Hausse de 2 000 % pour un terrain avec vue

Par Jean-Baptiste Levêque 4:55 AM - 3 février 2025
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Vue du terrain de Peter Girard, dont la valeur a augmenté de 2 117 % en 2025. Photo courtoisie

La hausse fulgurante du rôle d’évaluation à Saint-Irénée, particulièrement celle des terrains, a surpris plus d’un contribuable. L’un d’eux, dont la valeur du terrain a augmenté de plus de 2 000 %, met en doute l’équité des évaluations et pourrait porter la cause au gouvernement.

Peter Girard a fait tout un saut lorsqu’il a consulté la matrice graphique de Saint-Irénée. Avec le nouveau rôle d’évaluation 2025-2027, la valeur de son terrain du rang Saint-Antoine, d’une superficie de 1 390 m2, est passée de 7 000 $ à 155 200 $, soit un bond de 2 117 %. « C’est astronomique! », estime le propriétaire.

Un appel au service d’évaluation de la MRC de Charlevoix-Est lui a confirmé ce qu’il constatait en regardant la valeur des terres voisines. « La vue change tout. Mon père habite plus bas sur le même rang. Il n’a pas de vue sur le fleuve et n’a pas été affecté. »

La valeur du terrain de M. Girard a probablement connu l’une des hausses les plus marquantes du secteur, mais il n’est pas seul. D’autres terrains ont connu des augmentations de 500 %, 700 %, 1 100 % ou même 1 500 %.

Le propriétaire a sondé plusieurs de ses voisins touchés par la hausse. Selon lui, « ils sont bien découragés. Personne ne voit de sens à ça. On est zoné agricole, on ne peut pas construire ici. Qui accepterait d’avoir un terrain agricole avec un taux aussi élevé? », fait-il valoir.

La vue a un coût

La MRC de Charlevoix-Est confirme que pour l’évaluation d’une propriété, « l’emplacement est un critère très important, donc la vue sur le fleuve aussi », indique la responsable des opérations du service d’évaluation municipale.

Josée Asselin précise aussi qu’une multitude de critères influencent ce travail normé : « la superficie, la forme du terrain, les possibilités d’implantation, le zonage, les améliorations locales, les services, les nuisances. Il y a aussi la valeur marchande et les conditions du marché ».

Une terre du rang Saint-Antoine avec vue sur le fleuve, à Saint-Irénée. Photo courtoisie

Empathique, la responsable reconnait que « le coût à l’hectare est devenu extrêmement élevé pour les terres de grande superficie », mais signale que la hausse est « observée depuis plusieurs rôles ».

La préfet de la MRC de Charlevoix-Est et mairesse de Saint-Irénée, Odile Comeau, ajoute que « les modifications reflètent les tendances du marché. On subit les contre-coups de la pandémie. »

Pour compenser la hausse du rôle d’évaluation, la Municipalité de Saint-Irénée a décidé de baisser drastiquement son taux de taxes de 0,87 $ à 0,58 $ du 100 $ d’évaluation entre 2024 et 2025.

« Saint-Irénée perçoit 1,408 M$ en taxes en 2025 contre 1,407 M$ en 2024 », rappelle la mairesse, démontrant que les contribuables en sont peu affectés. Elle ajoute que « les terres agricoles exploitées ont droit à une réduction de la taxe foncière ».

Iniquité et inquiétudes

Peter Girard est tout de même inquiet de voir son taux de taxe monter dans les années à venir. « Cette année je devrais payer un montant semblable, mais ça ne veut pas dire que les autres années on ne va pas payer plus cher. »

Quant aux critères d’évaluation, le citoyen voit des iniquités dans celles de son secteur. « Mon voisin a vue sur le fleuve et il n’est pas affecté par la hausse. Je ne comprends pas », laisse-t-il tomber.

M. Girard compte interpeller la municipalité à la séance publique du 3 février. Il a même l’intention de lancer une pétition adressée au gouvernement pour dénoncer ce qu’il considère comme une injustice.

Odile Comeau n’a pas l’intention de signer. « S’il y a des discussions avec les associations de municipalités, on participera, mais je ne partirai pas avec un bâton de pèlerin au ministère des Affaires municipales et de l’Habitation. »

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Anne Jean
Anne Jean
1 mois il y a

Ils vont bientôt avoir notre peau. Plus vivable.

Vincent tremblay
Vincent tremblay
1 mois il y a

Expropriation progressive… nos ancêtres ont gardé ces terres à bout de bras toute leur vie, certaines personnes seront obligés de vendre… sans compter l’imposition sur gain de capital si ce pauvre homme avait le malheur de le donner à son fils… dans quel monde on se dirige ???

Martin Tremblay
Martin Tremblay
1 mois il y a

Propriétaire bénéficiant d’aucun services(égout aqueduc) donc impossible de rebâtir. C’est de la folie. Si ça continue dans quelques années faudra quitter nos régions. Je vais te la signer moi ta pétition. De toute façon les élus ne feront rien, trop content de voir monter la valeur de leur municipalité.