Faut-il s’inquiéter de la grippe aviaire?

La grippe aviaire (H5N1) fait beaucoup parler d’elle depuis des mois, particulièrement depuis que des cas ont été identifiés chez les humains. Faut-il s’en inquiéter, le phénomène affecte-t-il le Québec?
Malheureusement, la réponse est oui pour les deux questions. S’inquiéter, mais ne pas paniquer.
La grippe aviaire existe depuis longtemps. Elle fut officiellement identifiée la première fois chez les oiseaux en 1959, en Écosse. Toutefois, elle est documentée depuis l’Antiquité. Des épisodes de mortalité massive d’oiseaux remontent jusqu’à 1200 av. Jésus-Christ…
Les premiers cas chez les humains sont apparus en 1997 à Hong-Kong. En 2020, une souche capable de persister dans les oiseaux sauvages est devenue endémique.
Depuis 2022, plus d’un million d’oiseaux sont affectés dans la province. Les principales victimes officielles sont les élevages de volailles et certaines espèces d’oiseaux sauvages, notamment les fous de Bassan et les oiseaux de proie.
C’est une maladie à déclaration obligatoire pour les élevages, qui constituent un environnement hautement contrôlé, il est donc normal que nous ayons une très bonne idée de l’ampleur du problème pour ce secteur.
C’est toutefois beaucoup plus compliqué pour les oiseaux sauvages. On sait tous que les oiseaux se cachent pour mourir. Difficile d’évaluer avec précision les décès en ne se fiant qu’au nombre d’oiseaux morts retrouvés. Et encore faut-il que les agents de la faune puissent récupérer l’oiseau et procéder à un examen.
Il y a deux ans, lors d’une tournée en Gaspésie, j’ai visité le peintre animalier John Wiseman, situé à Percé, presque en face de l’île Bonaventure. Il y exerce son art depuis plus de 40 ans. John est un expert en matière d’identification des oiseaux, et est très actif dans sa communauté au niveau de leur observation. Il me confiait que le matin, tous les matins, ce sont des douzaines de carcasses de fous de Bassan qu’il récupérait dans d’immenses sacs de plastique. Et cela, seulement sur la plage de galets située devant sa demeure.

Le taux de mortalité chez les espèces d’oiseaux varie. Il est très élevé chez le fou de Bassan et les cygnes tuberculés, alors que les oies et canards peuvent être porteurs de la maladie sans en subir les conséquences.
Ainsi ces oiseaux migrateurs peuvent transporter sur de très longues distances le virus et contaminer l’eau et les sols fréquentés par d’autres espèces. C’est ainsi que le virus s’étend très rapidement partout, sans que nous puissions retarder sa propagation. On peut fermer les frontières aux visiteurs, mais on ne peut empêcher les centaines de millions d’oiseaux de migrer deux fois par an…
Les oiseaux de proies sont aussi fortement affectés par le virus. C’est normal car ils se nourrissent beaucoup d’oiseaux morts ou faibles. Ainsi les oiseaux de rivage atteints du virus, qui sont très affaiblis, constituent des proies faciles pour les rapaces. Ils deviennent à leur tour victimes.
La bonne nouvelle est que les passereaux sont rarement affectés par la grippe aviaire. C’est une maladie qui affecte surtout les oiseaux aquatiques et les rapaces qui les chassent.
Ainsi nos oiseaux qui fréquentent nos mangeoires, mésanges, sittelles, sizerins, pics, durbecs, etc. sont beaucoup moins touchés. Leur mode de vie assez dispersé limite grandement la propagation du virus. Ils sont par surcroît plus résistants au virus lorsqu’ils contractent la maladie.
On a toutefois rapporté certains cas de mortalité chez le geai bleu. Le pigeon est presque totalement immunisé contre le virus, bien qu’il puisse le transporter.
Alors que faire? Faut-il cesser de nourrir les oiseaux l’hiver? Doit-on enlever toutes nos mangeoires? Heureusement non.
Il est recommandé de maintenir une bonne « hygiène » au niveau des mangeoires. Nettoyez-les régulièrement, portez des gants pour les remplir et les nettoyer, lavez-vous aussi les mains, et profitez de la présence de vos amis ailés.
Le virus peut toutefois, comme tous les virus, subir des mutations. On connaît tous les mutations du virus de la covid, et la science a développé une certaine protection via les vaccins. Mais on ne pourra jamais vacciner nos oiseaux. Les scientifiques étudient le virus et travaillent à développer, éventuellement, un vaccin. Mais on n’en est pas là.
C’est pourquoi il faut demeurer vigilant, s’intéresser aux derniers développements sur le sujet. Le virus va-t-il muter, infecter d’autres espèces animales, se transmettre à l’humain? Nul ne le sait pour l’instant. Mais c’est un dossier à suivre attentivement. J’y reviendrai sûrement lors de chroniques futures.
Pour l’instant, profitez de vos oiseaux qui se présentent aux mangeoires. C’est bon pour le moral!
Bonnes observations.
Michel Paul Côté
oiseauxcharlevoix@gmail.com
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