Trudeau rencontrera les premiers ministres pour discuter des tarifs de Trump
Le premier ministre du Canada Justin Trudeau convoquera une réunion avec les premiers ministres des provinces pour adopter une réponse «Équipe Canada» à la menace de Donald Trump d’imposer de lourds tarifs sur les importations canadiennes et mexicaines.
«On doit travailler ensemble pour défendre les intérêts des Canadiens, a-t-il soutenu. On a déjà fait ça, on peut faire ça et on va le faire de façon responsable», a-t-il déclaré à son arrivée au Parlement, mardi matin.
La rencontre sera virtuelle et aura lieu mercredi à 17 h, a indiqué une source gouvernementale fédérale.
M. Trudeau a déclaré qu’il avait eu «un bon appel» avec le président désigné des États-Unis, lundi soir, soulignant les «relations positives» entre les deux pays.
Donald Trump venait d’annoncer qu’il imposera dès son entrée en fonction le 20 janvier des tarifs douaniers de 25 % sur tous les produits entrants aux États-Unis depuis le Canada et le Mexique dans le cadre de ses efforts pour lutter contre l’immigration illégale et la drogue.
Il s’est plaint que «des milliers de personnes affluent par le Mexique et le Canada, amenant la criminalité et la drogue à des niveaux jamais vus auparavant».
Le premier ministre Trudeau s’est également entretenu avec ses homologues de l’Ontario, Doug Ford, et du Québec, François Legault.
M. Ford, qui préside le Conseil de la fédération, avait écrit à M. Trudeau pour demander une réunion urgente afin de discuter d’une approche unifiée sur tous les enjeux, du commerce et de la sécurité des frontières à l’énergie, à la défense et en passant par les chaînes d’approvisionnement transfrontalières.
Éviter «les amalgames»
Tour à tour, les ministres qui arrivaient à la réunion du cabinet mardi matin ont plaidé que les préoccupations de M. Trump ne sont pas fondées, tout en jugeant que sa menace ne doive pas être prise à la légère.
Le ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne, a appelé à «éviter de faire des amalgames» entre les frontières du Mexique et du Canada.
M. Champagne a insisté sur le fait que des forces de l’ordre sont présentes à la frontière. Il a du même souffle reconnu que le Canada et les États-Unis ont «un intérêt commun (…) à arrêter ce trafic-là qu’on peut constater», sans toutefois préciser sa pensée.
Son collègue ministre de l’Immigration, Marc Miller, a plaidé que les enjeux migratoires survenant en une année entière à la frontière Canada américaine est «l’équivalent d’un week-end important à la frontière mexicaine». Il a signalé avoir lui aussi «des revendications» quant à la manière dont les Américains gèrent leurs propres frontières.
Quant aux menaces de tarifs, M. Miller appelle à les prendre au «sérieux», même si cela pourrait être un prétexte pour négocier. «Un tarif de 25 %, ça a la capacité de faire du mal au Canada. Ça va faire du mal aux Américains, a-t-il dit. Avec nos économies qui sont intégrées, ils vont se tirer dans le pied, puis à répétition d’ailleurs.»
Le ministre du Logement, Sean Fraser, a pour sa part expliqué qu’à l’heure actuelle, le gouvernement canadien travaille à «tendre la main» à ses contacts aux États-Unis.
«Les Canadiens et les Américains des deux côtés de la frontière veulent s’assurer d’avoir des frontières renforcées qui favorisent l’intégrité, mais qui permettent également la libre circulation des personnes qui alimentent notre économie, ainsi que le commerce entre les entreprises des deux côtés de la frontière», a-t-il expliqué.
Dans une déclaration écrite, la présidente de la Chambre de commerce du Canada, Candace Laing, a jugé que d’être «le bon voisin» des États-Unis ne mènera le Canada «nulle part» dans cette situation.
«L’approche emblématique du Canada doit évoluer: nous devons être prêts à encaisser quelques coups si nous voulons défendre notre position. Il est temps d’échanger “désolé” par “désolé, mais pas désolé”», soutient-elle.
Les tarifs de 25 % que le président élu compte imposer signalent que la relation canado-américaine pivote vers une relation «de gagnants et de perdants» ou, pour M. Trump, le Canada est du côté des perdants.
– Avec des informations d’Émilie Bergeron
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