Les bienfaits de l’activité physique ne sont pas secondaires

J’ai été étonné d’apprendre via Radio-Canada que l’école secondaire du Plateau a adopté une politique visant à restreindre l’accès aux programmes de sport-étude pour les élèves de secondaire 4 et 5 inscrits dans un parcours science.
En tant qu’ancien élève de cette école (entre 1996 et 1998), ultra-marathonien et professeur en santé publique dont les travaux de recherche portent sur l’activité physique, je suis en désaccord avec cette décision. Je comprends que les horaires peuvent représenter un défi, tel que mentionné aux médias par la direction de l’école, mais c’est un défi qui peut et qui devrait être surmonté pour le bien de nos jeunes!
À mon avis, cette décision envoie le message que les bienfaits du sport et de l’activité physique sont secondaires. Or, non seulement l’activité physique contribue à améliorer la santé physique et à prévenir les maladies chroniques, mais elle permet d’améliorer la santé mentale chez les jeunes. Les jeunes d’aujourd’hui sont confrontés à de nombreuses crises nationales et planétaires, dont la hausse vertigineuse du coût de la vie et les changements climatiques, qui contribuent à une augmentation importante des problèmes de santé mentale. La dernière chose dont ils ont besoin est d’être privés d’un des meilleurs moyens d’améliorer leur santé mentale.
De nombreuses études scientifiques indiquent que le sport et l’activité physique peuvent améliorer le fonctionnement cognitif et la réussite scolaire[1]. Un des exemples les plus éloquents est l’Étude longitudinale de Trois-Rivières menée par les Drs. Hughes Lavallée et Roy J. Shephard durant les années 1970. Pendant toute la durée de l’école primaire, les élèves du groupe expérimental ont reçu cinq heures par semaine de cours d’éducation physique comparativement à 40 minutes par semaine pour le groupe témoin (correspondant au curriculum de l’époque).
Étant donné que la durée des jours d’école n’a pas été modifiée, les élèves du groupe expérimental ont passé 14 % moins de temps en classe. Les chercheurs ont comparé les résultats scolaires et observé que ceux du groupe expérimental étaient généralement égaux ou supérieurs à ceux du groupe témoin. C’est notamment en mathématique que les élèves du groupe expérimental ont obtenu de meilleures notes[2]. D’après ces résultats, il est possible de supposer que les élèves de l’école secondaire du Plateau pourraient améliorer leur performance en mathématique en participant à un programme sport-étude (ou en pratiquent d’autres formes d’activité physique).
Au cours de ma carrière, j’ai enseigné dans trois universités situées dans trois provinces différentes. Dans tous les cas, il est attendu que les professeurs accordent des accommodements aux étudiants-athlètes qui participent aux compétitions inter-universitaires. De tels arrangements sont possibles du baccalauréat au doctorat. Par exemple, considérez le cas de Jean-Simon Desgagnés, étudiant au doctorat en médecine à l’Université Laval et… 13e au 3 000 mètres steeplechase aux Jeux olympiques de Paris.
J’invite donc les membres du conseil d’établissement de l’école secondaire du Plateau à aller prendre une bonne marche de santé en pensant à une vieille citation latine : mens sana in corpore sano – un esprit sain dans un corps sain.
Richard Larouche, B.Sc., M.Sc., Ph.D.
Professeur agrégé en santé publique, Université de Lethbridge, Lethbridge, Alberta
Chercheur affilié, Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario, Ottawa, Ontario

[1] Hillman, C. H., Erickson, K. I., & Kramer, A. F. (2008). Be smart, exercise your heart: exercise effects on brain and cognition. Nature Reviews Neuroscience, 9(1), 58-65.
[2] Trudeau, F., & Shephard, R. J. (2008). Physical education, school physical activity, school sports and academic performance. International Journal of Behavioral Nutrition and Physical Activity, 5, 10.
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