BAPE du projet éolien Des Neiges : la Région de la biosphère de Charlevoix prône la concertation régionale

Julie Campeau a représenté la partie requérante, soit la Région de la biosphère de Charlevoix dont elle est la directrice.
Les intervenants de la région gagneraient-ils à parler d’une même voix lorsque des projets d’envergure comme un parc éolien de 68 éoliennes, par exemple, souhaitent s’y implanter? C’est une des questions que se pose la directrice de la RBC, Julie Campeau, après avoir pris part au premier tour des audiences du BAPE sur le projet de parc éolien Des Neiges.
La RBC était l’un des 9 requérants de ces audiences publiques, c’est-à-dire ceux qui ont écrit au ministre de l’Environnement Benoît Charette pour demander la tenue d’une commission d’enquête.
« C’était un premier BAPE pour moi. On avait à beaucoup d’experts et beaucoup de nouvelles informations. Franchement, j’ai adoré l’expérience », confie Julie Campeau.
À la lumière de cette première, Mme Campeau estime toutefois que les intervenants régionaux impliqués gagneraient à communiquer davantage en amont.
« D’où il faut qu’on parte pour que, tout d’un coup, on arrive à cette opposition environnement/économie alors que ce n’est pas ça notre intention? Il faut réfléchir, collectivement, à l’avenir de notre région. »
Elle ne dégage pas la RBC de toute responsabilité en la matière. « Nous aussi, nous aurions eu un travail à faire en amont et on ne l’a pas fait. »
Des actions à entreprendre se sont imposées à la lumière des séances du BAPE.
« Comment mettre en place des véhicules pour assurer un dialogue entre l’environnement et l’économique et faire en sorte que ce soit un discours arrimé plutôt qu’en opposition? On ne peut pas avancer en opposition. »
Un BAPE est « un pas dans la bonne direction». »Ça permet d’amener les gens à réaliser que ces mécanismes-là existent pour eux et qu’on comprenne mieux ces mécanismes. C’est un outil démocratique », avance celle qui estime qu’une cohésion régionale est possible malgré des intérêts divers.
«C’est correct de soulever des questions et d’utiliser cette intelligence collective, de se donner l’information pour faire des choix éclairés. Comment on peut tenir un discours tout le monde ensemble face au prochain promoteur dans un logique d’avancée, mais en respectant les enjeux de tous et chacun?», conclut Mme Campeau.
Les inquiétudes de la RBC
La conservation des écosystèmes, des paysages, des espèces et de leurs patrimoines génétiques sont inscrites au cœur de la mission de la Région de la biosphère de Charlevoix, a rappelé Julie Campeau devant la présidente, le commissaire et le panel du BAPE. Ce statut est octroyé par l’UNESCO.
La transition énergétique est certes un objectif «louable», argue Mme Campeau. «Mais énergie verte, c’est un mot fort. Il y a des impacts et il faut être capable d’en faire le bilan et d’agir», avance-t-elle.
Les craintes sont réelles, par exemple, sur les effets du compactage pour la construction des chemins d’accès et des impacts des autres travaux, notamment de forage, nécessaires à l’implantation des éoliennes sur la capacité d’absorption des sols et de rétention des eaux. « Oui, on a peur de l’impact sur le bassin versant. »

Les espèces à statut ont fait l’objet de plusieurs échanges tout au long des audiences. « On a compris que l’habitat du caribou est déjà amplement altéré avec les interventions des experts et du Séminaire de Québec de Québec. Ce sont des conclusions qui sont alarmantes, mais qui ne donnent pas de passe-droit pour autant », indique-t-elle.
L’effet des impacts cumulatifs des projets éoliens de la Seigneurie de Beaupré inquiète également l’équipe de la RBC.
«La RBC de Charlevoix souhaiterait que l’examen public porte davantage d’attention sur les impacts cumulatifs, synergiques et résiduels du projet, en soutenant, par exemple, une démarche scientifique innovatrice pour bien évaluer ces impacts, en tenant compte de la complexité des interactions dans des habitats déjà hautement perturbés», peut-on lire dans la lettre que la RBC a acheminé au ministre à titre de requérant.
La RBC déposera un mémoire et le présentera lors de l’audience du 18 février. « On veut partir de notre mission première. On le voit que les organismes ont parfois un frein, au niveau de l’environnement, à nommer les choses sur la place publique. Il faut oser prendre la parole au nom de l’environnement, ce qui ne veut pas dire qu’on veut freiner le développement», conclut Mme Campeau.
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