La société qui exploite le train de Charlevoix ferme ses portes. Et je dois dire que j’en suis fort aise.
Le sujet a été abordé ici récemment. Cette fermeture offre selon moi une occasion à ne pas manquer. Je n’ai jamais compris leur modèle d’affaires. Vouloir prendre ce train était une bagarre. Il fallait que la chose soit autant un moyen de transport qu’un train touristique. Petite histoire ici: un jour, j’ai voulu prendre ce train à Baie-Saint-Paul, mais la dame qui en contrôlait l’entrée m’a dit dans son meilleur accent français que : « Ce train n’est pas un moyen de transport »… J’en suis resté bouche bée moi qui étais plein de bonnes intentions. Je ne pouvais prendre ce train largement financé par les deniers publics. Ce n’était pas non plus un moyen de transport pour les gens de Charlevoix qui auraient voulu s’en servir pour faire l’aller et retour de Baie-Saint-Paul à La Malbaie en une journée ou encore faire Charlevoix-Québec dans le même temps.
Ce train a été créé il y a plus de 100 ans de par la volonté du magnat financier Rodolphe Forget qui voulait se faire des amis politiques dans la région. Le train n’a jamais été rentable et était peu utilisé à des fins industrielles. D’ailleurs, la faible base industrielle de Charlevoix n’utilise plus le train depuis plusieurs décennies. Le train de Charlevoix a tété pas mal de subventions au cours des dernières années et ses principaux animateurs privés se sont bien gardés d’y investir des sommes le moindrement importantes au fil des ans, préférant se servir de subventions de diverses sources pour faire rouler le train. Mais encore une fois, le modèle d’affaire de ce train était trop exclusivement réservé au tourisme pour en faire quelque chose qui couvrirait relativement ses frais. J’espère que c’est la fin du train de Charlevoix tel que nous le connaissons. Ce train et cette ligne de train ont encore beaucoup de potentiel, mais pas de la façon dont on le pense habituellement.
Premièrement, à la base ce train souffre de ne pas décoller de la gare du Palais, plutôt que de la base de la chute Montmorency, comme c’est le cas actuellement. Comme le fédéral a un gros projet de train de banlieue dans l’agglomération de Québec et que ce projet coûte déjà trop cher pour la différence qu’il va faire… il faudrait en profiter pour faire les aménagements qui permettraient au train de décoller de la gare du Palais. Et si pour ce faire, il faut passer sur le corps d’une compagnie ferroviaire privée, il faut le faire.
Le chemin de fer et son emprise existent déjà tout le long de la côte de Beaupré. Le fait de décoller de la gare du Palais permettrait aux nombreux touristes qui veulent se rendre aux chutes Montmorency et à la basilique de Sainte-Anne de Beaupré d’utiliser ce train, qui servirait aussi de train de banlieue pour les gens de la côte. Le train pourrait se rendre jusqu’à la base du Mont-Saint-Anne à Beaupré. De là, il n’y aurait qu’un saut de puce pour monter la côte qui mène au mont Sainte-Anne.
Le train s’arrêterait dans les environs de Beaupré. Et personnellement, il me ferait plaisir de le prendre avec mon vélo, plutôt que de rouler encore une fois le long de la côte; ce que je trouve ennuyant au bout de 25 fois… La partie de la voie ferrée qui va de Beaupré à Charlevoix pourrait être transformée en piste cyclable. Et ça serait une piste cyclable tellement exceptionnelle que dès la première année de son ouverture, elle deviendrait une des pistes cyclables les plus fréquentées au Québec. Il faut ici s’imaginer ce que serait le fait d’avoir accès à Charlevoix en vélo sans avoir à se taper ses côtes. Et avec en plus un paysage exceptionnel le long du fleuve. La ligne de chemin de fer pourrait aussi être abandonnée en Baie-Saint-Paul et La Malbaie afin de la transformer en piste cyclable. Ça serait un beau cadeau à faire aux gens de Charlevoix. Il serait aussi tout à fait possible de joindre à cette piste un sentier de marche.
Daniel Duval
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