Yves Desgagnés, metteur en scène sur toile
Yves Desgagnés a décidément plus d’une corde artistique à son arc. On le connaissait comme comédien, metteur en scène et réalisateur, mais depuis qu’il s’est établi dans Charlevoix il y a trois ans, l’artiste peut enfin consacrer du temps à son premier amour : la peinture.
« J’ai toujours voulu devenir artiste peintre, c’était mon désir depuis l’enfance », avoue celui qui exerçait son « petit talent de dessinateur » dès le plus jeune âge. À 16 ans, il décide de tenter sa chance à l’École des beaux-arts de Montréal, « une petite institution, mais avec des maîtres exceptionnels ».
Le jeune homme originaire des Éboulements frappe alors un mur : « l’École est beaux-arts fermait, puis ils étaient maintenant enseignés à l’UQÀM (Université du Québec à Montréal). Je n’avais pas envie d’aller dans une grande université. »
Le destin va alors jouer un drôle de tour au jeune Desgagnés. « Une de mes amies a dit “je me présente à l’École nationale de théâtre (du Canada). Ils donnent des ateliers de décors et costumes.” Je me suis dit “parfait, je vais me satisfaire”. Elle dit “je rentre comme actrice, veux-tu me donner la réplique?” »
Yves Desgagnés accepte et, lors de l’audition, se fait dire par le jury « “si vous voulez vous présenter jeune homme, on va vous accepter”. J’ai dit “pourquoi pas!” Et j’ai fait toute ma vie dans le théâtre. »
L’apprenti comédien termine sa formation à 20 ans, enseigne l’interprétation dès l’année suivante, mais n’oublie pas pour autant la scénographie, qu’il va finalement enseigner dans la même école. « Je me suis tout de suite intéressé à la mise en scène parce que c’était pour moi une manière de faire de la peinture en trois dimensions : la lumière, les décors, les costumes… ».
S’il n’utilisait pas un pinceau, Yves Desgagnés se servait tout de même de la peinture pour créer. « J’ai fait plus de 80 mises en scène et toutes mes mises en scène partent d’œuvres de peintres. Toutes », prend-il la peine d’insister.
« C’est toujours la même technique », nous livre l’homme de théâtre. « Quand je monte un auteur, peu importe l’époque, je vais voir quels étaient les peintres contemporains à cet auteur. Tu te rends compte en montant une pièce d’Anton Tchekhov que, en 1888, c’était les impressionnistes et qu’il écrivait comme les autres peignaient. Les arts se font écho. »
Retour aux sources
Arrive la pandémie en 2020, « la fameuse pandémie qui a changé beaucoup de choses à beaucoup de monde » et l’annulation, trois fois plus tôt qu’une, de l’une des pièces mise en scène par Yves Desgagnés. « Alors j’ai dit f…, je m’en vais là où je suis né », laisse-t-il tomber avec le sourire.
Il acquière la maison de son enfance et se remet à peindre, sur de vraies toiles cette fois-ci. « Je peins uniquement à l’huile, donc c’est tout un autre rythme. Des fois je fais deux, trois tableaux en même temps parce que j’attends trois, quatre jours avant d’appliquer une nouvelle couche, mais j’aime la transparence, la finesse de ça. »
De l’abstrait au cubisme, de l’hyperréalisme au pop art, l’artiste ne se cantonne pas dans un style particulier. « Je ne cherche pas de style, je fais ce que j’ai envie et c’est aux autres de décider si j’ai du style ou pas », dit-il en riant.
Les sujets sont aussi diversifiés, allant de modèles nus à son grand-père marin, au côté de son bateau, rappelant les racines de cet enfant de Charlevoix. « Je suis heureux ici, j’aime la nature, j’ai une vue spectaculaire et je retrouve, comme le saumon, la maison où je suis né », se plait à dire Yves Desgagnés.
On peut actuellement voir quelques unes de ces peintures à la Galerie Québec Art, à Québec, et au restaurant Le Sainti, à Saint-Irénée. « C’est quatre tableaux inspirés de la rive qui était en face de ce restaurant-là », précise le peintre.
Même s’il consacre enfin du temps à la peinture, Yves Desgagnés n’a pas délaissé pour autant son amour du théâtre. Il ne manque pas de projets, d’écriture notamment, et bien sûr celui de monter une salle de spectacle à l’italienne aux Éboulements.
L’heure de la retraite ne sonnera pas de sitôt pour le créateur dans la soixantaine. « Je me demande encore ce que je vais faire quand je vais être grand », conclut-il avec humour.
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