Comme de nombreux entrepreneurs, je n’ai pas donné naissance à mon entreprise, je l’ai adoptée. J’ai longtemps eu un malaise avec l’idée que le repreneuriat, surtout familial, peut être perçu comme étant plus facile que de bâtir sa propre entreprise, comme si « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ». Mais, est-ce que les repreneurs vivent vraiment moins de défi?
Très jeune, j’ai dû conseiller de « vrais » entrepreneurs, beaucoup plus expérimentés que moi, à propos de leurs finances personnelles. Je me demandais comment faire pour être perçu d’égal à égal, n’ayant pas suivi le même parcours qu’eux. Je crois qu’un important pourcentage de repreneurs d’entreprises familiales ont déjà vécu ce malaise.
Connaissances et expérience
À la fin de mon parcours scolaire, quand j’ai commencé à travailler dans l’entreprise familiale à l’âge de 22 ans, j’avais toutes les compétences techniques pour être en mesure de bien accompagner la clientèle. Les premières années ont toutefois été difficiles puisque je m’inquiétais constamment de la perception des clients « entrepreneurs » à mon égard. Je sentais que je n’avais pas assez de vécu pour bien comprendre leur réalité. Il me manquait une grosse partie d’expérience pour bonifier mon éducation et celle-ci s’acquiert avec le temps. J’ai décidé d’accélérer le processus!
Un saut dans l’entrepreneuriat
Je me suis donc lancé dans un projet immobilier avec un ami. J’avais soif d’apprentissage et l’envie de débuter un projet à zéro et de le mener à terme. Je voulais une expérience tangible, réelle. Nous nous sommes entourés de professionnels, nous avons traversé le processus d’incorporation et de financement, élaboré le plan d’affaires, réfléchi la mise en marché, puis procédé à la construction et à la vente.
Ce projet fut déficitaire financièrement, mais ô combien payant en termes d’expérience! À 24 ans, j’ai appris ce que ça faisait de mettre sa propre maison en garantie et croisé les doigts pour que tout fonctionne comme prévu. J’étais enfin en mesure de mieux comprendre mes clients et de les conseiller avec assurance dans leurs projets de démarrage d’entreprise et d’affaires. J’ai surtout appris que la seule façon de me débarrasser de mon syndrome de l’imposteur était de devenir meilleur.
J’ai donc continué à faire des projets en plus de mon travail quotidien. J’aime mener à terme des projets tangibles, négocier, acheter, vendre. C’est devenu un hobby, au grand désarroi de mon père d’ailleurs, qui n’a pour sa part jamais eu l’envie ni le besoin de prendre ce genre de risque en dehors de son entreprise principale. Il est un entrepreneur établi qui a démarré son entreprise et a su la faire croître. Il n’a jamais eu besoin de prouver à qui que ce soit ce qu’il était. Ça fait toute la différence du monde!
Ce syndrome de l’imposteur que j’ai ressenti en début de carrière m’a finalement beaucoup aidé. Il m’a motivé à oser me mettre en danger, m’a fourni le carburant nécessaire pour sortir de ma zone de confort et poussé à vivre exactement ce qu’un entrepreneur expérimente au quotidien. Peu importe le type d’entreprise dans lequel vous évoluez, je crois que le manque de confiance peut se régler par une surdose de compétences et que celles-ci s’acquièrent par l’entremise des études académiques et de l’expérience.
Les défis de la croissance et des changements organisationnels
J’ai pris les rênes de l’entreprise familiale à 100% en décembre 2017, à l’âge de 34 ans. À ce moment, j’étais prêt à relever le défi grâce à la confiance gagnée pendant mes 12 années de pratique, mais j’étais loin de me douter que de devenir le patron amène son lot de tracas !!
Rares sont les repreneurs qui ne veulent pas faire évoluer leur entreprise. Dès ma première année en tant que propriétaire, j’ai procédé à des remaniements importants. Vous devinerez que tout changement amène ses défis, surtout quand c’est un nouveau propriétaire qui l’apporte. Déléguer des tâches à des employés ayant plus d’ancienneté que soi, quand on est « le fils de », et nouveau propriétaire, c’est délicat. Démarrer une entreprise c’est une chose, mais savoir la faire évoluer pour qu’elle demeure performante et à l’avant-garde, ce n’est pas si simple. Quand « l’entrepreneur » arrive à rallier les gens en place, les clients et les partenaires à sa vision, la satisfaction est grande.
Les heures de bureau le dimanche matin pour avancer le travail du lundi, les nuits d’insomnie à appréhender le lendemain, les vacances en famille où le bureau occupe les pensées et desquelles on revient avec des tonnes d’idées, l’euphorie des succès, l’angoisse des mois difficiles où les affaires n’avancent pas au rythme souhaité, les décisions difficiles à prendre, les papillons dans l’estomac qui précèdent la rencontre d’un client avec qui l’on souhaite ardemment collaborer, la déception ressentie quand les décisions prises ne donnent pas les résultats escomptés, le sentiment de rejet quand un employé quitte de manière inattendue, apprendre à dire non, chercher des solutions à des problèmes et avoir l’impression que personne ne peut nous aider. Est-ce que les repreneurs vivent moins de casse-têtes? J’en doute. Surtout considérant que l’attachement du repreneur pour son entreprise devient aussi grand que celui de son fondateur.
Accompagner les repreneurs
Avec ce que j’ai vécu dans les 20 dernières années, pas pour rien que ce que je préfère le plus dans mon travail c’est d’accompagner les vendeurs et les repreneurs dans leur processus de transfert. Je reconnais maintenant que je peux leur apporter une valeur ajoutée importante sur le plan grâce à mes expériences professionnelles et entrepreneuriales et à mon parcours académique.
Les exemples de transferts d’entreprises réussis dans Charlevoix sont nombreux. Tous ces repreneurs peuvent être fiers de leur travail. Ce sont des entrepreneurs à part entière et je leur souhaite de triompher dans la gloire et savourer pleinement leurs réussites et leur succès!
Exergue au besoin (qu’on peut intégrer dans la photo)
Peu importe le type d’entreprise dans lequel vous évoluez, je crois que le manque de confiance peut se régler par une surdose de compétences et que celles-ci s’acquièrent par l’entremise des études académiques et de l’expérience.
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