peu. Les petits fournisseurs, la majorité m’ont dit que ça ne les toucherait pas. Mon fournisseur principal… est en train de faire ses devoirs », admet Suzanne Thomas, qui souligne tout de même que 98 % de ses fournisseurs sont québécois.

Une gourgane qui pousse

Les incertitudes du contexte économique ne l’empêcheront pas pour autant de développer son entreprise. Elle compte ajouter des étagères et un congélateur commercial dans sa boutique. Une campagne de financement a d’ailleurs été lancée pour l’aider à récolter 6 000 $.

« J’ai reçu plusieurs demandes d’ouvrir une boutique dans l’est de Charlevoix. Peut-être d’ici cinq ans », laisse planer celle qui a des clients réguliers de partout dans la région, mais aussi de la Côte-de-Beaupré et jusqu’à Baie-Comeau.

L’entrepreneure croit en l’avenir des épiceries écoresponsables. « J’espère que dans 20 ans il va y avoir de plus en plus de vrac. Les jeunes, il faut qu’ils soient sensibilisés à ça. Puis je dis aux parents : laissez-les faire, ils manipulent les balances, puis ils ont du fun. Des fois ils font des dégâts, puis c’est correct, ils apprennent! »

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