Levée de boucliers face au développement éolien

Par Emelie Bernier 10:03 AM - 29 janvier 2025 Initiative de journalisme local
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Le développement éolien à tout vent ? Non merci, disent les membres de la nouvelle coalition qui regroupe plus de 25 comités citoyens, des partis politiques, des associations et des scientifiques. Photo Pixabay

À quelques heures de l’annonce d’un projet éolien au Saguenay, qui serait en collaboration avec la Première Nation des Innus de Essipit, une levée de boucliers contre le développement éolien dit “antidémocratique” se manifeste dans une première sortie publique, fédérant plus de 25 comités citoyens, des organisations civiles, des chercheurs et même quelques partis politiques.

D’ici 2029, jusqu’à 3000 éoliennes pourraient consteller le décor québécois et leur implantation ne fait pas l’affaire de tous. Tous les membres de la jeune coalition unissent leurs voix pour réclamer un moratoire sur le développement éolien, jusqu’aux conclusions d’un BAPE générique sur l’ensemble de la filière.

Ils prônent également la mise en place de référendums municipaux décisionnels et le maintien de la propriété publique de l’énergie, le tout couronné par un véritable débat public sur le développement énergétique du Québec.

En conférence de presse ce mercredi 29 janvier, les porte-paroles n’ont pas mâché leurs mots.  

« C’est un message clair qui est lancé au gouvernement : nous refusons ce développement éolien précipité, sans le consentement populaire, nous n’avons pas voté pour ça ! »

« Dissiper le mirage éolien »

Selon les membres de la coalition, « les projets éoliens appuyés par le gouvernement de la CAQ ne servent pas la transition énergétique, mais bien des intérêts privés ».

Carole Neill, porte-parole du collectif Toujours Maîtres chez nous (qui s’oppose au développement TES Canada en Mauricie) membre de la jeune coalition, martèle que le sujet concerne tous les Québécois.

« Notre démarche concerne tous les projets. C’est une coalition formée pour s’opposer au développement éolien tel qu’on le connaît présentement », précise-t-elle.

Comme les autres membres de la coalition, elle déplore que les commissions d’enquête pour les projets éoliens soient menées « une à une, en silo », prenant l’exemple du parc éolien Des Neiges, sur les terres de la Seigneurie de Beaupré, dans la région de la Capitale-Nationale.

« On traite ça comme 3 projets de 400 MW, mais dans les faits, c’est un projet de 1200 MW au total, sur le même territoire, dont une partie dans une région touristique, Charlevoix. Des éoliennes de 200 mètres, ça se voit à 15 kilomètres de distance. Est-ce que les Charlevoisiens veulent ça dans leurs paysages ? », questionne Mme Neill.

La volonté populaire est d’ailleurs un des grands absents du débat, selon elle, d’où la demande pour la tenue de référendums municipaux partout là où des promoteurs souhaitent implanter leurs projets éoliens.

« C’est une de nos demandes principales, parce qu’on ne mesure pas l’acceptabilité sociale. Le diable est dans les détails. Ce que les promoteurs appellent des consultations, c’est bien souvent des séances d’information », illustre-t-elle.

Il y a une méconnaissance de la situation, selon les membres de la coalition. 

« Les gens, pas les promoteurs évidemment, pensent naïvement que parce qu’une MRC ne s’oppose pas, il y a eu une consultation de la communauté, mais ce n’est pas le cas. Il faut établir un vrai processus démocratique », insiste Mme Neill.

La coalition réclame cinq actions urgentes, soit un moratoire sur le développement éolien ; un BAPE générique sur la filière éolienne ; un vaste débat public sur le développement énergétique du Québec ; des référendums municipaux comme critère d’acceptabilité sociale et finalement, la propriété publique de l’énergie.

Les membres de la Coalition, ajoute-t-elle, ne sont pas « anti-éolien », mais ils contestent la façon de faire.

« Hydro-Québec est convaincue d’agir de manière tout à fait démocratique, mais n’interagit qu’avec les élus qui représentent les citoyens. C’est là où le bât blesse. On n’est pas contre le développement éolien, mais il pourrait et devrait se faire d’une manière respectueuse du territoire et des gens qui y habitent. » 

Essipit partenaire d’un projet éolien au Saguenay