L’art de l’étiquette

Par François Kearney 10:00 AM - 1 janvier 2025
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Maximaliste, rigolote ou sobre, l’étiquette de tous ces petits boires qui nous font de l’œil a une mission claire : donner le goût d’aller plus loin! Les microbrasseurs, vignerons et cidriers de Charlevoix l’ont bien compris. Et leurs complices artistes tout autant!

L’art est dans les pommes

Par François Kearney

La cidrerie artisanale Les Travaux et les Jours, aux Éboulements, n’a pas seulement embrassé la beauté de Charlevoix, elle s’est enracinée dans son territoire. En résulte une philosophie cohérente où le bon côtoie le joli avec la nature en toile de fond.

Photo Vanessa Locatelli.

Afin de rendre hommage au cidre qu’ils embouteillent, Jonathan Cloutier et Raphaël N’Guyen ont confié le visuel de leurs produits à des artistes du coin, à commencer par les sœurs Karine et Vanessa Locatelli à qui l’on doit les étiquettes des différentes cuvées. À partir de photos prises par Vanessa, les deux artistes ont ainsi créé cinq illustrations qui se marient à merveille aux saveurs contenues dans chacune des bouteilles. Les cidriers ont laissé le champ libre à Karine et Vanessa qui se sont inspirées de la matière première, les pommes glanées chez l’habitant ou en forêt, pour créer des étiquettes sobres et poétiques, fidèles à la philosophie de l’entreprise.

 « Karine et Vanessa agissent un peu comme nos directrices artistiques », confie Jonathan Cloutier.  Le logo, étampé à la main sur chacune des bouteilles, est l’œuvre d’Élie Comtois, graphiste, mais également proprio de Rose et Lion, autre joyau agroalimentaire des Éboulements.

Une cuvée, une bolée
Chaque cuvée commercialisée par la Cidrerie Les Travaux et les Jours possède sa propre bolée, récipient dans lequel les cidres de Bretagne sont traditionnellement servis. Ainsi, trois céramistes de la région ont créé des bolées s’agençant aux produits de la cidrerie.  Stéphane Bouchard, des Ateliers Charlevoix (Éboulements), a tourné la bolée de Pomme Village et Chloé Lucie Desnouveaux, des Ateliers la Terrière (Saint-Urbain), celle de Pomme Forêt. La bolée associée à Pomme Goélette, la plus récente cuvée conçue à partir de pommes glanées à Saint-Joseph-de-la-Rive est l’œuvre de Laurence Desgagnés, elle-même Rivèroise.

À l’image du contenu

Par Émélie Bernier

Ce n’est pas d’hier que la Famille Migneron de Charlevoix intègre l’art à l’étiquette! Le fromage éponyme est emballé depuis la première meule (en 1994!) par une œuvre du peintre Louis Tremblay. L’image de leur bleu « Ciel de Charlevoix »? Un tableau du maître es horizon Guy Paquet, bien sûr!

« On a voulu perpétuer ça dans notre repreneuriat. Migneron, ce n’est pas juste une marque, c’est un espace de création », explique Madeleine Dufour, la jeune dg de l’entreprise.

Avec l’arrivée de cette relève motivée, la table s’est agrandie pour faire place à une collection de bonnes choses à boire sous le label Charlevoyou.

Le design des étiquettes des bouteilles de vin a été tout naturellement confié à des créateurs d’ici. Pierre Bouchard a posé sa griffe sur celles des cuvées 2021 et 2022 et Trajana (avatar d’une artiste émérite qui préfère cultiver le mystère!), sur celles de 2023. D’autres artistes pourraient s’en mêler dans l’avenir.

« On aime que le visuel serve le nom du projet, Charlevoyou, qui est aux antipodes de la prétention! Et qu’il soit en mouvance, comme nos millésimes. C’est l’avantage de la vigne! Chaque année, on recommence avec de nouveaux vins, alors pourquoi ne pas s’amuser avec ce prétexte-là? », lance Madeleine Dufour.

En résultent des étiquettes aux tonalités franches, à l’image du contenu des bouteilles qu’elles décorent. « Pierre et Trajana ont en commun les couleurs pétantes! Pour moi, ça s’inscrit dans une facture de vin naturel comme ce qu’on fait ici. L’étiquette dit : ceci n’est pas un vin stérilisé de château, il est issu de notre agriculture nordique et biologique! »

Quatre cuvées, et autant d’étiquettes sont produites chaque année. Un clin d’œil au coureur des bois Radisson par se devine sur l’étiquette du rosé Radisson Ste-Croix 2023, signée Trajana.

« Comme le raisin qui porte son nom, il s’est adapté au climat! On est parti de cette idée que faire de la viticulture nordique est une forme de résilience. Si tu mets l’étiquette à plat, tu vois un motif de queue de raton, avec des couleurs vraiment flash! Il y a une forme de poésie dans tout ça! », conclut la digne représentante du clan des Charlevoyous.

Le bestiaire funky de la MicroBrasserie Charlevoix

Par Émélie Bernier

Pionnière de l’univers « microbrassicol » québécois, la MicroBrasserie Charlevoix (MBC) a misé dès sa genèse sur une signature visuelle originale.

« On s’installait à Baie-Saint-Paul, une ville d’artiste! Ça allait de soi de travailler avec des artistes pour nos étiquettes », indiquent Frédérick Tremblay et Caroline Bandulet, copropriétaires.

Screenshot

Le Charlevoisien Denis Reid a signé plusieurs étiquettes. La regrettée Mélissa Deschênes a éclaboussé de ses couleurs flamboyantes la cuvée spéciale « G7 ».

En 2019, Frédérick et Caroline ont lancé un appel à tous. Qui serait le prochain artiste à poser sa griffe sur leurs produits ? « On a reçu presque 150 portfolios parmi lesquels on a choisi trois artistes à qui on a demandé de créer une vache avec des ailes… » Résultat des courses : Pol Turgeon a fait son entrée dans la grande famille MBC.

Pour l’artiste, une collaboration de cet ordre, dans la durée et la liberté, est du bonbon! « C’est un grand privilège que de pouvoir travailler avec un même client sur le long terme! », relate-t-il. Les créatures fantastiques qu’il a mises au monde pour la MBC sont désormais indissociables de la marque.

« Notre objectif était de donner une signature commune à nos produits. À nos débuts, on était très peu à faire de la bière de micro, donc on pouvait se permettre d’avoir des produits aux looks très différents les uns des autres. Maintenant, le client doit reconnaître d’un coup d’œil nos bières parmi des centaines! », explique Frédérick.

Pol Turgeon salue l’audace de ces clients « plus ultra ». « Caroline et Fred ne craignent pas d’aller vers des sentiers non fréquentés et d’offrir à leur clientèle des images vraiment hors normes, souvent déjantées. Ils se démarquent, visuellement parlant, de leurs compétiteurs. Leur folie et ouverture sont aussi des caractéristiques qui rendent la collaboration vraiment agréable! »

Le tandem de la « micro » abonde dans le même sens. « La collaboration avec Pol est géniale! On veut que l’image reflète la personnalité de la bière et il l’a bien compris! »

Cet article a été publié dans le magazine Destination Charlevoix.

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