François Legault veut que le Québec corrige ses «faiblesses» économiques

Par Thomas Laberge, La Presse Canadienne 8:29 AM - 5 février 2025
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Le premier ministre du Québec, François Legault, fait une déclaration ministérielle devant l'Assemblée nationale, le mardi 4 février 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Jacques Boissinot

Face à l’«attaque économique brutale contre le Canada et le Québec» de Donald Trump, le premier ministre François Legault affirme que le Québec doit redéployer son économie et corriger ses «faiblesses» qu’il traîne depuis «des décennies».

«Notre productivité, la surréglementation, la bureaucratie, la taxation, a-t-il énuméré. On a beaucoup travaillé là-dessus depuis 2018, mais il reste beaucoup de travail à faire.» 

À cela, le premier ministre a ajouté la trop grande dépendance du Québec au marché américain. «Le peuple québécois est un peuple d’exportateurs. Et 71 % de nos exportations, depuis plusieurs années, se font aux États-Unis», a-t-il affirmé lors d’une rare déclaration ministérielle mardi au Salon rouge. 

François Legault a aussi dit que le Québec devait mettre l’accent sur ses «avantages compétitifs». 

«On a développé une expertise en aérospatiale. On a de grandes alumineries. On a des minéraux critiques. On est fort en intelligence artificielle. On est fort en informatique, en électronique, dans le quantique. Et surtout, on a de l’énergie renouvelable», a-t-il énuméré. 

Lundi, le président américain a reculé à la dernière minute sur sa volonté d’imposer des tarifs de 25 % aux produits canadiens et a donné un sursis de 30 jours au Canada. 

«La menace plane toujours au-dessus de nos têtes comme une épée de Damoclès. (…) L’incertitude, c’est un poison pour l’économie», a affirmé le premier ministre. 

Il a réitéré que des tarifs pourraient entraîner la perte de 100 000 emplois. «Pendant la période intérimaire, ce qu’on dit, c’est qu’on va demander aux employés, par exemple, du secteur manufacturier qui risquent de perdre leur emploi de se requalifier pour aller travailler sur la construction de nouveaux barrages ou de rehaussement de barrages», a expliqué François Legault. 

«On a le devoir d’entreprendre un grand et long chantier pour rendre notre économie moins dépendante des États-Unis», a dit le premier ministre. 

«La première chose qu’on doit faire à court terme, c’est de se préparer à aider les entreprises à passer au travers, donc aider du côté des liquidités», a-t-il ajouté. 

François Legault souhaite aussi que l’économie québécoise se redéploie «dans de nouveaux marchés internationaux». 

«Il ne faut pas oublier le meilleur marché, le marché du Québec. Acheter québécois, c’est ce qui est le plus efficace pour protéger nos emplois», a dit le premier ministre. 

Il veut aussi «travailler à un vrai libre-échange entre les provinces canadiennes». 

La présidente de l’Assemblée nationale, Nathalie Roy, a accepté la demande de Québec solidaire de tenir un débat d’urgence sur les tarifs douaniers plus tard mardi.

«Beaucoup de lieux communs»

À la fin de son allocution, le premier ministre a tendu la main aux autres députés de l’Assemblée nationale. Malgré cette ouverture, les partis d’opposition ne se sont pas empêchés de critiquer le gouvernement et son bilan. 

Le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon n’a pas retenu ses coups lors de son allocution en réponse à celle du premier ministre. Il lui a reproché d’avoir présenté «très peu de mesures concrètes» et «beaucoup de lieux communs». 

«Ce qu’on veut du gouvernement dans les situations délicates et complexes, ce n’est pas qu’il accentue la peur et l’inquiétude, ni qu’il fasse des mises en scène médiatiques comme on l’a connu en temps de pandémie», a-t-il lancé. Une déclaration qui a soulevé l’ire dans les banquettes caquistes. 

Selon le chef péquiste, il faut «encourager fiscalement nos entrepreneurs». 

«Nous sommes d’avis que ce gouvernement a beaucoup trop subventionné les entreprises en général depuis les sept dernières années. Et les résultats n’ont pas été au rendez-vous, comme en témoigne un déficit historique de 11 milliards $», a-t-il soutenu, ajoutant qu’il fallait réduire «la bureaucratie et de la paperasse».  

Le chef libéral intérimaire Marc Tanguay a souligné le «degré de non-préparation» du gouvernement Legault face à Donald Trump alors qu’il est «dans sa septième année».

Il lui demande d’être plus proactif sur le plan diplomatique. 

«Ça existe, la diplomatie québécoise. Il faut s’activer pour faire en sorte de préparer ce qu’il risque de se passer dans 30 jours et que la pression vienne de l’interne aux États-Unis. On l’a demandé et on ne voit pas de façon tangible et concrète cette activation des relations bilatérales diplomatiques», a-t-il affirmé. 

M. Tanguay demande aussi un régime fiscal plus «performant» et «efficient» pour les PME québécoises. 

Québec solidaire (QS) propose de transformer l’économie québécoise et de trouver de nouveaux marchés pour les produits fabriqués ici. 

«C’est le moment d’arrêter de donner des contrats aux Amazon de ce monde», a pour sa part affirmé la porte-parole solidaire Ruba Ghazal.

«J’ai entendu tout à l’heure le premier ministre dire qu’il était ouvert à toutes les propositions. Des propositions, à QS, on en a plein, des propositions pour l’autonomie alimentaire, pour la souveraineté économique. Ce ne date pas d’hier, là, qu’on en a. Ça fait des années et des années (…) qu’on a des propositions et malheureusement les gouvernements ne les prennent pas en compte», a-t-elle ajouté. 

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