Un souhait pour Noël

Par Lise Lapointe 4:00 PM - 24 décembre 2024
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La parade du Père Noël à Saint-Aimé-des-Lacs, un succès et une tradition de toute une collectivité. Photo Jean-Baptiste Levêque

Depuis quelques semaines déjà, la grand-maman de Jade, le nez dans les livres de recettes, avait sélectionné les fabuleux plats qu’elle s’apprêtait à concocter pour le temps des Fêtes. Comme à l’habitude, Jade attendait ce moment avec impatience.

Juchée sur les marches de l’escalier, elle observait silencieusement le rituel où sa grand-mère transformait la cuisine en un étrange laboratoire.

Une fois cuisinés, les doux parfums des plats chauds embaumaient la pièce.

Chaussons à la viande, oie farcie, pouding chômeur, tarte à la farlouche et gâteau des anges sortaient du four sous le regard émerveillé de Jade. Tout avait l’odeur du bonheur pour elle et le chat Chatouille, ronronnant dans ses bras.

Et puis grand-maman Emma faisait signe à Jade de descendre de son perchoir pour un bon chocolat chaud étant donné que c’était l’heure de l’histoire.

Dès la première gorgée du nectar réconfortant, Jade attendait fébrile ce que sa grand-maman allait bien pouvoir lui raconter. L’histoire commençait immanquablement par ces quatre mots : il était une fois…

Il était une fois dans un petit village blotti au cœur des montagnes, des habitants qui s’affairaient aux dernières tâches avant la grande parade. Cet événement, précédant la fête de Noël, venait chaque année teinter l’atmosphère du village bien aimé. Tous participaient aux préparatifs. Plusieurs villageois décoraient leurs maisonnettes de couleurs scintillantes pour qu’elles brillent dans la nuit. D’autres traçaient sur le lac gelé un large chemin pour les sorties en patins. D’autres encore préparaient des feux de joie qu’ils allumeraient le soir venu animant ainsi le parcours du père Noël.

Le joyeux bonhomme avait choisi l’endroit en raison des montagnes, dont les cimes, au loin, indiquaient, comme l’aurait fait un baromètre, le temps qu’il ferait. De toutes les montagnes à l’horizon, il y avait celle toute spéciale de la grande dame, couchée sur le dos, dont la chevelure annonçait les premières neiges. On ne pouvait s’y tromper, lorsque la chevelure de la dame tournait au blanc, on savait que la neige était à nos portes. On raconte même que pendant la nuit précédant la première tempête ce serait la dame qui, interrompant son sommeil, allait déposer sans bruit son manteau blanc sur le village endormi. Bordés ainsi par la dame des montagnes, les villageois au réveil étaient réconfortés et assurés de passer un doux hiver.

Mais voilà qu’à l’approche de Noël, la chevelure de la dame revêtait toujours ses airs de jeunesse. Aucun cheveu blanc à l’horizon. Ce qui avait tôt fait d’inquiéter la mère Noël et les lutins. Même Frileux qui n’aimait pas particulièrement l’hiver, souhaitait un peu de froid. « On n’ira toujours bien pas se baigner en janvier », disait-il. Le père Noël quant à lui restait confiant. D’ailleurs, ce jour-là, il devait passer rendre visite à ses rennes. Il n’était pas inquiet sachant que Monsieur La Voix en prenait bien soin.  Au cœur d’une cédrière, le troupeau heureux broutait les meilleurs fourrages au son de Monsieur La Voix leur fredonnant des airs venus tout droit de la Laponie.

– « Bonjour père Noël, êtes-vous prêt pour la parade », mentionne le bon monsieur ?

– « Bonjour l’ami. Hé oui, le travail va bon train et le lutin Isabo s’affaire à envelopper les derniers cadeaux. En tout cas, mes rennes sont prêts pour le voyage on dirait. »

« Jupiter! » S’exclame le père Noël, « Ce qu’il est beau et fringuant celui-là! Et Rudolphe a déjà le nez rouge. Ho! Ho! Ho! Il n’y a pas à dire, c’est bien parti. Tout le village est illuminé, les enfants sont impatients et j’ai hâte, tellement hâte de voir leurs sourires » ajouta le père Noël qui s’en retourna après avoir salué le gardien des rennes.

Sur le chemin du retour, le père Noël, songeur, en regardant les montagnes, se tracassait tout de même un peu pour la neige qui tardait.

Il savait que Grincheux qui trouvait toujours à redire criait à qui veut l’entendre que la parade n’aurait pas lieu à cause de gros trous dans le chemin. « Il n’y a pas de neige pour les boucher comment voulez-vous que le chariot du père Noël réussisse à passer » disait Grincheux. « Même le carrosse de Cendrillon ne passerait pas, pas plus que celui de la Fée Carabosse d’ailleurs si elle en avait un » ajoutait-il tout enflammé.

De retour à la maison, le bon père Noël soudain eut une idée.

Sous l’effet réconfortant du chocolat chaud, Jade s’endormit doucement sur ces dernières paroles du récit de grand-maman Emma.

Dans le rêve, Jade se trouvait au même petit village du conte de sa grand-maman. Les maisonnettes colorées, les villageois qui les décoraient, le petit lac et les cimes des montagnes au loin. Tout était là. Même le père Noël, debout, sur le pas de la porte de sa maison.

« Bonjour, Emma, je t’attendais justement », lui dit-il. Jade silencieuse lui sourit juste avant que le père Noël lui souffle à l’oreille un secret. Jade hocha de la tête pour dire qu’elle était d’accord et souffla à son tour le secret dans le creux de sa petite main afin que le vent l’emporte au loin. Puis le secret s’envola haut, très haut dans l’univers. À cet instant, Jade comprit qu’elle était venue, dans son sommeil, aider le père Noël qui l’invita à entrer dans sa maison où elle fit connaissance avec mère Noël, la fée des glaces, et les lutins.

Une fois que la brunante eu laissée la place à l’obscurité, le vent du nord-est se leva et réveilla la grande dame des montagnes dont la chevelure était devenue argentée. Au cœur de la nuit froide, elle enveloppa alors tendrement le petit village endormi de son beau manteau blanc.

Au matin, le vent avait cessé et le secret comme un souhait, semblait s’être réalisé. Au loin, vers la cime des montagnes, la grande dame était allongée à sa place comme à l’habitude, à l’exception de sa longue chevelure qui s’était éclaircie.

De la fenêtre on pouvait voir les jolis flocons qui tombaient doucement sur les villageois heureux. Il n’y avait plus de doute pour personne, même pour Grincheux. Cette nuit, le chariot du père Noël glisserait sans peine sur le chemin enneigé du petit village bien aimé pour une nuit magique.

Jade entrouvrit les yeux tout en caressant Chatouille et dit : « ne t’en fais pas Grand-maman ton histoire finie bien ». « Comment cela », lui dit-elle ?  Devant un petit morceau de tarte à la farlouche qu’Emma venait de lui servir, Jade lui raconta à son tour une jolie histoire. Celle d’une nuit merveilleuse, au village du père Noël et qui débutait par quatre petits mots : Il était une fois…

En hommage à tous les bénévoles de la parade du père Noël de Saint-Aimé-des-Lacs qui, depuis 16 ans, organisent la plus belle histoire qui soit, celle qui fait rêver les enfants.

Joyeux Noël à tous!

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