Menace de tarifs: Trudeau plaide pour le libre-échange interprovincial au Canada

Par Émilie Bergeron, La Presse Canadienne 10:56 AM - 7 février 2025
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Le premier ministre Justin Trudeau prend la parole devant un parterre de leaders des milieux syndicaux et des affaires réunis vendredi à Toronto pour le «sommet économique Canada-États-Unis». LA PRESSE CANADIENNE/Frank Gunn

Le premier ministre Justin Trudeau a livré vendredi un plaidoyer pour la libre circulation de biens et de services entre les provinces et territoires canadiens devant un parterre d’environ 200 personnes issues de communautés d’affaires et de milieux syndicaux.

«Vous le savez tous, il existe encore beaucoup trop de barrières à notre commerce interne d’un bout à l’autre de ce pays», a-t-il dit en français pour donner le coup d’envoi à un «sommet économique Canada–États-Unis» convoqué publiquement deux jours plus tôt. 

L’événement d’une seule journée, qui a lieu à Toronto, a été organisé par le Conseil sur les relations canado-américaines, qui rassemble des intervenants externes chargés de fournir leur avis au gouvernement de Justin Trudeau, comme l’ancien premier ministre du Québec Jean Charest.

M. Charest n’est pas présent pour ce qui est vu comme un brassage d’idées devant mener à des prises d’actions concrètes, mais d’autres membres du conseil le sont, comme l’ancienne première ministre albertaine Rachel Notley et le président de l’Association des manufacturiers de pièces automobiles, et Flavio Volpe.

Le spectre des tarifs douaniers que menace d’imposer le président américain Donald Trump sur les importations canadiennes plane toujours et orientera, selon toute vraisemblance, l’essentiel des discussions de la journée.

M. Trudeau a souligné que le projet de libre-échange interprovincial en est un de longue date, qui remonte à des décennies.

Or, il a voulu envoyer le message qu’avec le contexte actuel, les astres sont alignés.

«C’est un de ces moments et occasions où nous pouvons en fait le faire, a-t-il dit en anglais. Il y a une fenêtre ouverte en raison du contexte dans lequel nous nous trouvons. Nous devons nous lancer.»

La veille, le ministre fédéral de l’Innovation, François-Philippe Champagne, avait envoyé le même signal en concluant une visite de trois jours à Washington.

Cela s’ajoute au fait que la ministre du Commerce intérieur, Anita Anand, a laissé entendre mercredi que les règles encadrant la libre circulation de biens, comme l’alcool, souvent considérées comme des barrières, pourraient tomber d’ici 30 jours.

Cette période d’un mois correspond au sursis sur lequel se sont entendus, lundi, MM. Trump et Trudeau pour repousser la possible entrée en vigueur de la surtaxe américaine de 25 % sur les importations canadiennes. Les tarifs s’élèveraient à 10 % en matière d’énergie.

M. Champagne, qui est présent au «sommet» dans la Ville-Reine, estime que la période actuelle agit en «électrochoc» et force le Canada à faire preuve d’ambition.

«Je dirais que ce qui est arrivé, dans les derniers jours, ça a été (…) une prise de conscience collective nationale où on a besoin de travailler ensemble pour être plus résilient», a-t-il dit jeudi au cours d’une conférence de presse téléphonique.

Il voit l’événement comme une «grande consultation» qui peut mener, selon lui, à de grands chantiers vus au Canada au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale.

Il a envoyé, du même souffle, un message favorable à la diversification de partenariats clés pour le commerce canadien au-delà des États-Unis, soulignant au passage divers accords de libre-échange qui existent déjà, comme ceux avec l’Union européenne et l’Indonésie.

«Il ne faut pas oublier que nos liens commerciaux avec le reste du monde sont essentiels pour donner plus d’opportunités de réussite aux Canadiens. (…) Même avec une population modeste, le Canada fournit énormément de ressources, de produits et de services qui sont recherchés partout autour du globe.»

En repoussant à mars son projet d’imposer des tarifs au Canada, M. Trump a dit vouloir laisser le temps aux deux partenaires commerciaux de «voir si une entente économique finale avec le Canada peut être structurée ou non».

Finalement, M. Champage estime, à l’instar du premier ministre, qu’Ottawa doit miser sur la diversification de l’économie. «Diversification au niveau industriel, mais aussi au niveau de nos exportations, a-t-il énuméré. Donc, le Canada a la chance d’être une grande économie qui peut exporter autant du côté de l’Asie Pacifique (…) (qu’) avec nos partenaires européens.»

Selon le ministre, les sources d’importations du Canada doivent aussi être diversifiées.

Mme Anand est aussi présente vendredi à Toronto, de même que d’autres ministres, tels que Steven MacKinnon.

Une délégation québécoise a été aperçue dans le parterre de personnes ayant répondu «présent» pour l’événement, incluant Magali Picard, présidente de la FTQ.

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